Quelles sont les allergies alimentaires ? Symptômes, durée
Gluten, cacahuètes, crustacés, pistaches... L'allergie alimentaire se caractérise par un ensemble de réactions immunitaires anormales déclenchées par l'organisme lors de l'ingestion d'un aliment.
Les allergies alimentaires concernent 2 à 6 % de la population et touchent principalement les enfants. Les professionnels de santé bénéficient de peu de réponses thérapeutiques, alors que le nombre de consultations pour des symptômes allergiques augmente. Toutefois, une prise en charge symptomatique est possible et savoir appliquer les bons gestes permet d'éviter des manifestations graves comme le choc anaphylactique.
Qu'appelle-t-on une allergie alimentaire ?
L'allergie alimentaire se caractérise par un ensemble de réactions immunitaires anormales déclenchées par l'organisme lors de l'ingestion d'un aliment. Normalement, cet aliment n'est pas nocif pour l'organisme, mais lorsqu'il provoque une allergie, il devient un allergène : nous parlons alors d'allergie alimentaire. "L'allergie se définit comme la réaction du système immunitaire vis-à-vis d'une substance étrangère à l'organisme, à quelque chose qui devrait normalement être toléré. L'allergie alimentaire est à différencier de l'intolérance alimentaire, qui provoque des symptômes vis-à-vis d'une enzyme", précise le Docteur Madeleine Epstein, allergologue. Et de compléter, "nous voyons de plus en plus de patients allergiques, notamment de bébés. Cette croissance s'explique par la présence de plus en plus forte de nourriture transformée et ultra-transformée, provoquant des phénomènes inflammatoires".
Quelle est la liste des allergies alimentaires les plus courantes ?
Les aliments susceptibles de déclencher une allergie sont révisés périodiquement en fonction des évaluations scientifiques. Voici la liste des allergènes alimentaires les plus courants :
- Le gluten (retrouvé fréquemment dans les céréales, le blé, le seigle, l'orge, l'avoine, l'épeautre, le kamut) ;
- Les œufs ;
- Le lait ;
- Les poissons ;
- Les crustacés ;
- Les arachides ;
- Le soja ;
- Les fruits à coques (amandes, noix, noix de pécan, du Brésil, de cajou, de macadamia, pistaches) ;
- Céleri ;
- Moutarde ;
- Graines de sésame ;
- Anhydride sulfureux communément dénommé "sulfites" (présent dans les vins, les spiritueux, les fruits secs)
; - Le lupin (plante herbacée) ;
- Les mollusques.
Quand se déclenche une allergie alimentaire ?
L'allergie alimentaire se déclenche en deux grandes étapes.
► Il faut avoir été mis en contact une première fois avec l'allergène : ce premier contact est asymptomatique, mais génère une sensibilisation à l'aliment. Des anticorps sont fabriqués, notamment les immunoglobulines E (IgE). Ces IgE se fixent sur les cellules réactives nommées mastocytes.
► Un contact ultérieur avec l'aliment ingéré entraîne la liaison avec l'IgE, ce qui stimule les mastocytes, qui libèrent de l'histamine. "L'histamine est le premier médiateur chimique libéré lors des réactions d'hypersensibilité". La dégranulation du mastocyte permet la libération d'histamine, puis d'autres médiateurs de l'inflammation.
Pour autant, les réactions allergiques n'ont pas toujours lieu lors du second contact. "La réaction allergique peut se déclencher très tardivement dans la vie, et nous ignorons pourquoi, indique le Docteur Epstein. Elle survient le jour où tous les co-facteurs sont réunis, comme la nature et la quantité d'allergène, l'état du système immunitaire, la prise éventuelle de médicament, etc. C'est exactement pour cela que la réaction allergique est imprévisible et inconstante. Et d'ajouter que "ce n'est pas parce que le patient a eu une réaction violente une fois, que toutes les réactions qui vont suivre seront aussi sévères", même si l'ingestion de l'aliment peut être source d'anxiété.
Quels sont les symptômes d'une allergie alimentaire ?
Les symptômes de l'allergie alimentaire sont très variés et dépendent de chaque patient. Habituellement, les allergies alimentaires peuvent entraîner des symptômes :
- Cutanés : urticaire localisée ou généralisée, plus rarement une poussée d'eczéma ;
- Un syndrome oral : œdème des lèvres, démangeaisons du palais et de la langue ;
- Digestifs : douleurs abdominales, diarrhées ; coliques, pleurs fréquents et reflux gastro-œsophagien chez le bébé ;
- Respiratoires : rhinite allergique, asthme.
Certains symptômes de l'allergie alimentaire nécessitent des soins médicaux d'urgence, notamment l'œdème du larynx et le choc anaphylactique. L'œdème laryngé (autrefois appelé œdème de Quincke) se caractérise par un gonflement rapide des muqueuses des voies respiratoires supérieures (larynx, pharynx), pouvant s'étendre au cou et à la tête. C'est une manifestation allergique grave, entraînant une gêne respiratoire pouvant aller jusqu'à l'asphyxie.
Le choc anaphylactique est plus fréquent chez l'adulte que chez l'enfant. L'anaphylaxie affecte un ou plusieurs organes avec une sévérité variable : urticaire, œdème laryngé, dyspnées, signes digestifs, atteinte cardio-vasculaire (trouble du rythme cardiaque) et malaise (pâleur, chute de tension, perte de connaissance). Il s'agit de la réaction allergique la plus forte pouvant engager le pronostic vital. Le choc allergique est donc une urgence vitale.
Combien de temps dure une allergie alimentaire ?
La durée des allergies alimentaires dépend des aliments allergènes. "Le plus souvent , une allergie au lait ou aux œufs chez l'enfant guérit à l'entrée en maternelle. Certains patients vont guérir spontanément à un moment donné de leur vie". En moyenne, une réaction allergique alimentaire se déclenche dans les 30 minutes après l'ingestion de l'aliment. Souvent, les manifestations sont immédiates.
Comment soigner une réaction allergique alimentaire ?
Le traitement est surtout symptomatique. Des antihistaminiques sont prescrits en cas de rhinite allergique, de symptômes digestifs ou cutanés. L'eczéma atopique se soigne par l'application de corticoïdes locaux tandis que les crises d'asthme sont traitées par un bronchodilatateur.
Que faire au quotidien ?
Le premier réflexe est d'éviter d'ingérer la substance responsable de l'allergie, en vérifiant les listes d'ingrédients, dont les allergènes sont mis en évidence en caractères gras : c'est le régime d'éviction. Mais attention : chaque patient doit rechercher son allergène, qui ne figure pas forcément sur la liste. Il est conseillé au patient qui présente une allergie alimentaire connue d'avoir sur lui une trousse de secours en permanence. Cette trousse d'urgence contiendra principalement :
- Un stylo d'adrénaline auto-injectable en cas de réaction sévère (anaphylaxie) ;
- Des médicaments antihistaminiques si les symptômes sont légers ;
- Un bronchodilatateur éventuellement.
Toutefois, le Docteur Epstein tient à rappeler qu'il ne suffit pas d'avoir la trousse de secours. "L'éducation thérapeutique est indispensable. Chaque patient, parent et entourage d'enfant allergique doit savoir utiliser le stylo auto-injectable. Il est très simple d'utilisation, mais il faut s'entraîner plusieurs fois avec un stylo d'entraînement afin de vaincre l'appréhension et d'agir très rapidement en cas de choc anaphylactique." Le geste consiste à positionner le stylo sur le bord extérieur de la cuisse et de maintenir une pression sur le bouton déclencheur pendant 10 secondes. Et l'allergologue de poursuivre "il faut utiliser le stylo dès qu'on a peur : si vous vous demandez s'il faut l'utiliser, la réponse est oui, surtout en cas de signes respiratoires". Après une injection d'adrénaline, une prise en charge hospitalière est nécessaire.
Quand faire une désensibilisation à une allergie alimentaire ?
"La désensibilisation est indiquée en cas d'allergies aux pollens ou aux acariens (allergènes de l'air), ceux pour lesquels nous avons des extraits." Dans le cas des allergies alimentaires, le traitement est l'induction de tolérance. Ce traitement est souvent proposé aux patients adultes dont le régime alimentaire en fruits est considérablement réduit ou en cas d'allergie croisée pollens-aliments (par exemple bouleaux/fruits). "Nous proposons une induction de tolérance à la pomme, qui est un traitement efficace non seulement contre l'allergie alimentaire, mais aussi contre l'allergie aux pollens", illustre l'allergologue. "Il est également proposé aux enfants pour des aliments difficiles à éviter, une fois le diagnostic allergique confirmé". Le traitement consiste à administrer de petites doses de l'allergène de façon croissante. "Ce traitement se pratique sous surveillance médicale, en milieu hospitalier. Le protocole est assez lourd, mais bien encadré, et chez certains patients, l'induction de tolérance peut vraiment rendre service", poursuit le docteur Epstein. Du fait de la perte de tolérance si la consommation régulière de l'allergène est interrompue, il n'y a actuellement pas de d'arrêt de traitement possible. Pour l'heure, l'immunothérapie (désensibilisation) reste une piste au stade de recherche.
Merci au Docteur Madeleine Epstein, médecin allergologue.