Vaccin Covid de l'Institut Pasteur : principes, nasal, date
En France, l'Institut Pasteur travaille sur deux projets de vaccin anti-Covid en phase préclinique, dont un vaccin nasal. Le projet de vaccin utilisant le vecteur rougeole ayant été abandonné en janvier 2021. Zoom sur leurs recherches.
Quels sont les principes des candidats vaccins de l'Institut Pasteur ?
L'Institut Pasteur travaille depuis le début de l'année 2020 sur plusieurs projets de vaccins contre le SARS-CoV-2. Ces trois candidats vaccins ont pour objectif d'induire une réaction immunitaire spécifique contre ce coronavirus et notamment la production d'anticorps dirigés contre une protéine de surface propre au coronavirus SARS-CoV-2 : la protéine Spike. Deux d'entre eux utilisent des vecteurs viraux et le dernier est un vaccin ADN. Un des candidats vaccins de l'Institut Pasteur était basé sur le virus du vaccin contre la rougeole. Il s'agit d'un vaccin recombinant utilisant le virus rougeoleux atténué modifié génétiquement (son ADN a été recombiné) pour contenir en plus la protéine Spike du SARS-CoV2. Cette méthodologie utilisant le vecteur rougeole est utilisée depuis quelques années pour le développement d'autres candidats vaccins. Un candidat vaccin contre le chikungunya a obtenu des résultats positifs en phases 1 et 2 dont les éléments ont été publiées dans le Lancet ouvrant la voie à un essai de phase III. D'autres candidats vaccins utilisant ce vecteur sont en cours de développement contre les infections par les virus de la fièvre de Lassa, et Zika. L'Institut Pasteur a annoncé le 25 janvier dans un communiqué sa décision de ne pas poursuivre le développement de ce candidat vaccin car les études de première administration chez l'homme ont montré que les réponses immunitaires induites se sont avérées inférieures à celles observées chez les personnes guéries d'une infection naturelle ainsi qu'à celles observées avec les vaccins autorisés contre le SARS-CoV-2/Covid-19.
Vaccin nasal
Le deuxième projet de recherche de vaccin contre le Covid-19 à l'Institut Pasteur est le candidat vaccin administrable par voie nasale développé avec la société de biotechnologie TheraVectys, issue de l'Institut Pasteur. L'hypothèse des chercheurs ? "Un vaccin efficace contre le SARS-CoV-2 devrait induire une protection vaccinale à la porte d'entrée du virus, c'est-à-dire au niveau des voies respiratoires ; les anticorps neutralisants présents dans le sang ne participeraient finalement que d'une façon marginale à la protection." L'administration intranasale a l'intérêt "d'attirer les éléments de la réponse immunitaire protectrice dans les voies respiratoires supérieures, à la porte d'entrée du virus" indique l'Institut Pasteur dans un communiqué de presse. Ce vaccin introduirait ainsi une immunité au niveau du nez (immunité mucosale).
A savoir : il existe déjà un vaccin nasal contre la grippe et un vaccin nasal est en cours de développement pour une autre maladie respiratoire, la coqueluche.
Vaccin à ADN
Ce candidat-vaccin consiste à injecter un fragment d'ADN de la protéine Spike du virus SARS-CoV-2 dans des cellules humaines. Les cellules reconnaissent ce fragment d'ADN, et le transcrivent en ARN messager capable d'induire la fabrication de la protéine Spike du virus SARS-CoV-2. Aucun vaccin reposant sur cette technique n'a été commercialisé chez l'homme.
Où en sont les essais ?
Le candidat vaccin basé sur l'utilisation d'un vecteur lentiviral et le candidat vaccin basé sur l'ADN sont en fin de recherche pré-clinique. Cela signifie que les essais vont pouvoir débuter chez l'homme. "Le vecteur lentiviral émerge comme un candidat vaccin prometteur pour être administré par la voie nasale pour induire une immunité mucosale presque stérilisante dans deux modèles animaux pré-cliniques très sensibles" informe Pierre Charneau, Responsable de l'unité de Virologie Moléculaire et de Vaccinologie de l'Institut Pasteur, Directeur Scientifique de TheraVectys, Directeur du Laboratoire Commun aux deux entités.Le candidat vaccin basé sur l'utilisation d'un vecteur lentiviral "induit chez l'animal de fortes réponses de type anticorps, neutralisant très efficacement le SARS-CoV-2, ainsi qu'une réponse cellulaire abondante" communique l'Institut Pasteur. Les essais précliniques montrent que la vaccination par voie nasale par ce vecteur réduit de façon très importante la charge virale dans les poumons et prévient l'inflammation pulmonaire pathogénique. Theravectys souhaite mettre en place un premier essai clinique (essai chez l'homme).
Les expérimentations sur des modèles animaux du candidat vaccin basé sur l'ADN ont donné des résultats concluants ce qui pourrait donner lieu à une expérimentation clinique (chez l'homme).
Quelle date de sortie ?
"Les 2 projets de vaccin de l'institut Pasteur étant en phase préclinique nous ne disposons pas encore d'informations sur une date de sortie d'un vaccin" nous a-t-on communiqué à l'Institut Pasteur.
Quels sont les avantages du vaccin nasal ?
Un vaccin par voie nasale contre le Covid-19 aurait l'avantage d'être peu coûteux et très facilement conservable à 4°C, contrairement aux vaccins à ARN messager.
Source : Covid-19 : point d'étape sur la mobilisation scientifique et les programmes de recherche de candidats-vaccins issus de l'Institut Pasteur, Communiqué de presse Institut Pasteur, 25 janvier 2021,