Des aliments à éviter quand on souffre d'endométriose ?

Une femme sur 10 en âge de procréer est atteinte d'endométriose. On ne le sait pas toujours mais une alimentation anti-inflammatoire pourrait réduire les douleurs et stabiliser les lésions. Quels aliments privilégier ou éviter ? Réponses avec Fabien Piasco, diététicien-nutritionniste.

Des aliments à éviter quand on souffre d'endométriose ?
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10%. C'est le pourcentage de femmes en âge de procréer touchées par l'endométriose, une maladie chronique de l'endomètre (le tissu qui tapisse l'utérus). Chez ces femmes, des cellules endométriales vont migrer en dehors de l'utérus via les trompes et former un tissu semblable à la muqueuse utérine, qui peut atteindre différents organes génitaux, urinaires, digestifs voire dans de rares cas pulmonaires. Se produit alors un phénomène inflammatoire puisque le système immunitaire réagit à cette croissance tissulaire hors de l'utérus. Lésions, adhérences et kystes ovariens peuvent ainsi apparaître. 

Appareil génital avec endométriose (tissu endométrial en rouge foncé) © Rossella Apostoli - 123RF

"Il n'y a pas qu'une seule endométriose, mais autant que de femmes concernées"

L'endométriose est une pathologie complexe qui se développe différemment d'une femme à l'autre. "Il n'y a pas qu'une seule endométriose, mais autant que de femmes concernées", précise le Dr Luce Bergeret, médecin généraliste et phytothérapeute. Certaines patientes vont ressentir de très violentes douleurs pelviennes, particulièrement au moment des règles (les lésions se prolifèrent, saignent, créent de micros hémorragies en même temps que les règles et laissent des cicatrices fibreuses à chaque cycle menstruel). Pour d'autres, ces douleurs s'accompagnent d'une extrême fatigue, de lourds troubles digestifs et de vertiges, ainsi que de douleurs lors des rapports sexuels. Par ailleurs, l'endométriose peut parfois être invisible et asymptomatique : dans ce cas, elle est souvent découverte par hasard lors d'une consultation gynécologique ou après avoir constaté des difficultés à concevoir un enfant.

"Nous avons conscience du manque d'écoute de la part des médecins qui se sentent souvent démunis face à la prise en charge très limitée de l'endométriose ou qui ne comprennent pas très bien les mécanismes de cette pathologie", explique le Dr Bergeret. Et d'ajouter "qu'à part la chirurgie, les traitements hormonaux ou la ménopause artificielle, qui sont destinés à supprimer les règles et donc à soulager les douleurs, il n'existe aujourd'hui aucun traitement définitif de l'endométriose. Toutefois, il semblerait qu'une alimentation anti-inflammatoire et modulant le terrain hormonal pourrait jouer un rôle dans la stabilisation des lésions et la réduction des symptômes de l'endométriose". De la même façon, un régime riche en antioxydants permet de lutter contre le stress oxydatif, un type de perturbation très présente dans l'endométriose, et qui pérennise l'inflammation. Mais alors, que mettre dans son assiette et quels aliments éviter ?

Les aliments dits "pro-inflammatoires" génèrent des médiateurs intervenant dans la réaction inflammatoire. Les aliments dits "anti-inflammatoires" sont capables de combattre l'inflammation. 

Écarter la viande rouge et la charcuterie

La consommation régulière de viande rouge et de charcuterie augmenterait le risque d'endométriose. En effet, les graisses animales qu'elles contiennent sont pro-inflammatoires. "'D'une part, ces graisses animales sont riches en acides gras saturés pro-inflammatoires, et d'autre part elles fixent les polluants organiques persistants (molécules solubles dans les graisses) et favorisent donc une exposition plus grande aux perturbateurs endocriniens, ce qui peut potentiellement augmenter le risque d'endométriose", précise Fabien Piasco, diététicien-nutritionniste à Challes-les-Eaux.

Limiter les produits laitiers

Les produits laitiers sont à éviter en cas d'endométriose. Pourquoi ? "Parce qu'ils contiennent de l'acide arachidonique et de l'acide palmitique, deux acides gras qui pourraient stimuler la réaction inflammatoire et qui auraient un effet sur le système hormonal", justifie notre spécialiste. De plus, ils contiennent des perturbateurs endocriniens - telle que la dioxine - et une très petite quantité d’œstrogènes... autant de facteurs qui peuvent augmenter le risque d'endométriose. Enfin, la caséine, la principale protéine du lait, est souvent mal tolérée par le système immunitaire, ce qui engendre une réaction inflammatoire et donc une augmentation des douleurs. Reste le lactose qui peut chez les intolérantes majorer les troubles digestifs.

Eviter le gluten

Le gluten est une protéine naturellement présente dans des céréales comme le blé, le seigle, l'orge, l'épeautre, le kamut et par conséquent les produits transformés comme les pâtes, les gâteaux, le pain, les sauces ou les substituts de viande... Limiter le gluten de son alimentation, voire les bannir contribuerait à un meilleur confort digestif et soulagerait les douleurs abdominales liées à l'endométriose. Le gluten causerait une hyperperméabilité intestinale, rendant littéralement les intestins poreux. Des éléments étrangers passent alors dans le sang et provoquent une réaction inflammatoire. "Mieux vaut ainsi privilégier les céréales sans gluten comme le riz et le millet, ou des pseudo-céréales comme le quinoa ou le sarrasin", conseille le diététicien-nutritionniste. 

Se diriger vers un régime faible en FODMAP

"Une alimentation faible en FODMAP (fermentescible, oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols) permettrait de retrouver un certain confort digestif", assure notre interlocuteurLes FODMAP sont des sucres qui ne sont presque pas digérés au niveau de l'intestin grêle comme les autres aliments, ce qui peut provoquer des troubles digestifs comme des gaz, des ballonnements ou des douleurs abdominales ou à l'estomac. Les FODMAP se trouvent dans le blé, les choux, le chocolat, le lait animal, les confiseries ou le miel. 

Bannir l'alcool

L'alcool est à éviter, voire à bannir en cas d'endométriose. "L'alcool est capable de faire varier les taux d'hormones. Par exemple, il augmente le niveau d’œstrogène. Problème : les lésions d'endométriose sont sensibles aux œstrogènes ; il y a généralement une hyperestrogénie et une résistance à la progestérone", explique Fabien Piasco, diététicien-nutritionniste. De plus, l'alcool rend perméable la muqueuse intestinale.

Poivre, paprika, piment... Faire main basse sur les épices fortes 

"Certaines épices ont des propriétés anti-inflammatoires. Toutefois, les épices fortes comme le poivre noir, le paprika ou le piment contiennent des lectines, des protéines végétales qui sont très inflammatoires et qui augmentent la perméabilité des intestins, nous confie Fabien Piasco. Mieux vaut donc les éviter en cas d'endométriose."

Endométriose : les aliments à consommer

  • Les fruits et légumes (bio de préférence) comme les brocolis, les patates douces, l'ananas...  "N'hésitez pas à vous référez à la liste des fruits et légumes les plus contaminés par les pesticides, publiée chaque année par l'Environmental Working Group. Ainsi, il vaudra mieux éviter les fraises, les épinards ou encore les pommes en agriculture conventionnelle, et donc les prendre impérativement bio", précise le nutritionniste. 
  • Les aliments riches en fibres qui pourraient diminuer la concentration d’œstrogènes en favorisant leur élimination (les fibres se lient aux complexes sels biliaires/œstrogènes et empêchent leur réabsorption par le cycle entéro-hépatique).
  • Les aliments riches en oméga 3 réduisent le risque d'endométriose et diminuent la sévérité des symptômes "Il est conseillé de consommer des poissons gras de début de chaîne - la sardine, le maquereau, le hareng (on recommande d'en manger 200 g par semaine) - ou des œufs de poules élevées aux graines de lin qui sont 10 fois plus riches en oméga 3 que les autres œufs", assure Fabien Piasco. L'huile de cameline ou de colza sont également très concentrées en oméga 3. L'idéal, en cas d'endométriose, étant de diminuer sa consommation d'oméga 6 (huile de tournesol, de pépins de raisin, d'arachide…) et d'augmenter celle d'oméga 3. En effet, une trop forte consommation d'oméga 6 permet la synthèse d'une prostaglandine très inflammatoire.
  • Les légumineuses (lentilles, haricots, fèves, pois...) sont sans gluten et à faible index glycémique.
  • Le thé vert bio déthéiné - car la caféine a un effet négatif sur les œstrogènes - est très antioxydant. De plus, "il contient de la catéchine, un polyphénol qui a une action anti-endométriose", conseille- l'expert. 
  • La cannelle est conseillée en cas d'endométriose car c'est une épice anti-inflammatoire et antioxydante qui est capable de réduire  les douleurs pelviennes pendant les règles ainsi que les nausées. "Attention, privilégiez toujours la cannelle de Ceylan ou de Madagascar, qui est toutefois un peu plus chère que la cannelle moulue de supermarché", préconise notre interlocuteur. 

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© Testez Edition

Fabien Piasco est l'auteur de l'ouvrage "L'alimentation anti-endométriose" (Testez Edition). A travers des idées de menus, des témoignages et des études scientifiques décryptées, ce diététicien-nutritionniste divulgue de nombreux conseils pratiques et simples à mettre pour les femmes atteintes d'endométriose, notamment en s'orientant vers une alimentation anti-inflammatoire. L'objectif d'un tel régime ? Eviter l'exposition aux perturbateurs endocriniens, le risque d'inflammation, moduler les hormones, qui agissent notamment sur les cellules endométriales et à terme, soulager les douleurs liées à cette pathologie gynécologique. 

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