Maladie auto-immune : liste, c'est quoi ?
Les maladies auto-immunes sont des pathologies liées à un dysfonctionnement du système immunitaire. Elles causent une réaction inflammatoire au niveau de l'organe touché. Quelle est la liste des maladies auto-immune ? Peut-on en guérir ?
Une maladie auto-immune désigne le fait que le système immunitaire se retourne contre les cellules de son propre organisme, créant une réaction inflammatoire. De nombreuses maladies font partie de cette catégorie. Thyroïde, foie, peau, poumons, intestins, reins... de nombreux organes peuvent être touchés. Qu'est-ce qu'une maladie auto-immune ? Qu'est-ce qui peut la déclencher ? Liste des maladies auto-immune, symptômes, diagnostic et traitements.
Définition : qu'est-ce qu'une maladie auto-immune ?
Une maladie auto-immune est une pathologie au cours de laquelle le système immunitaire agresse ses propres constituants. "Normalement, le système immunitaire est éduqué pour respecter les cellules de notre organisme. Lors d'une maladie auto-immune, il se retourne contre elles en les considérant comme étrangères. Cela va créer une réaction inflammatoire", explique le Pr Zahir Amoura, chef du service Médecine Interne à la Pitié-Salpêtrière, centre national de référence du lupus et des autres maladies auto-immunes systémiques.
Liste des maladies auto-immunes
Les maladies auto-immunes correspondent à un dysfonctionnement du système immunitaire, à l'origine d'au moins 80 maladies. Parmi elles :
Quels organes sont touchés par une maladie auto-immune ?
Tous les organes peuvent être touchés : la peau, la thyroïde, le foie, le cerveau, les poumons, les yeux, les reins, les articulations… "On différencie les maladies auto-immunes cantonnées à un seul organe (la thyroïde, par exemple, qui est un cas fréquent), et les maladies auto-immunes systémiques (ou généralisées), lesquelles vont toucher plusieurs organes (typiquement, le lupus systémique, qui atteint les articulations, la peau et les reins)", précise le Pr Amoura.
Quels sont les symptômes des maladies auto-immunes ?
Les symptômes dépendent de la maladie induite par le dysfonctionnement immunitaire. Lors de la première phase de la maladie, le système immunitaire agresse les cellules, il y a une inflammation de l'organe qui est parfois perceptible par le patient. Dans ce cas, les symptômes sont liés à l'inflammation de l'organe touché :
- douleur localisée,
- rougeur,
- gonflement….
Le plus souvent, l'inflammation est n'est pas ressentie par le patient (destruction à bas bruit des cellules pancréatiques produisant l'insuline au cours du diabète de type 1, par exemple). "Au bout d'un moment, il y a une cicatrisation de ce processus inflammatoire. C'est à partir de là que l'organe se met à dysfonctionner et que d'autres symptômes apparaissent : l'insuffisance rénale pour le lupus, l'incapacité à secréter de l'insuline pour le diabète…", explique l'expert. Ces symptômes, plus ou moins localisés en fonction de la maladie, peuvent générer des complications plus globales.
Comment se déclenche une maladie auto-immune ?
"On ignore le plus souvent pourquoi le système immunitaire attaque ainsi l'organisme", explique d'emblée le Pr Amoura. Certains facteurs de risque ont toutefois pu être identifiés :
► Le terrain génétique est prédisposant : "une tendance familiale à produire de l'inflammation sera associée à risque plus élevé. Lorsqu'un apparenté au 1er ou 2e degré (père, mère, frères et sœurs) est atteint d'une maladie auto-immune, on est un peu plus à risque".
► Les femmes sont plus touchées par ces maladies que les hommes – notamment les femmes en âge de procréer. "Les hormones sexuelles semblent jouer un rôle. Le chromosome X, que la femme possède en double, serait probablement lié à des gènes régulateurs du système immunitaire qui favorisent l'apparition de ces maladies".
► Des facteurs environnementaux sont également en cause : les virus, les rayons ultraviolets, certains médicaments ou encore certains agents chimiques. "Ils vont initier une réponse immunologique anormale et peuvent générer des dysfonctionnements immunitaires à plus long terme".
Il est parfois nécessaire de suivre un traitement à vie.
Quel spécialiste aller voir pour une maladie auto-immune ?
La prise en charge dépend de la maladie. Si un seul organe est touché, il convient de consulter le spécialiste de cet organe. Par exemple, pour une atteinte du pancréas, le diabétologue est le médecin adapté. Une maladie auto-immune systémique doit quant à elle être prise en charge par un médecin interniste, qui aura une approche plus globale.
Comment savoir si on est atteint d'une maladie auto-immune ?
Le diagnostic est posé après un examen clinique et un interrogatoire, permettant de mettre en évidence les symptômes et de détecter une pathologie. "En général, c'est l'inflammation ou le déficit d'un organe qui met sur la piste d'une maladie auto-immune", précise le Pr Amoura. Des examens complémentaires sont également prescrits, en fonction de la pathologie rencontrée. Le point commun est la possibilité de retrouver, dans un prélèvement sanguin, des auto-anticorps spécifiques d'une maladie. Par exemple :
- les anti-thyropéroxydase dans les thyroïdites,
- les anti-récepteurs de l'acétylcholine dans la myasthénie,
- les anticorps anti-insuline dans le diabète.
Peut-on guérir d'une maladie auto-immune ?
On ne guérit pas à proprement parler d'une maladie auto-immune mais les traitements permettent de réduire, voire de supprimer, les symptômes. Toutefois, il est parfois nécessaire de suivre un traitement à vie.
Comment se soigne une maladie auto-immune ?
Il existe plusieurs stratégies thérapeutiques. La première consiste à administrer des médicaments afin de pallier la dysfonction de l'organe touché. "Par exemple, l'insuline pour le diabète, ou la thyroxine pour les pathologies thyroïdiennes", illustre Zahir Amoura. Une autre stratégie vise à diminuer l'inflammation et l'activité du système immunitaire. "On utilise alors des corticoïdes, ou encore des immunosuppresseurs" ajoute-il. Enfin, les nouveaux traitements ouvrent une voie en matière de prise en charge des maladies auto-immunes, notamment systémiques. "Jusqu'ici, les traitements étaient très compartimentés – indiqués pour telle ou telle maladie seulement. Aujourd'hui, les biothérapies permettent de disposer de traitements pouvant être utilisés pour plusieurs pathologies auto-immunes. La recherche avance et les espoirs sont permis."
Merci au Pr Zahir Amoura, chef du service Médecine Interne 2 , CRMR lupus, SAPL et autres maladies auto-immunes systémiques à la Pitié Salpêtrière.