Huile essentielle : définition, liste, mode d'emploi, contre-indications
Les huiles essentielles sont hautement concentrées en actifs de plantes. Utilisées avec justesse et précautions, elles sont incontournables pour soulager mal de gorge, brûlure, douleur dentaire, rhume... Apprenez à les choisir et à vous soigner sans risque avec l'aromathérapie.
Qu'est-ce qu'une huile essentielle ?
"Contrairement à son nom, l'huile essentielle (HE) ne contient aucun corps gras. Elle est le résultat de la distillation des plantes aromatiques à la vapeur d'eau. Cette méthode d'extraction concentre les molécules aromatiques volatiles de la plante fraîche et ses principes actifs. Les vapeurs refroidissent et retournent à l'état liquide en se divisant en deux phases non miscibles : l'eau de la distillation (hydrolat) et l'huile essentielle. Une concentration qui confère à cette dernière son efficacité à petite dose" explique Julien Kaibeck, aromathérapeute.
L'huile essentielle peut être extraite : des feuilles, des racines, des fleurs, ou encore des écorces et des tiges de la plante ou de l'arbre. D'un point de vue scientifique, les huiles essentielles sont des composés organiques riches de nombreuses molécules comme des terpènes, des phénols, des terpénols, des esters terpéniques...
Voie d'administration
Les huiles essentielles peuvent se prendre de différentes façons selon l'objectif du traitement. Lorsqu'elles sont inhalées ou avalées, les huiles essentielles pénètrent rapidement les organes, tandis que lorsqu'elles sont appliquées sur la peau, elles s'introduisent dans le sang plus lentement. Les modes d'administration des huiles essentielles sont les suivants :
- voie transcutanée (sur la peau),
- voie orale (dans la bouche),
- voie rectale (suppositoires).
- en diffusion atmosphérique
"Son étiquette doit comporter le nom scientifique de la plante dont elle est extraite."
Qualité, composition : comment choisir une huile essentielle ?
"La qualité thérapeutique d'une huile essentielle repose sur l'origine de la plante, son mode de culture et de récolte (en bio par exemple), et la méthode d'extraction utilisée. Une huile essentielle de qualité est 100 % pure et naturelle, non mélangée à des parfums, des molécules de synthèse. Son étiquette doit comporter le nom scientifique de la plante dont elle est extraite – son nom botanique en latin -, son origine géographique" détaille l'aromathérapeute, mais aussi la date de distillation et celle de la limite d'utilisation optimale.
- Pour connaître les propriétés d'une huile essentielle : "Il faut se référer à son chémotype (CT), soit sa composition biochimique (analyse réalisée en laboratoire) qui permet de garantir son action et son efficacité. Les espèces ou variétés différentes d'une plante donnent des huiles tout aussi différentes. La partie de la plante utilisée est également déterminante dans la composition de l'HE et donc dans ses effets. Ainsi par exemple, il est important de savoir différencier un thym chémotypé à thujanol (doux et simple d'utilisation), et un thym à thymol ou carvacrol (très puissant et dangereux dans un mauvais usage)" explique l'aromathérapeute.
- Une HE se choisit en fonction de l'affection à traiter, de l'âge de la personne et de son état de santé. Une même huile ou recette ne peut convenir à tous. "Les femmes enceintes et les enfants par exemple ne peuvent en utiliser que quelques-unes et dans une quantité moindre. La première question à se poser est donc "Qui va utiliser la préparation ?". Puis "Quelle préparation et quel dosage ?". Et enfin "Quel mode d'utilisation ?"" précise l'aromathérapeute.
Quelles sont les huiles essentielles indispensables ?
Quelle huile essentielle pour quels maux ?
Rhume, bronchite
"Beaucoup d'huiles essentielles (HE) sont capables de limiter le développement d'infections bactériennes, explique l'aromathérapeute, mais elles sont contraignantes pour le foie ou la peau. Il est préférable d'utiliser une HE moins puissante mais également active contre les virus, l'HE de ravintsara (Cinnamomum camphora) qui combine la présence d'oxydes et d'alcools terpéniques."
En friction : "Dès les premiers signes de refroidissement, frictionner chaque matin sur les avant-bras 4 gouttes d'HE de ravintsara pure, en alternance avec le dessus des pieds, pendant 3 ou 4 jours" préconise l'aromathérapeute. "Si je suis malade, il est préférable de consulter. En cas d'affections virales, une friction de 12 gouttes d'HE de ravintasara le long de la colonne vertébral matin et soir, pendant 3 jours, avec du repos, permet de repartir du bon pied. Cette recette convient à un adulte de plus de 70 kg, non asthmatique et non épileptique, et non enceinte. En dessous de ce poids, utiliser seulement 8 à 10 gouttes sur le dos, et seulement 2 sur les avant-bras. Pour les enfants de 6 à 12 ans, utiliser l'HE diluée à part égales dans de l'huile végétale (olive par exemple)" recommande Julien Kaibeck.
En inhalation : 2 gouttes d'HE de bois de Hô (anti-infectieuse, antibactérienne, antivirale) + 2 gouttes d'HE de ravintsara (antivirale) + 2 gouttes d'HE de niaouli ou de cajeput (expectorante, antibactérienne, antivirale) ou d'eucalyptus mentholé (mucolytique). Remplir un bol avec de l'eau bouillante, ajouter le mélange des HE, placer le visage au-dessus du bol avec une serviette sur la tête et inhaler les vapeurs pendant 5 min. Reportez-vous toujours aux précautions d'emploi avant d'utiliser une huile essentielle.
Toux et maux de gorge
"En cas de toux plutôt sèche, prendre 1 goutte d'HE de thym à thujanol (Thymus vulgaris CT thujanol) - antiseptique et apaisante - dans 1 cuillère à café de miel, et laisser fondre en fond de bouche avant d'avaler. A faire 3 fois par jour, jusqu'à amélioration, conseille l'aromathérapeute. Si la toux est très sèche, opter pour le même geste mais avec de l'HE de cyprès dont la composition permet de " lubrifier " les parois de la gorge. En revanche, si la toux est grasse, utiliser l'HE de thym ou d'inule odorante dans 1 cuillère à café d'huile d'olive. A partir de 6 ans, et interdite aux femmes enceintes, allaitantes, aux asthmatiques, qui la remplace par de l'essence de citron."
Tendinite
La douleur d'une tendinite est souvent en lien avec l'inflammation. Comme pour les douleurs articulaires ou musculaires, l'huile essentielle de gaulthérie couchée au chémotype de salycate de méthyle sera la plus puissante, préconise l'aromathérapeute. Cet ester explique son action anti-inflammatoire, antalgique et antirhumatismale. Verser dans la paume de la main 1 cuillère à café d'huile d'arnica, ajouter 3 gouttes d'HE de gaulthérie (Gaultheria procumbens ou fragrantissima), masser doucement la zone jusqu'à pénétration du mélange. Recommencer 3 fois, toutes les 2 heures. Si la douleur persiste plus de 48h, consulter un médecin. Ne convient pas aux femmes enceintes durant le trois premiers mois de grossesse, ni aux enfants de moins de 6 ans, et aux personnes sous traitement anticoagulant ou allergique à l'aspirine.
Verrues
Les HE contre les verrues sont toutes dermocaustiques. Leur utilisation doit être précise, uniquement appliquée sur la verrue, sans déborder, à l'aide d'un bâtonnet en bois. 1 goutte d'HE de cannelle de Ceylan écorce, ou de cannelle de chine, ou d'origan compact, ou d'origan vert, ou de sarriette des montagnes, 1 à 2 fois par jour jusqu'à disparition. Déconseillées aux femmes enceintes, allaitantes et aux enfants.
Eczéma
"Une fois le diagnostic d'eczéma posé par un dermatologue (il existe différents types d'eczéma), il faut suivre les recommandations du médecin" avertit l'aromathérapeute. L'huile essentielle d'encens vient en soulagement. "Verser 25 ml d'huile de bourrache dans 220 ml de gel d'aloe vera, ajouter 50 gouttes d'HE d'encens (Boswellia carterii). Emulsionner le tout avant de laisser reposer 12 heures au frais. Agiter pour obtenir une texture oléogel - soit un gel blanchi - avant chaque utilisation, matin et soir sur les zones à hydrater. Cette recette convient à tous, dès 6 mois."
Carie, douleur dentaire, abcès
Appliquer du bout du doigt 1 goutte d'HE de clou de girofle pure au niveau de la zone douloureuse. Cette HE anti-douleur a un effet anesthésiant local, en attendant de consulter un dentiste au plus vite.
Otites
Les HE recommandées en cas d'otite ne sont pas à appliquer dans le pavillon mais sur le pourtour externe de l'oreille et diluées dans une huile végétale. Diluer soit 2 gouttes d'HE d'eucalyptus mentholé (CT pipéritone, alpha-phellandrène) dans 4 gouttes d'huile végétale de macadamia, ou 2 gouttes d'HE marjolaine à thujanol dans 5 gouttes d'huile d'abricot, appliquer 4 à 6 fois par jour, pendant quelques jours et consulter rapidement s'il n'y a aucune amélioration. Déconseillées chez les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants de moins de 6 ans.
Brûlures
"Immédiatement après une brûlure au premier ou second degré léger, faire couler une eau à 15°, en positionnant la partie lésée à 15 cm du jet d'eau, et ce durant 15 min (la règle des trois 15)", explique Julien Kaibeck, aromathérapeute. Appliquer ensuite un gel d'aloe vera mélangé avec de l'huile essentielle (HE) de lavande aspic (Lavandula latifolia ou spica) – à l'effet antalgique, anti-infectieux et anti-inflammatoire, qui va soulager la douleur et améliorer la cicatrisation -, à raison de 2 gouttes d'HE pour 1 cuillère à café de gel. "Répéter l'application toutes les heures pendant 3 heures, et c'est fini ! Si une cloque se forme, la laisser. Si elle se perce, la désinfecter avec une compresse imbibée d'hydrolat de lavande aspic ou de lavande vraie, puis appliquer de nouveau le gel avec l'HE." L'aromathérapeute déconseille cette HE aux enfants en-dessous de 6 ans, et aux femmes enceintes et allaitantes. Elle peut être remplacée par l'HE de lavande vraie ou fine (Lavendula angustifolia).
Précautions et contre-indications
Les huiles essentielles ne sont pas sans danger. Astrig Heratchian, naturopathe et Julien Kaibeck, aromathérapeute, donnent les conseils suivants :
- Les HE ne font pas bon ménage avec l'exposition au soleil. "Il s'agit surtout des HE d'agrumes (bergamote, citron, mandarine, orange, pamplemousse) qui sont photosensibilisantes jusqu'à 12 heures après une application sur la peau."
- L'usage des HE doit respecter strictement l'indication et les recommandations d'usages.
Les HE à phénols sont toxiques pour le foie, dermocaustiques (irritantes de la peau), hypertensives et augmentent la température interne du corps : HE de girofle, de cannelle, de sarriette des montagnes, d'origan, de thyms chémotypés thymol et carvacrol, de la muscade, de l'ajowan ou du serpolet. Les HE à cétones sont toxiques pour les cellules nerveuses, abortives (provoquent des contractions utérines), convulsivantes, épileptisantes : HE de lavande aspic, lavande stoechade, sauge officinale, cèdre, thuya, romarin chémotypé verbénone, toutes les menthes, armoise, vétiver, aneth, fenouil, hélichryse italienne... |
- "L'usage des HE est déconseillé pour les enfants de moins de 3 ans. Il existe aussi des restrictions pour les femmes enceintes et allaitantes, les personnes allergiques ou souffrant de certaines maladies, ou encore sous traitement."
- Évitez le contact avec les yeux. En cas de contact accidentel, rincer l'œil avec une huile végétale (tournesol par exemple). L'eau est inefficace pour éliminer les HE.
- La dose conditionne le danger. Se masser la peau avec une huile de beauté dosée à 0,1 % d'HE n'est pas plus dangereux que de se masser avec une crème cosmétique conventionnel. "En revanche, se masser tout le corps avec une huile de beauté dosée à 50 % d'HE – comme la cannelle – peut être fatal pour la peau" détaille l'aromathérapeute.
Comment utiliser les huiles essentielles ?
Où acheter ses huiles essentielles ?
Pour être sûre d'acheter des huiles essentielles de qualité, le plus simple est de se rendre en pharmacie. Certains magasins bio vendent aussi des huiles essentielles ainsi que certains magasins spécialisés dans le bien-être (type Nature et Découvertes). Méfiez-vous des huiles dites "essentielles" vendues sur les marchés.
Merci à Julien Kaibeck, auteur de "Mieux avec les huiles essentielles" (Editions Leduc.s) et Astrig Heratchian, auteur de "ABC de la naturopathie" (Editions Grancher).