Prolapsus rectal (rectocèle) : causes, traitement, opération
Le prolapsus rectal (ou anal) correspond à une extériorisation du rectum pouvant entraîner une constipation ou une incontinence fécale. Il touche 9 fois plus les femmes que les hommes.
Quelle est la définition d'un prolapsus rectal ou anal ?
Les experts parlent de prolapsus lorsqu'un organe glisse de sa position normale dans l'organisme. "Dans le cas du prolapsus rectal, le rectum se retourne de telle manière que la muqueuse rectale est visible à l'extérieur du corps sous la forme d'une projection de l'anus en forme de doigt, humide et de couleur rouge foncé", explique le Dr Monique Quillard, médecin généraliste. Le prolapsus rectal est une pathologie qui concerne principalement les personnes âgées, mais aussi les jeunes enfants et nourrissons.
Est-il plus fréquent chez la femme ?
Les femmes sont le plus souvent touchées car plus sensibles aux problèmes de constipation. La ménopause est aussi un facteur de risque. Le prolapsus rectal touche 9 fois plus les femmes que les hommes.
Quels sont les stades du prolapsus rectal ?
Le stade dépend de l'importance du prolapsus et du niveau de la gêne occasionnée. "Anatomiquement la partie "retournée" peut rester interne, on parle alors de grade 1, ou ou s'extérioriser, c'est alors un grade 2", précise le Dr. Quillard.
→ Grade 1 : la partie retournée reste interne
→ Grade 2 : la partie retournée est externe
Quelles sont les causes du prolapsus anal ?
Les causes d'un prolapsus anal sont nombreuses :
- le vieillissement des tissus,
- une faiblesse du plancher pelvien due à des efforts de poussée,
- une constipation chronique
- une faiblesse musculaire du plancher pelvien liée à la sédentarité.
- Chez la femme après la ménopause, la faiblesse du plancher pelvien peut être due à la baisse hormonale,
- après des accouchements traumatiques (épisiotomie ou non).
Le prolapsus rectal s'accompagne parfois d'un prolapsus de la vessie (cystocèle) ou de l'utérus (hystérocèle ) : il s'agit alors d'une "descente d'organes".
Quels sont les symptômes d'un prolapsus anal ?
Le symptôme du prolapsus rectal est une extériorisation d'une partie du rectum lors de la défécation. Certains signes associés sont possibles :
- un blocage des selles et une constipation,
- une sensation de gêne (mais une absence de douleurs)
- parfois, une incontinence fécale.
Quels examens pour diagnostiquer un prolapsus anal ?
Le diagnostic du prolapsus rectal est facile à poser. L'examen clinique suffit : le médecin peut observer la présence d'une muqueuse rouge extériorisée au niveau de la marge anale, une saillie accentuée de quelques centimètres de long, lors de la poussée, ou la perception d'une anomalie lors du toucher rectal. Cet examen est complété par un interrogatoire (antécédents gynéco, constipation, état des selles, incontinence fécale, etc..). "Plus rarement une IRM dynamique pourra être réalisée pour préciser le diagnostic et choisir le traitement chirurgical adapté. D'autre examens sont beaucoup plus rarement réalisés : défécographie, manométrie anale, coloscanner, bilan urodynamique, cystoscopie", explique notre expert.
Quel est le traitement d'un prolapsus rectal ?
Le prolapsus rectal chez l'enfant n'engendre pas de complications particulières. "Il faut simplement lui apprendre à éviter les poussées excessives lors de l'apprentissage de la propreté, car elles peuvent causer des hémorroïdes et fissures anales qui sont douloureuses et favoriser la constipation", précise le Dr. Quillard.. En cas de constipation, un régime alimentaire adapté (riche en fruits, légumes, légumineuses et céréales complètes pour leur apport en fibres) avec une hydratation suffisante est nécessaire. Parfois, un laxatif peut être prescrit pour faciliter la défécation. Chez l'adulte, les mêmes recommandations sont de mises en cas de constipation. Des techniques de renforcement de la musculature pelvienne sont parfois réalisées à l'aide d'un kinésithérapeute. La chirurgie est envisagée si le prolapsus est trop important.
Quand envisager l'opération ?
Il existe deux types d'intervention chirurgicale :
► La première intervention, appelée rectopexie, consiste à remonter le rectum et à le fixer sur le sacrum (os du bassin) à l'aide de bandelettes synthétiques. Cette intervention est réalisée le plus souvent, par cœlioscopie à l'aide de 4 petits incisions sans grande ouverture du ventre. Cette intervention dure 1 heure. Elle est réalisée sous anesthésie générale.
► La seconde intervention consiste à réaliser une ablation du boudin rectal sortant par l'anus en passant par les voies naturelles, c'est-à-dire par l'anus. Elle peut se faire sous anesthésie locorégionale, sans anesthésie générale. Néanmoins, elle donne de moins bons résultats que la rectopexie, les risques de récidive sont plus importants à 5 ans. Elle est proposée à des patients dont l'état général ne permet pas de bénéficier d'une anesthésie générale. Cette intervention est plus courte et dure de 30 à 45 minutes. Un lavement est réalisé avant l'intervention. L'opération est prise en charge par la Sécurité sociale.
Vous pourrez manger le soir même de l'intervention. Un traitement laxatif doux sera systématiquement prescrit afin de vous éviter les efforts de poussées.
Merci au Dr Monique Quillard, médecin généraliste