Conséquences des traitements du cancer du sein : chimio, hormones...

Radiothérapie, chimio, hormonothérapie... Les traitements du cancer du sein ont des conséquences physiques et psychologiques pour les patientes. Mais une fois le protocole de soins terminé, elles se retrouvent généralement sans accompagnement. La première année est souvent très difficile.

Conséquences des traitements du cancer du sein : chimio, hormones...
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Différents traitements peuvent être mis en place lors du diagnostic d'un cancer du sein. Radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, chirurgie (retrait de la tumeur et d'une petite partie des tissus autour de manière à conserver la plus grande partie du sein, retrait total du sein, chirurgie des ganglions de l'aisselle). Une fois le protocole de soins terminé, "les femmes sont souvent abandonnées malgré nous" regrette le Pr Mahasti Saghatchian, oncologue à l'hôpital américain de Paris. Or, de lourdes séquelles physiques et psychologiques liées aux traitements peuvent persister dans le temps. "La première année est une période de vulnérabilité importante" explique l'oncologue. Quelles sont les conséquences de la radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie et chirurgie ? Quel suivi est proposé aux patientes ? Que faire ? Conseils.

Quelles sont les conséquences de la radiothérapie ? 

La radiothérapie a surtout des conséquences locales immédiates. "Des rayons sont envoyés sur la peau, au niveau des seins et de la zone ganglionnaire. On remarque les effets secondaires des rayons ionisants : brûlures plus ou moins intenses, risque d'extension de la brûlure aux organes profonds" indique le Pr Mahasti Saghatchian, oncologue. "Mais aujourd'hui les techniques de radiothérapies sont précédées d'un scanner afin de mesurer précisément où vont aller les rayonnements pour éviter les zones du cœur, des poumons et des os. La dose de rayon qui est reçue est calculée pour la limiter au maximum" souligne notre interlocutrice. "Avant, la radiothérapie provoquait des effets secondaires cardiaques, cardiovasculaires, coronarien et pulmonaire sur le long terme mais aujourd'hui on ne les observe plus grâce aux progrès" ajoute l'oncologue. La radiothérapie engendre une grande fatigue tout au long du traitement. Elle s'efface lorsque la radiothérapie s'arrête.

Quelles sont les conséquences de l'hormonothérapie ?

"L'hormonothérapie est le traitement qui a les effets secondaires les plus pénibles pour les patientes de par leur intensité et leur durée" soutient le Pr Mahasti Saghatchian. Ce traitement dure entre 5 et 7, 10 ans ce qui fait que les effets secondaires s'accumulent dans la durée. Au premier plan, on observe des douleurs musculaires et squelettiques proches des douleurs de l'arthrose, des bouffées de chaleur, de la fatigue qui dure. Une prise de poids est observée chez certaines patientes. Plus rarement, on note une légère chute de cheveux (pour 5% des femmes de manière handicapante esthétiquement), des troubles de la sphère génito-sexuelle (sécheresse vaginale, pertes vaginales et troubles de la libido). "Enfin, des troubles cognitifs et des perturbations du sommeil sont rapportés mais il n'est pas établi si la cause est liée au cancer en lui-même ou aux traitements" note l'oncologue.

Quelles sont les conséquences de la chimiothérapie ?

Les effets secondaires de la chimiothérapie sont immédiats et très intenses :

  • chute de cheveux transitoire (dans 99% des cas ils repoussent),
  • nausées et vomissements
  • fragilité immunitaire (grande sensibilité aux infections)
  • arrêt des règles transitif ou définitif (ménopause)
  • baisse de fertilité
  • troubles cognitifs
  • fatigue chronique

"Pour les nausées et les vomissements, nous prescrivons aujourd'hui des traitements efficaces pour les éviter. Concernant la baisse de fertilité, l'équipe médicale proposera des techniques de conservation pour les femmes souhaitant avoir des enfants" explique le Pr Mahasti Saghatchian.

Quelles sont les conséquences de la chirurgie ?

La chirurgie des ganglions de l'aisselle ou curage axillaire peut provoquer un lymphœdème du bras (syndrome du gros bras) c'est pourquoi cette chirurgie est aujourd'hui remplacée par le retrait du ganglion sentinelle. "S'il y a une mastectomie, on observe des douleurs au niveau de la cicatrice et du sein, des séquelles esthétiques et psychologiques en termes d'image corporelle. Heureusement, l'oncoplastie actuelle remodèle le sein presque comme il était naturellement" atteste l'oncologue.

Quelles sont les séquelles psychologiques du traitement du cancer ?

Les syndromes anxio-dépressifs (associant anxiété et dépression) perdurent pendant la première année après la fin des traitements. "Cette année est une période de vulnérabilité importante sur le plan psychique alors même que la patiente a terminé ses traitements. Pour l'entourage elle est guérie et elle n'est généralement pas accompagnée médicalement" regrette notre experte. Or, les effets secondaires psychologiques perdurent dans le temps. On observe notamment des troubles de l'image corporelle, des problèmes de sexualité, de la fatigue physique associée à des troubles du sommeil. "Les femmes peinent à supporter les traitements hormonaux et peuvent décider de les arrêter ce qui augmente le risque de rechute. La réintégration dans la vie sociale, familiale et au travail est très compliquée" souligne l'oncologue.

Quelles sont les conséquences physiques du traitement du cancer ?

Parmi les séquelles physiques observées après un traitement contre le cancer du sein :

  • une chute de cheveux
  • une fragilité des ongles et de la peau
  • une prise de poids 
  • le syndrome du gros bras​​​​​​​ ​​​​​​​

​​​​​​Quelles conséquences au niveau de la forme ?

La radiothérapie engendre une grande fatigue tout au long du traitement. Elle s'efface lorsque la radiothérapie s'arrête. La chimiothérapie et l'hormonothérapie provoquent une fatigue chronique persistante.

15% des femmes post cancer du sein ne vont jamais retourner à une vie professionnelle

Conséquences neurologiques : troubles cognitifs ?

Des séquelles sur le plan cognitif sont rapportées par les patientes pendant et après les traitements contre le cancer du sein. "Elles décrivent une sorte de brouillard cérébral" précise l'oncologue. Ces effets secondaires cognitifs se manifestent par des troubles de concentration, de la mémoire, une fatigue psychique et cérébrale. Ils sont observés même 10 ans après la guérison du cancer et sont très handicapants pour les femmes actives. "15% des femmes post cancer du sein ne vont jamais retourner à une vie professionnelle que cela soit à temps plein ou partiel" déplore notre interlocutrice.

Que faire en cas de séquelles après le traitement pour le cancer du sein ?

Après la guérison d'un cancer du sein, la patiente bénéficie seulement d'un suivi minimaliste. L'oncologue la verra au mieux 2 fois par an, pour des consultations rapides (environ 10 minutes). "C'est trop court et pas assez fréquent pour discuter des complications auxquelles elles font face" regrette le Pr Mahasti Saghatchian, "Les femmes sont souvent abandonnées malgré nous". "Après un cancer du sein, toute femme devrait suivre des séances chez le psychologue (ou le psychiatre), le gynécologue, un sexologue, un dermatologue. Or, seulement 40% des femmes sont adressées à un gynécologue et seulement 15% à un psychologue et à un sexologue" ajoute l'experte. Le parcours d'accompagnement devrait durer entre 5 et 10 ans. "Le Wellness Lab est une structure d'accompagnement des femmes après un cancer du sein située au sein de l'hôpital américain de ParisCe centre propose une offre de soins pluridisciplinaires avec des spécialistes de l'activité physique (yoga et pilate), une sexologue, une socio-esthéticienne et une infirmière de coordination" indique l'oncologue. Ce programme est financé par des dons, permettant de proposer à toutes les femmes des séances sans frais. "Chaque patiente est reçue et un parcours individualisé leur est proposé en fonction de leurs besoins. La prise en charge post cancer du sein n'est pas systématique et les patientes ne sont pas toujours bien renseignées sur l'accompagnement qu'elles peuvent réclamer. Il est important qu'elles demandent un accompagnement chez un psychologue, un sexologue, un gynécologue etc selon leurs besoins" encourage notre interlocutrice.

Merci au Pr Mahasti Saghatchian, oncologue à l'hôpital américain de Paris et spécialisée dans la prise en charge des femmes atteintes de cancer du sein.