Quels risques si on ne se vaccine pas contre le Covid ?

La peur d'effets indésirables à long terme peut freiner le passage à l'acte de vaccination contre le Covid. Le fait aussi de se dire qu'on n'est pas à risque de formes graves ou que le vaccin n'a pas prouvé qu'il empêchait de transmettre la maladie. Oui. Mais...

Quels risques si on ne se vaccine pas contre le Covid ?
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6 millions de Français ne sont toujours pas vaccinés contre le Covid, a informé Emmanuel Macron le 9 novembre lors de son allocution télévisée. Pourtant les doses ne manquent pas. Des créneaux sont disponibles. Mais beaucoup de Français hésitent encore. Il faut être transparent. "C'est un virus extrêmement contagieux puisque la transmission est respiratoire, c'est impossible d'y échapper" confirme le Dr Benjamin Wyplosz, infectiologue au CHU de Bicêtre (Val-de-Marne). Même vacciné, on peut le contracter "mais on ne fait pas ou très peu la maladie et il n'y a pas de formes graves" poursuit le spécialiste qui appelle à "motiver les gens et non à vouloir les convaincre". "Motiver c'est aller vers l'entretien motivationnel, écouter les gens, prendre en compte leurs angoisses, entendre leurs arguments et faire de la pédagogie." Explication des risques possibles pour les non-vaccinés du Covid.

"Se vacciner c'est interrompre ce virus qui peut continuer à tourner autour de la Terre sans s'arrêter."

Le risque de favoriser la mutation de nouveaux variants

On le voit depuis le début de l'année 2021. Ce n'est plus la souche initiale du virus Sars-Cov-2 qu'il faut combattre mais ses variants qui se multiplient car le virus continue de circuler. Là encore, la vaccination est une arme puissante : "Se vacciner c'est interrompre ce virus qui peut continuer à tourner autour de la Terre sans s'arrêter. Si vous n'êtes pas vacciné, vous risquez de créer de nouveaux variants dont des variants possiblement capables d'infecter des gens immunisés naturellement, et on serait confronté à des confinements répétés pénalisant toute la population" argue l'infectiologue. Concernant le variant Delta désormais majoritaire en France, "l'efficacité des vaccins à ARNm et du vaccin Vaxzevria® (AstraZeneca) est établie" a confirmé la HAS le 9 juillet 2021. L'efficacité observée sur les hospitalisations associées au variant Delta est à plus de 90% après une vaccination complète pour chacun de ces vaccins. "L'efficacité sur les formes peu symptomatiques et sur la transmission semble en revanche meilleure avec les vaccins à ARNm" note l'autorité. Quant au vaccin Janssen, "si les données actuellement disponibles sont très encourageantes, elles sont à ce stade insuffisantes pour conclure formellement à la conservation de l'efficacité du vaccin sur le variant Delta".

Le risque de faire une forme grave du Covid

"En France, dans 30 gros hôpitaux, 100% des patients récemment admis en réanimation ne sont pas vaccinés et 93% de ceux admis en médecine ne sont pas vaccinés" a informé le ministre de la Santé Olivier Véran le 13 juillet sur son compte Twitter. Le Covid est une maladie qui a tué plus de 118 000 personnes en France entre janvier 2020 et novembre 2021. Elle est particulièrement grave chez les plus âgés - 93% des cas de Covid-19 décédés à l'hôpital, en établissements d'hébergement pour personnes âgées (EHPA) ou dans les autres établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS) en France sont âgés de 65 ans ou plus - et les plus fragiles (immunodéprimés…). Les essais cliniques de phase 3 ont montré que les vaccins à ARN réduisaient le risque de faire une forme grave du Covid impliquant l'hospitalisation avec des taux de 90-95% d'efficacité. Le 9 novembre, Emmanuel Macron a souligné qu' "une personne vaccinée a 11 fois moins de chances de se retrouver à l'hôpital, en soins critiques". 

"La probabilité de transmettre le Covid quand on est vacciné est extrêmement faible"

Le risque de transmettre le Covid aux autres

Selon l'Institut Pasteur une personne non vaccinée contre le Covid a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu'une personne vaccinée. A contrario, les données confirment que "la probabilité de transmettre le Covid quand on est vacciné est extrêmement faible" indique le Dr Wyplosz. Interviewé sur BFM-TV le 30 juin 2021, le professeur Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur a expliqué que "vous diminuez entre 50 et 85% votre risque de transmettre ce virus à quelqu'un d'autre quand vous êtes vaccinés". Un moindre risque de transmettre le virus en général mais surtout "aux personnes les plus vulnérables et à celles qui sont très malades et qui ne répondent pas aux vaccins" souligne le Dr Wyplosz.

Le risque de faire un Covid long

C'est un argument (trop) peu mis en avant, notamment auprès des plus jeunes et/ou des personnes en bonne santé qui ne souhaitent pas se faire vacciner contre le Covid. La vaccination ne protège pas uniquement des formes graves qui touchent les plus âgés, elle protège aussi des Covid long. Là, les jeunes sont directement concernés. De même que les personnes sans problème de santé. "Si on peut attraper le virus en étant vaccinés, on a beaucoup moins de risques de faire une forme clinique de la maladie et particulièrement un Covid long qui est une forme chronique de la maladie. Or, on ne sait pas soigner les formes longues de l'infection comme les maux de tête chronique, la fatigue chronique, les difficultés respiratoires chroniques."

Quel risque si on ne se vaccine pas alors qu'on a déjà eu le Covid ?

"Plusieurs études ont montré que le risque de réinfection après une infection par le Sars-Cov-2 est très faible. Il serait de l'ordre de 0,3% à 1 an (soit une protection de 99,7%) mais on manque encore de données en population générale sur de très grands nombres pour affirmer ce chiffrer, répond le Dr Wyplosz. Par ailleurs, on sait que ces réinfections sont moins graves que les infections initiales et que les cas de réinfections sont exceptionnellement hospitalisés. Ainsi, nous n'avons pas vu de cas de réinfection hospitalisé à Bicêtre depuis le début de la pandémie. La vaccination est proposée (aux personnes atteintes du Covid à raison d'une seule dose, ndlr) pour réduire encore plus ce risque et pour tenter de maintenir l'immunité naturelle au long terme voire obtenir des taux d'anticorps permettant de se protéger contre tout nouveau variant." 

Merci au Dr Benjamin Wyplosz, médecin infectiologue au CHU de Bicêtre dans le Val-de-Marne.

Sources : 

• Point de vaccination du ministère de la Santé

• Santé Publique France

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