Cancer du sein in situ : âge, symptômes, pronostic
Cancer du sein non invasif, le carcinome in situ est de bon pronostic. À quoi est-il dû ? Comment pose-t-on le diagnostic ? Quels sont les traitements ? Explications avec le Dr Aurélie Roulot, chirurgien sénologue, spécialisée en reconstruction mammaire à l'institut Gustave Roussy.
Qu'est-ce qu'un cancer du sein in situ ?
Un carcinome est dit "in situ" quand les cellules cancéreuses sont uniquement présentes dans les canaux du sein (carcinome canalaire in situ) ou les lobules du sein (carcinome lobulaire in situ), sans atteinte des tissus environnants. A contrario, le cancer infiltrant va infiltrer l'ensemble de la glande mammaire, Le carcinome canalaire in situ est le plus fréquent des cancers du sein non-invasif chez la femme.
Quelle est la cause d'un cancer du sein in situ ?
Les facteurs de risque du cancer du sein infiltrant sont bien connus. Il s'agit de l'âge (80% des cancers du sein surviennent après 50 ans), du mode de vie (consommation d'alcool, de tabac, le surpoids, la sédentarité), des prédispositions génétiques (antécédents familiaux) et de l'imprégnation hormonale. En revanche, les causes du cancer du sein in situ restent floues. "On ne connaît pas très bien sa physiologie. On sait, par exemple, que la mutation génétique ne constitue pas forcément un facteur de risque de cancer in-situ, tout comme les hormones ou la prise d'un oestroprogestatif qui ne sont pas considérés comme des facteurs de risque. Le cancer du sein in situ reste localisé, c'est le moins invasif de tous les cancers. Il correspond au stade 0, sur une échelle qui va jusqu'à quatre, et qui permet d'évaluer la propagation du cancer dans le sein et à l'extérieur du sein", explique le Dr Aurélie Roulot.
Quels sont les symptômes d'un cancer du sein in situ ?
Le cancer du sein in situ est le plus souvent asymptomatique. "De façon très rare, il peut se manifester par la présence de masses au niveau du sein, mais cela concerne plutôt le cancer infiltrant car il envahit la glande mammaire. Dans la mesure où l'in situ reste localisé dans les canaux ou les lobules du sein, le symptôme le plus fréquent est un écoulement au niveau du mamelon, généralement unipore, c'est-à-dire que d'un seul canal. Et ce, surtout si l'écoulement est de couleur marron rouge car cela signifie qu'il y a une lésion dans le canal qui va l'irriter ", indique le chirurgien sénologue spécialisée en reconstruction mammaire.
Quel est l'âge moyen d'apparition ?
"Contrairement au cancer infiltrant qui survient majoritairement aux alentours de 50 ans, le carcinome in situ touche davantage les femmes jeunes (40 ans)", informe l'experte.
Comment est posé le diagnostic d'un cancer du sein in situ ?
Le carcinome du sein in situ peut être suspecté devant un écoulement au niveau des seins ou lors d'une mammographie où la présence de micro-calcifications est détectée. Une irritation chronique au niveau du mamelon (maladie de Paget) peut aussi constituer un signe de cancer in situ situé au niveau du mamelon.
Quels sont les traitements d'un cancer du sein in situ ?
Plusieurs options thérapeutiques peuvent être envisagées. Le traitement du carcinome canalaire in situ repose le plus souvent sur la chirurgie.
► Mastectomie partielle (chirurgie conservatrice)
Une chirurgie mammaire conservatrice (mastectomie partielle, ou tumorectomie) consiste à retirer la tumeur et une petite quantité des tissus qui l'entourent pour conserver la plus grande partie du sein. Cette intervention est privilégiée lorsque la tumeur est suffisamment petite (marge de tissus sains autour). Dans certains cas, cette intervention peut être accompagnée de l'ablation du ganglion sentinelle. Une mastectomie partielle s'associe à un "remodelage" de la glande afin d'éviter les déformations post-opératoires. La déformation entraînée par une mastectomie partielle ne peut être appréciée que 3 à 4 mois après l'intervention. La tumorectomie est suivie d'une radiothérapie (voir plus bas).
► Mastectomie totale : chirurgie non conservatrice
Une chirurgie mammaire dite non conservatrice (mastectomie totale) consiste à enlever dans son intégralité le sein où siège la tumeur. Ce type de chirurgie est privilégié lorsque la tumeur est trop volumineuse par rapport à la taille du sein, lorsque sa forme n'est pas compatible avec une chirurgie conservatrice, ou lorsque plusieurs tumeurs sont diagnostiquées dans le même sein. "Lorsque ce qu'il fallait a été retiré, que les berges de résection sont saines et que l'on est sûr à 100% de ne pas avoir laissé de cellules cancéreuses dans le sein, une mammographie post-opératoire est effectuée pour s'assurer qu'il n'y a plus de calcifications au niveau du sein", précise la spécialiste. Une radiothérapie externe de la glande mammaire est quasiment toujours réalisée après une chirurgie conservatrice, dans la région où la tumeur a été retirée, ce qui permet de diminuer le risque de récidive. "Aujourd'hui, plusieurs études sont en cours pour évaluer de nouvelles stratégies thérapeutiques. Certaines études montrent que l'on pourrait éviter l'opération dans certains cas, d'autres que la radiothérapie n'est pas nécessaire si les microcalcifications ont bien été retirées. Dans tous les cas, une surveillance est mise en place : une première fois à 6 mois avec une échographie et une mammographie, puis après de façon annuelle, et avec un examen clinique tous les 6 mois", continue-t-elle.
La prise en charge du carcinome lobulaire in situ (CLIS), aussi appelé néoplasie lobulaire, remise quant à elle sur une surveillance régulière, dans la mesure où celui-ci augmente le risque de cancer du sein infiltrant. Toutefois, le CLIS ne se propage que rarement à l'extérieur des parois des lobules et généralement pas aux autres parties du corps. Selon les éléments diagnostiques recueillis, une biopsie chirurgicale (retrait partiel du carcinome, et examen eu microscope des cellules des tissus prélevés) ou une exérèse (retrait total) peuvent être proposées.
Quel est le pronostic d'un cancer du sein in situ ?
Le carcinome du sein in situ est un cancer de bon pronostic -lorsqu'il est diagnostiqué à ce stade- avec une survie globale à 10 ans supérieure à 95%. En cas de traitement conservateur sans radiothérapie, le taux de récidive se situe autour 13%. "Le risque de décès est rarissime et avec la radiothérapie, le risque de récidive est encore plus rare", souligne le Dr Aurélie Roulot.