Vaccin Covid et allergie : symptômes, risques avec Pfizer, Moderna, AstraZeneca
La vaccination contre le maladie Covid-19 peut dans de rares cas entraîner des réactions allergiques. Quels symptômes ? Risques avec le vaccin Pfizer, Moderna ou AstraZeneca ? Quelles sont les contre-indications à la vaccination ? Peut-on se vacciner si on est allergique à la pénicilline ? Réponses avec le Dr Madeleine Epstein, allergologue.
[Mise à jour le mercredi 26 mai à 11h29] Le risque de faire une réaction allergique après avoir reçu un vaccin Covid existe mais "est très faible, beaucoup plus faible que celui de faire une réaction à un traitement antibiotique ou d'avoir un accident de la vie quotidienne" rassure l'allergologue Madeleine Epstein. Le professionnel de santé, en amont de la vaccination, s'assure de l'absence de contre-indications temporaires ou définitives à la vaccination (le patient remplit à cette fin un questionnaire) et il détermine le rapport bénéfice/risque de la vaccination pour les patients ou résidents. Il vérifie en particulier les antécédents d'allergie. Quelles contre les contre-indications en cas d'allergie ? Les risques sont-ils les mêmes pour les personnes allergiques ? Quels signes d'alerte ? Que faire quand ça arrive ? Le point avec notre médecin.
Quels risques d'allergie avec le vaccin Pfizer ?
"Il y a un risque pour les gens qui seraient allergiques à un des composants du vaccin, et pas forcément les allergiques à n'importe quoi d'autre" répond le Dr Epstein. Ainsi, la vaccination avec le vaccin Pfizer n'est contre-indiquée que si le patient sait qu'il est allergique à un des constituants du vaccin. "C'est logique. C'est comme si vous aviez un allergique à la cacahuète et que vous lui interdisiez de manger des œufs, ce n'est pas parce qu'on est allergique aux cacahuètes qu'on ne va pas supporter les œufs." Dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology, des allergologues du Massachusetts General Hospital (USA) confirment en décembre 2020 que "les patients souffrant d'allergies sévères aux aliments, aux médicaments oraux, au latex ou aux piqûres d'insectes ou autre venin peuvent se faire vacciner en toute sécurité."
Pour les réactions graves rapportées avec le vaccin Pfizer aux Etats-Unis : "D'ordinaire, la démarche en allergologie c'est que lorsqu'il y a une réaction avec un produit, on fait des tests avec les constituants du produit pour savoir à quoi il y a eu réaction et si c'est réellement une réaction allergique, explique l'allergologue, Ici, nous n'avons pas d'information sur les bilans qui ont été faits sur les patients concernés. On ne sait pas ce qui a causé l'allergie mais le seul composant connu comme étant allergisant et présent dans les vaccins à ARN est le Macrogol, plus précisément le polyéthylène glycol dans le cas du vaccin Pfizer" explique le docteur Epstein. C'est une substance très utilisée en pharmacopée "ce qui veut dire que l'on est très souvent en contact avec les Macrogols, utilisés comme excipients dans le vaccin à ARN pour stabiliser l'ARN qui est porté par des nanoparticules lipidiques". Cependant, elle confirme que "par rapport à leur fréquence d'utilisation, les réactions allergiques sont rares".
Quels risques avec le vaccin Moderna ?
Le vaccin développé par le laboratoire américain Moderna a été autorisé par l'Agence Européenne du médicament mercredi 6 janvier. La HAS s'est prononcée en faveur de son utilisation en France, vendredi 8 janvier. "Le vaccin Moderna est, comme celui de Pfizer, à ARN messager et contient donc des Macrogols, constate Madeleine Epstein. Cela implique que le risque d'allergie à cet excipient existe, mais il demeure très rare", rassure l'experte.
"L'allergie au Macrogol est rare"
Quels risques avec le vaccin d'AstraZeneca ?
"Le vaccin AstraZeneca n'est pas à ARN et ne contiendrait peut être pas de Macrogol. Sa formule complète est encore introuvable" remarque le docteur Madeleine Epstein. "Mais il y a un risque d'allergie car n'importe quelle substance peut être source d'allergie. Le risque zéro n'existe pas : tous les médicaments actifs peuvent provoquer des effets secondaires."
Vaccin Covid et allergie aux PEG (Macrogols)
Si on ne sait pas ce qui a causé les réactions allergiques observées après la vaccination du Covid, "le seul composant connu comme étant allergisant et présent dans les vaccins à ARN est le Macrogol, plus précisément le polyéthylène glycol (PEG) dans le cas du vaccin Pfizer" rappelle le docteur Epstein. Mais "les réactions allergiques sont rares par rapport à leur fréquence d'utilisation" rassure l'allergologue. La vaccination contre la Covid est "uniquement contre-indiquée pour les patients présentant une allergie au polyéthylène glycol (PEG), présent dans les vaccins Pfizer/ BioNTech et Moderna, ou au polysorbate, présent dans le vaccin Astra-Zeneca et dans certains vaccins et médicaments" rappelle la Fédération française d'allergologie dans un communiqué du 19 janvier.
Peut-on se faire vacciner si on est allergique à la pénicilline ?
L'allergie à la pénicilline toucherait 10% de la population, voire moins, selon le Réseau Francais des centres régionaux de pharmacovigilance. "Il n'y a pas de raison de ne pas se vacciner, ni de contre-indication à se faire vacciner si on est allergique à la pénicilline. En effet, on peut être allergique à la pénicilline et ne pas être allergique à d'autres choses" rassure l'allergologue.
Qui est à risque parmi les allergiques ?
"Il n'y a pas de profil type, explique l'allergologue. La seule chose que l'on peut prédire est que si le patient est allergique à un Macrogol, alors il ne peut pas recevoir les vaccins qui en contiennent. Mais cette allergie est rare."
Deux cas de figures possibles :
→ "Soit la personne sait qu'elle est allergique à un des composants du vaccin Pfizer comme les Macrogols, un excipient connu pour être allergisant et on ne le fait pas ce vaccin-là".
→ Soit la personne ne présente aucune allergie connue à l'un des ingrédients du vaccin et elle est vaccinée. "Le patient peut faire une réaction lors de la première injection, ce qui va arriver forcément mais la fréquence sera très faible. Dans ce cas là on ne leur fera pas la seconde injection".
Quels sont les signes en cas d'allergie ?
"Dans les cas décrits au Royaume-Uni et en Alaska, ils ont parlé d'anaphylaxie mais il y a plusieurs stades" expose Madeleine Epstein, allergologue :
- Les éruptions généralisées.
- L'apparition d'une gêne respiratoire, de symptômes digestifs ou cardiovasculaires.
- Le choc anaphylactique. "C'est à ce moment-là qu'il y a chute de tension et plus ou moins perte de connaissance", précise l'allergologue.
"Je n'ai pas entendu dire que les cas d'allergie recensés avaient été jusqu'au choc. Ils ont parlé de réactions anaphylactiques, mais pas de choc anaphylactique, expose l'allergologue. Ce que j'ai lu sur les symptômes des patients est qu'ils ont ressenti des démangeaisons et une gêne respiratoire. Aucun symptôme objectif n'a été décrit, il n'y a que des symptômes subjectifs : cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas existé, mais cela signifie qu'ils peuvent être attribués à diverses causes." Actuellement, le risque de réaction allergique de type anaphylaxie est estimée à moins de 1 cas sur 100.000 doses. Elle peut concerner tous les patients et tous les vaccins.
Le patient doit être surveillé au moins 30 minutes après l'injection.
Au bout de combien de temps après la vaccination les signes apparaissent ?
"C'est très rapide. La réaction allergique apparaît en moins d'une heure. Si vous faites une anaphylaxie, la réaction est quasiment instantanée, informe Madeleine Epstein. Passé une heure, le risque est beaucoup moins important, c'est pour cela que dans les recommandations, il est conseillé de surveiller le patient au moins 30 minutes après l'injection s'il y a un risque d'anaphylaxie." Il faut différencier les effets secondaires graves comme les réactions anaphylactiques et les "effets de l'immunisation" qui sont de petits symptômes liés à l'activation du système immunitaire qui se met en route suite à la vaccination, comme :
- La fièvre.
- Une douleur localisée au bras.
- De la fatigue.
- Maux de tête.
Que faire en cas d'allergie ?
"Normalement le patient doit rester sous surveillance au moins 15 minutes (après la vaccination, ndlr), rappelle le Dr Epstein. Il peut donc signaler s'il observe l'apparition de symptômes." Si des signes d'allergie surviennent : "Les médecins prennent le patient en charge comme pour toutes allergies. Ils utilisent des antihistaminiques ou directement de l'adrénaline selon la gravité de la réaction."
En cas d'anaphylaxie : L'utilisation d'adrénaline constitue la base de la prise en charge des formes sévères. Le médecin doit appeler le 15 et en attendant le SMUR ou le réanimateur, mettre le patient dans une position adaptée (en respectant sa position de confort) puis injecter l'adrénaline (dans la cuisse). Un patient qui présente une anaphylaxie doit être hospitalisé pour surveillance même si les symptômes régressent rapidement.
L'allergie est-elle une contre-indication à la vaccination ?
"Il n'y a aucune raison d'interdire quelque chose à quelqu'un dont on ne connaît pas l'allergie vis-à-vis de ce produit, rappelle l'allergologue. C'est une contre-indication quand on a une allergie avérée aux Macrogols ou à un ingrédient présent dans la formule du vaccin." Il existe un autre cas dans lequel il ne faut pas vacciner : "Si la personne n'était pas considérée comme allergique, mais qu'elle a fait une réaction à la première dose, on ne va bien entendu pas faire la deuxième." Dans un communiqué du 5 janvier, la Fédération Française d'Allergologie avait expliqué qu' "à la lumière des milliers de vaccinations qui ont eu lieu en Grande Bretagne, aux États-Unis et au Canada, on peut vacciner avec le vaccin Pfizer/ BioNTech les patients qui présentent une allergie médicamenteuse ou alimentaire grave". 'Nous sommes dans une balance de bénéfices/risques, rappelle l'allergologue. Madeleine Epstein. Quel est le risque de faire une réaction ou de présenter un effet secondaire par rapport à l'avantage que j'ai à faire le vaccin ?"
Peut-on faire un "test" pour voir si nous sommes allergiques au vaccin ?
"Ça ne serait pas raisonnable, il faudrait beaucoup trop de doses et ça coûterait trop cher pour les risques encourus" avertit l'allergologue. De plus "en allergologie, un test n'est pas prédictif, il ne suffit pas pour dire qu'il y a une allergie. Il indique une sensibilisation. Un diagnostic d'allergie ne repose pas uniquement sur un test."
Merci au docteur Madeleine Epstein, allergologue et membre du Syndicat Français des Allergologues (SYFAL).
Source : Portfolio "Vaccination anti-covid" à destination des professionnels de santé, Ministère de la Santé, janvier 2021.