Thermalisme : définition, en France, histoire, cure...

Le thermalisme est l'utilisation des eaux thermales pour soigner, accompagner ou prévenir des maladies. Du haut de ses 2000 ans d'usage thérapeutique, elle a démontré son efficacité face aux maladies chroniques et pour améliorer la qualité de vie. Quels sont tous ses bienfaits ? Où sont les stations thermales ? Quels chiffres en France ? Tout savoir.

Thermalisme : définition, en France, histoire, cure...
© PR Image Factory-123RF

Quelle est la définition du thermalisme ?

Le thermalisme est l'utilisation des eaux thermales à visée curative et préventive des maladies. Les soins thermaux (bains, douches à jets, massages...) constituent le cœur d'une cure thermale, complétés par une éducation thérapeutique pour "aider le patient à acquérir ou maintenir les compétences dont il a besoin pour gérer au mieux sa vie avec une maladie chronique" (rapport de l'OMS en 1196). Une cure thermale est prescrite par un médecin, généraliste ou spécialiste, en alternative aux médicaments où à une autre prise en charge médicale, même si elle peut également être envisagée en complément de traitements "classiques". La cure dure 21 jours, dont 18 jours de soins, nécessaires pour bénéficier pleinement des effets du traitement. Les échanges entre le curiste, le médecin thermal, les équipes de soins (kiné, diététicien, sophrologue...) participent à la sensibilisation et la prévention pour permettre au curiste d'apprendre à mieux vivre avec sa maladie, ou à guérir lorsque cela est possible. La médecine thermale concentre ainsi toutes ses attentions sur la personne, dans une approche globale pour lui prodiguer des soins adaptés à ses besoins.

Quelle est l'histoire du thermalisme ?

Les premières utilisations de l'eau thermale remonteraient au Ve siècle avant notre ère, en Grèce, par Hippocrate, considéré comme le père de la médecine. Les sources froides (de 10 à 20 °C au griffon) ont été conseillées aux athlètes, pour récupérer de leurs efforts physiques, tandis que les sources chaudes ont été utilisées dans un but relaxant. Sous l'influence hellénique, les Romains suivent l'engouement des Grecs pour le bain, et construisent les premiers thermae (du latin thermos, chaud). Les populations y accourent pour se soigner, et se délasser. Les Romains étendent la culture des bains en Gaulle, au fur et à mesure de leurs conquêtes. Ils installent les premiers établissements de bains entre le Ier et le IIIe siècle. Un certain nombre de ces thermes est encore "debout" aujourd'hui : les thermes d'Aix-les-Bains, Bagnères-de-Bigorre, Dax, le Mont-Dore, Néris-les-Bains, Royat ou encore Vichy, sont des établissements thermaux Antiques historiques, dans lesquels sont toujours pratiqués les bains. Les autres thermae ont été détruits lors du déclin de l'Empire romain d'Occident. La Renaissance marque les débuts de la médecine thermale, en permettant un usage thérapeutique des eaux. Les sources sont classées selon leurs propriétés thérapeutiques, leurs vertus et leurs usages. La qualité de leurs eaux est analysée, et à chacune est attribuée des propriétés. De nombreux établissements thermaux sont alors construits, et dans les années 1880, les enseignants et les étudiants de médecine vont "aux eaux" dans le but d'apprendre à prescrire une cure. Le secteur thermal se développe. A partir de 1910, toutes les communes qui possèdent une source minérale, ont l'autorisation de créer une station thermale. 770 sources sont répertoriées en France, et aujourd'hui, 110 stations thermales sont en activité. Le nombre d'établissements est allé croissant jusqu'à la crise de 1929, et la Seconde Guerre mondiale qui ébranlent ces lieux et les consacrent aux militaires et aux soldats. Il faut attendre la création de la Sécurité sociale, en 1945, et la reconnaissance officielle du thermalisme en tant que thérapie en 1947, pour que soit pris en charge certains soins thermaux, et une partie ou la totalité des dépenses de la cure, pour que le thermalisme reprenne sa place dans le parcours médical. La cure thermale est accessible à tous, du moment qu'elle est prescrite par un médecin et réalisée sous contrôle médical.

Quels sont les chiffres du thermalisme en France ?

En France, plus de 580 000 personnes suivent chaque année une cure thermale. "La progression est de 2,5 % par an depuis dix ans, précise Claude-Eugène Bouvier, délégué général du CNETh (Conseil national des exploitants thermaux). La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a fait chuter de 40% la fréquentation en 2020, comparativement à l'année précédente. Depuis la réouverture des établissements thermaux le 19 mai 2021, environ 350 000 curistes ont été accueillis en 2020". La France compte 770 sources d'eaux thermales dont 400 sont exploitées pour leur vertus thérapeutiques reconnues par l'Académie de Médecine. Leurs vertus thérapeutiques ont été démontrées dans 18 études cliniques, à ce jour, dont 11 ont été publiées dans des revues internationales.

Combien de centre de thermalisme en France ?

Il existe 110 établissements thermaux en France. Ils sont situés majoritairement en région Auvergne-Rhône-Alpes, et en Occitanie, mais aussi en Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, dans le Grand-Est, en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Quelques stations sont situées en Normandie, dans les Hauts-de-France, en Ile-de-France, en Corse, et sur l'île de La Réunion.

Dans quelles indications ?

La médecine thermale est reconnue pour contribuer à la prise en charge des affections chroniques, des addictions, et peut accompagner le vieillissement, dans un rôle préventif, et dans le cadre d'une cure dont la durée est fixée à 21 jours par an. Des cures de plus courtes durées peuvent être envisagées. Dans ce cas, elles ne sont pas prescrites, ni remboursées. Elles sont au choix du curiste. En revanche, les cures thermales conventionnées de 21 jours sont prises en charge par l'Assurance maladie lorsqu'elles sont prescrites par un médecin, traitant ou spécialiste, dans le cadre de l'une des douze grandes orientations, ou domaines thérapeutiques ayant démontré son efficacité, et définis par la Sécurité sociale :

  • Rhumatologie : arthrose, gonarthrose, fibromyalgie, lombalgie chroniques,  rhumatismes inflammatoire, séquelles de traumatismes ostéo-articulaires des membres et de la colonne vertébrale, Tendinites et douleurs chroniques de l'épaule, sciatiques, névralgies cervico-brachiales, cruralgie, algodystrophie (ou algoneurodystrophie), troubles musculo-squelettiques chroniques, Séquelles de fractures ostéoporotiques, Suites de chirurgie articulaires des membres ou de la colonne vertébrale, rachialgie,  discopathie dégénérative, scoliose, Séquelles de tassements vertébraux (fractures vertébrales)
  • Voies respiratoires : asthme chez l'adulte et l'enfant, Sinusite chronique, otite, Rhino-sinusites allergiques chronique, pharyngite, Broncho-pneumopathie obstructive de l'adulte (BPCO),  trachéite allergique, rhinites, bronchite chronique.
  • Gynécologie : algies pelviennes les douleurs aigües ou chroniques, Séquelles des cancers utérins et de l'ovaire, ménopause, endométriose, dysménorrhées.
  • Phlébologie : suite des phlébites, acrosyndromes (syndrome de Raynaud), affections veineuses chroniques, lymphœdème.
  • Neurologie : séquelles d'accidents vasculaires cérébraux, maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer, sclérose en plaques.
  • Maladies cardio-artérielles : artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI), acrosyndromes (syndrome de Raynaud).
  • Affections psychosomatiques : trouble anxieux généralisé (TAG), burn-out, Addiction aux benzodiazépines (anxiolytiques ou hypnotiques), fibromyalgie, dépression modérée et réactionnelle, troubles du sommeil.
  • Affections urinaires et maladies métaboliques : infections du tractus urinaire (qui touchent les reins, la vessie, les uretères et l'urètre), Cystites récidivantes, lithiase urinaire.
  • Affections digestives et maladies métaboliques : diabète de type 2, Surpoids et obésité, syndrome de l'intestin irritable (colopathie fonctionnelle).
  • Troubles du développement chez l'enfant : énurésie.
  • Dermatologie : dermatite atopique, eczéma de l'adulte et de l'enfant, psoriasis, suites de brûlures graves et les cicatrices, suites de chirurgie plastique et reconstructrice, séquelles de peau liées à l'amaigrissement massif, erythroses (rougeurs cutanées persistantes), ichtyose (maladies chronique et génétique rare), lichen plan (maladie inflammatoire auto-immune chronique), séquelles de traitements contre le cancer.
  • Affections des muqueuses bucco-linguales : aphtose récidivante, lichen plan, bruxisme.

"Le médecin prescripteur peut associer deux orientations pour son patient. La cure sera alors composée de 4 soins par jour dans la première orientation, et de 2 soins par jour dans la seconde orientation" précise Claude-Eugène Bouvier.

Merci à Claude-Eugène Bouvier, délégué général du CNETh (Conseil national des exploitants thermaux).

Source : La médecine thermale, Annuaire des stations thermales.