Anémie microcytaire : cause, symptôme, est-ce grave ?
L'anémie microcytaire (qui peut être ferriprive, par carence en fer, hypochrome) est un type d'anémie caractérisée par des petits globules rouges. Quels sont les symptômes ? La cause ? Le traitement ? Est-ce grave ? Eclairage.
Définition : qu'est-ce qu'une anémie microcytaire ?
L'anémie est une baisse du taux d'hémoglobine dans le sang (moins de globules rouges) (< 12 g/dl pour les femmes et < 13 g/dl pour les hommes. "L'anémie microcytaires est une anémie à cellules de petites tailles : il y a moins de globules rouges dans le sang et ils sont moins volumineux, définit le Pr Hervé Puy, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier au Centre Français des Porphyries, Hôpital Louis Mourier (Colombes). Les anémies microcytaires sont en général plus fréquentes chez les personnes plus jeunes alors que l'anémie macrocytaire (moins de globules rouges dans le sang et globules rouges de plus grande taille) concerne plutôt des sujets âgés.
Quels sont les types d'anémie microcytaire ?
Il peut s'agir d'une anémie microcytaire ferriprive (anémie par carence martiale c'est-à-dire carence en fer), elle est en général hypochrome suite à un défaut de synthèse de l'hémoglobine.
Quelle est la cause ?
Ce défaut de synthèse peut avoir des causes toxiques ou génétiques qui ralentissent ou bloquent la production par la moëlle osseuse
L'anémie microcytaire est le plus fréquemment liée à une carence en fer (carence martiale). "Celle-ci est surtout due à une augmentation des sorties d'hémoglobine de l'organisme : des pertes hémorragiques visibles ou non visibles, gynécologiques (règles trop abondantes), urinaires (hématuries macro ou microscopique) ou digestives (saignements digestifs hauts ou bas)" informe le médecin. Moins souvent, l'anémie microcytaire est causée par une production diminuée de globules rouges. "Ce défaut de synthèse peut avoir des causes toxiques ou génétiques qui ralentissent ou bloquent la production par la moëlle osseuse" explique le Pr Puy. Une anémie microcytaire peut également avoir pour cause une inflammation. "A cause de l'inflammation, le fer reste bloqué dans les cellules de stockage (foie, rate) et la moëlle osseuse en manque" indique le médecin. Nombre de maladies chroniques (maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, cancers, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque...) associent dans le cadre d'une anémie microcytaire une part inflammatoire et une carence d'apport en fer.
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes de l'anémie microcytaires sont communs à tous les types d'anémie. Celle-ci se signale par :
- une pâleur,
- une fatigue,
- un essoufflement à l'effort puis au repos,
- des maux de tête,
- des vertiges,
- une tachycardie (cœur qui bat trop vite),
- une hypotension (tension artérielle basse).
Est-ce grave et peut-il y avoir des complications ?
"Tout dépend du taux d'hémoglobine et de la durée d'installation de l'anémie" répond le Pr Puy. Une anémie d'apparition brutale est très mal tolérée alors qu'une anémie assez profonde qui s'est installée de façon très progressive est mieux tolérée, l'organisme ayant mis en place un mécanisme d'adaptation.
Comment se fait le diagnostic d'anémie microcytaire ?
Le diagnostic de cette anémie, dans le contexte des signes cliniques évocateurs, est biologique : il est fait avec une prise de sang. La Numération Formule Sanguine (NFS) met en évidence une diminution du nombre des globules rouges et du taux d'hémoglobine circulant dans le sang associé à une baisse du volume moyen des globules (VGM). "Une fois l'anémie microcytaire caractérisée il faut en rechercher la cause. En première intention il faut doser les paramètres du fer :
- dosage de la ferritine, protéine qui stocke le fer de réserve dans les cellules,
- dosage du taux de saturation en fer de la transferrine (TSAT), reflet du transport sanguin du fer du foie ou de la rate vers la moëlle osseuse.
Il est possible d'évaluer le ralentissement (ou rarement l'emballement) de la production médullaire de globules rouges par le taux de réticulocytes (globules rouges non matures) circulants. En général ces anémies microcytaires carentielles sont peu régénératives (cela signifie que la moëlle osseuse n'arrive pas à compenser les pertes d'hémoglobine)" indique le Pr Puy.
Quel est le traitement ?
Le traitement de l'anémie microcytaire ferriprive vise à reconstituer les réserves de l'organisme en fer.
Le traitement dépend de la cause de l'anémie microcytaire. Des examens sont effectués pour chercher un saignement (digestif : fibroscopie, coloscopie, examens gynécologiques, uro-néphrologique, notamment) en cas d'anémie ferriprive. Le traitement de l'anémie microcytaire ferriprive vise à reconstituer les réserves de l'organisme en fer. Il consiste à donner du fer, en augmentant les apports nutritionnels ou avec des prises de sels ferreux solubles par voie orale. Le traitement dure de trois à six mois. "Dans des circonstances dans lesquelles il faut recharger fortement et rapidement l'organisme en fer ou dans le cadre d'une anémie microcytaire inflammatoire, le fer peut être administré par voie injectable, précise le Pr Puy. Lorsque les pertes de sang sont très importantes, notamment dans un contexte traumatique ou chirurgical, il peut être nécessaire de faire une transfusion. Le meilleur moyen de prévenir la carence martiale est de prévenir et de laisser, en l'absence d'inflammation, notre intestin absorber le fer dont il a besoin. Cette absorption intestinale est finement régulée. Il convient de consommer des aliments riches en fer avec des aliments riches en vitamine C (foie de veau et jus de citron par exemple), car la vitamine C améliore l'absorption du fer"
Merci au Pr Hervé Puy, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier au Centre Français des Porphyries, Hôpital Louis Mourier (Colombes)