Qu'est-ce qu'un cancer du sein agressif ?

A 35 ans, l'influenceuse Caroline Receveur est soignée pour un cancer du sein agressif. Ce cancer a un pronostic plus réservé.

Qu'est-ce qu'un cancer du sein agressif ?
© Caroline Receveur en mai 2019 à Cannes / Arthur Mola/AP/SIPA (publiée le 10/10/2023)

En juillet 2023, l'influenceuse Caroline Receveur âgée de 35 ans annonce être atteinte d'un cancer du sein défini comme "agressif" par les médecins mais "détecté à un stade précoce". Le 9 octobre sur Instagram elle annonce avoir franchi "la première étape de ma course de fond vers une complète guérison" après "plus de 100 jours de traitements et 6 cycles de chimiothérapie TCHP".

Qu'est-ce qu'un cancer du sein agressif ?

Un cancer du sein agressif est un cancer du sein avec un pronostic plus réservé du fait d'un développement plus rapide : "Le terme "agressif" est un terme très négatif qui est difficile à entendre pour les patients. Il convient mieux de parler de "cancer du sein avec un moins bon pronostic" qui va s'établir en fonction de son stade d'avancement et de la présence ou non de certains critères. S'il y a des ganglions malades ou des métastases d'emblée, les cancers sont plus évolués. Ils ne sont pas histologiquement plus agressifs mais plus avancés au moment du diagnostic et donc ont un impact sur le pronostic", souligne le Dr Sophie Klingler, sénologue et chirurgienne cancérologique et reconstructrice au Centre Léon Bérard de Lyon.

Quels critères déterminent un cancer du sein agressif ?

Les critères qui déterminent ce type de cancer du sein sont d'abord fonction de l'histologie et de l'extension initiale sur la patiente que ce soit dans le sein ou au niveau des aires ganglionnaires ou sous forme métastatique. En pratique, sur l'histologie, on classe les cancers par grade en fonction de la vitesse de division de leurs cellules (mitoses), de leur index de prolifération (la vitesse de développement de la maladie).

► "On considère que le grade SBR (Scare Bloom Richardson), le grade 3, est de moins bon pronostic que les grades 1 et 2", note-t-elle.
► Ensuite, les cancers qui n'ont pas de récepteurs aux hormones (RE-, RP-) sont aussi considérés comme de moins bon pronostic. "À la surface des cellules des tumeurs, il y a des récepteurs aux œstrogènes ou à la progestérone qui vont donner des messages à la tumeur pour se développer. Quand il n'y en a pas, c'est un critère de mauvais pronostic".
► Le dernier critère que l'on va rechercher dans ce type de cancer est le critère HER2. Les cancers du sein HER2 correspondent à des cancers plus agressifs avec plus de risques de récidive.
► Il y a aussi une particularité dans ce type de cancers : les cancers triple négatifs, qui n'ont aucun des trois critères précédemment cités, est qui sont de moins bon pronostic sur le plan histologique. Ils n'ont pas de récepteur aux œstrogènes (RE-) ni à la progestérone (RP-), ni de surexpression des récepteurs de la protéine HER2 (HER2-).

Quel est le pronostic d'un cancer du sein agressif ? 

Le pronostic d'un cancer du sein agressif est réalisé sous la forme d'une classification en fonction du type histologique, de l'âge de la patiente au diagnostic et de l'extension initiale. Ce qui va permettre de déterminer des médianes moyennes de survie, "c'est-à-dire le temps moyen de vie d'une patiente sans récidive, sans maladie et la survie globale, le temps de survie de la patiente après le diagnostic de son cancer du sein". On va ainsi déterminer à 5 ans et 10 ans, le pourcentage de patients toujours en vie. "Plus le chiffre est élevé, plus le pronostic est bon". Le pronostic se repère par rapport aux critères histologiques initiaux et à la réponse au traitement. "Le cancer du sein agressif reste un cancer de bon pronostic si on prend tous les critères tous stades confondus. Beaucoup de patientes sont en vie, parfois elles peuvent vivre plusieurs années avec la maladie qui va être stabilisée", insiste-t-elle.

Comment se manifeste un cancer du sein agressif ?

Les cancers du sein agressifs se manifestent parfois par des cancers d'intervalle, qui apparaissent entre deux bilans d'imagerie. "C'est souvent l'autopalpation de la patiente entre deux mammographies qui va révéler un nodule. Comme ces cancers se développent un peu plus vite, il faut consulter au moindre doute et refaire des examens". Ces cancers du sein agressifs peuvent aussi se présenter sous forme inflammatoire : "Un sein qui apparaît rouge, comme une infection mais qui ne s'accompagne ni de fièvre ni de douleur, doit alerter. Cette invasion de la peau peut être liée à la présence d'un cancer agressif sachant que cette forme est beaucoup plus rare".

Peut-on guérir d'un cancer du sein agressif ? 

Il y a aujourd'hui énormément de traitements pour les cancers du sein agressifs, notamment le cancer du sein triple négatif. "De nouvelles molécules, apparues depuis un an, ont véritablement changé l'histoire de la maladie". On peut donc guérir d'un cancer du sein agressif et ce dans un très grand nombre de cas.

Comment traite-t-on un cancer du sein agressif ?

Selon l'histologie du cancer agressif (triple négatif, HER2 surexprimé), il existe de nombreuses indications néoadjuvantes de traitements médicaux : chimiothérapie, immunothérapie. Le principe est de commencer par le traitement médical avant la chirurgie pour avoir une action générale sur la ou les tumeur(s). "Cela permet aussi de disposer de la réponse au traitement de la tumeur. Dans 60 à 70 % des cas, on dispose d'une réponse complète c'est-à-dire que le traitement médical a totalement détruit la tumeur. L'opération est ensuite possible pour vérifier qu'il ne reste pas de tumeur active. Cette réponse est un critère de très bon pronostic pour ces cancers agressifs", conclut le Dr Klingler.