Syndrome de lyse tumorale : symptômes, c'est quoi ?

Véritable urgence thérapeutique, le syndrome de lyse tumorale peut survenir en cas de leucémie aiguë par exemple, soit durant les premières heures du traitement d'un cancer par chimiothérapie.

Syndrome de lyse tumorale : symptômes, c'est quoi ?
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Quelle est la définition d'un syndrome de lyse tumorale ?

Le syndrome de lyse tumorale (SLT) est une complication qui survient soit spontanément en cas de leucémie aiguë par exemple, soit durant les premiers temps (premières heures généralement) du traitement d'un cancer par chimiothérapie. Les cellules cancéreuses se décomposent trop brutalement, relarguant des composés intracellulaires dans la circulation sanguine (hyperphosphatémie, hyperkaliémie, hyperuricémie). Résultat, les reins ne parviennent plus à assurer leur rôle de filtration. En l'absence de prise en charge, le pronostic vital du patient est engagé.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes du syndrome de lyse tumorale sont en lien avec les substances anormalement élevées dans le sang (calcémie, uricémie, kaliémie) et une maladie rapidement évolutive :

  • Fatigue intense 
  • Gonflement très rapide d'un ganglion en l'espace de quelques jours 
  • Nausées 
  • Vomissements 
  • Diarrhée 
  • Faiblesse 
  • Crampes musculaires 
  • Troubles du rythme cardiaque 
  • Irritabilité, délire, hallucination, épilepsie.

Quelle est la cause ?

"Le syndrome de lyse tumorale survient généralement soit de manière spontanée en cas de maladie très rapidement évolutive (comme les leucémies aigues, ou le lymphome de Burkitt, ainsi que certains cancers solides comme les neuroblastomes), soit au début de leur prise en charge par chimiothérapie ou autre anti-cancéreux. Des cellules cancéreuses vont se casser et libérer des substances toxiques dans le système sanguin (acide urique, potassium et phosphate), ce qui peut entraîner des complications rénales et cardiaques. Le SLT peut aussi faire suite à la baisse du taux de calcium (hypocalcémie) dans le sang parce que le phosphate va se fixer sur le calcium et former des petits cailloux qui vont abîmer les reins", indique le Dr Clémentine Sarkozy.

Comment pose-t-on le diagnostic d'un SLT ?

Le diagnostic du SLT est établi à l'aide d'une prise de sang (SLT biologique). Il est confirmé par une hypocalcemie (taux bas de calcium), une hyperuricemie (taux élevé d'acide urique), et une hyperphoshatémie (taux élevé de phosphate), hyperkaliémie (taux élevé de potassium dans le sang). La sévérité s'évalue en fonction du retentissement sur le patient (SLT clinique), avec la présence d'un retentissement sur la fonction rénale,  le rythme cardiaque, ou encore l'apparition de troubles neurologiques.  Après le diagnostic, la sévérité sera gradée pour pouvoir adapter la prise en charge, selon une classification (de Cairo-Bishop).

Quelles sont les complications possibles ? 

"Le SLT expose à plusieurs risques vitaux : une arythmie cardiaque, des convulsions, une tétanie, des paresthésies et une insuffisance rénale aiguë", détaille le médecin hématologue. 

Comment traiter un syndrome de lyse tumorale ?

Avant tout, le SLT se prévient avec l'hydratation, l'arrêt de certains médicaments à risque (comme le potassium, ou certains diurétiques), l'administration d'urate-oxydase recombinante (Rasburicase) en prévention, et la surveillance du bilan de lyse après le début du traitement du cancer à risque. "La stratégie de prévention va s'adapter au risque de survenu de SLT. Celui-ci se mesure pour chaque patient en fonction de la maladie, de la masse tumorale et d'éléments de la prise de sang. En cas de survenue, le syndrome de lyse tumorale nécessite un traitement curatif et une hospitalisation en soins intensifs", précise le Dr Clémentine Sarkozy. Divers médicaments sont administrés, en plus de l'hydratation qui est fondamentale : comme l'Allopurinol pour interrompre la production d'acide urique et du Fasturtec®, des diurétiques ou des chélateurs du phosphate, ou encore de l'insuline pour faire baisser la kaliémie ; surtout certains médicaments vont être arrêtés pour éviter les complications, notamment rénale. Le traitement peut aller jusqu'à la dialyse en fonction des critères de gravité. 

Merci au Dr Clémentine Sarkozy, hématologue à l'Institut Curie