Durée de vie du coronavirus : surface, air, peau, tissu ?
Le Covid-19 pourrait se transmettre par voie aérienne à plus de 2 mètres estiment les autorités sanitaires américaines. Plastique, cuivre, verre, tissu, écran d'un smartphone... Sait-on combien de temps le coronavirus survit-il hors du corps, sur un objet, sur une surface ou sur la peau ? Etudes et réponses des scientifiques.
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Découvert à Wuhan en Chine en décembre 2019, le coronavirus responsable du Covid-19 est un virus particulièrement contagieux. En permanence sous le radar des infectiologues, des virologues et d'autres scientifiques, ce virus a un niveau de contagion, un mode de transmission, une durée d'incubation et un taux de létalité que l'on connaît de mieux en mieux. Mais que sait-on sur sa durée de vie ? Combien de temps reste-t-il infectieux ? Quelle est sa résistance sur différents matériaux ? Sur le plastique ? Sur la peau ? Et sous la semelle des chaussures ? Le point à date sur les différentes études.
Durée de vie du coronavirus sur un smartphone ?
Dans une étude de l'Agence scientifique nationale australienne (CSIRO), des chercheurs ont estimé que le Sars-CoV-2, le virus responsable du Covid-19, serait capable de survivre jusqu'à 28 jours sur de surfaces lisses, tels que les écrans de smartphone, du verre, de l'acier inoxydable ou des billets de banque, à une température de 20°C, soit à peu près à une température ambiante. À 30°C, ce taux de survie chuterait à 7 jours et à 40°C, le virus survivrait que 24 heures. En revanche, sur des surfaces poreuses comme le coton, le virus a survécu moins longtemps, jusqu'à 14 jours à la température la plus basse et moins de 16 heures à la plus haute. "Nos résultats montrent que le SRAS-CoV-2 peut rester infectieux sur les surfaces pendant de longues périodes, renforçant le besoin de bonnes pratiques telles que le lavage régulier des mains et le nettoyage des surfaces", a déclaré le Dr Debbie Eagles du Centre australien de préparation aux maladies.
Durée de vie du coronavirus sur la peau ?
Une étude menée par des chercheurs japonais de l'Université de médecine de Kyoto, dont les résultats ont été publiés le 3 octobre dans la revue Clinical Infectious Diseases, a révélé que le Sars-CoV-2, virus responsable de l'épidémie de Covid-19, pouvait survivre jusqu'à 9 heures sur la peau humaine. Tandis que le virus de la grippe saisonnière, lui avait une durée de vie de moins de deux heures sur la peau. Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont mené leur expérience en laboratoire sur des échantillons de peau d'autopsie médico-légale, normalement destinés aux greffes. En revanche, les deux virus ont été complètement éliminés en 15 secondes lorsque les échantillons de peau ont été désinfectés avec une solution hydroalcoolique à 80% d'alcool.
Durée de vie du coronavirus sur un masque ?
Dans une étude publiée dans la revue médicale The Lancet, des chercheurs ont analysé la durée de vie du coronavirus dans des conditions proches de la vie normale (une température de 22°C avec un taux d'humidité aux alentours de 65%) sur différentes surfaces. Constat principal : des traces de coronavirus - à un niveau détectable - peuvent être décelées jusqu'à 7 jours sur la face extérieure d'un masque chirurgical après contamination et jusqu'à 4 jours sur la face intérieure d'un masque après contamination.
Durée de vie du coronavirus dans l'air ?
Le coronavirus survit jusqu'à 3 heures à l'air libre.
Selon les centres américains de prévention de lutte contre les maladies, le coronavirus pourrait bel et bien se propager et transmettre par voie aérienne. Dans une mise à jour de leur site internet du 5 octobre 2020, les scientifiques indiquent que les petites gouttelettes et particules virales seraient capables de rester en suspension dans l'air pendant plusieurs heures et infecter les gens qui se trouvent à plus de 2 mètres de la personne contaminée. La voie principale de contamination reste toutefois l'inhalation de gouttelettes respiratoires lorsque la personne infectée postillonne, tousse ou éternue. Auparavant, une étude* menée par des chercheurs américains et publiée le 17 mars 2020 dans The New England Journal Of Medicine a révélé combien de temps le coronavirus pouvait survivre dans l'air et sur différentes surfaces. Résultats. Pour déterminer la durée de vie du coronavirus à l'air libre, les chercheurs ont utilisé un nébuliseur, un appareil qui permet de transformer du liquide (ici des gouttelettes contenant des particules virales de Covid-19) en particules très fines. Ces particules ont ensuite été pulvérisées à l'aide d'un aérosol dans l'air ambiant et sur différentes supports, dans le but d'imiter les projections de salive d'une personne contaminée qui tousse ou qui éternue. Au terme de leur expérience : les chercheurs ont retrouvé des fines particules viables de coronavirus en suspension dans l'air 3 heures après les avoir pulvérisées dans l'air. La charge virale avait toutefois légèrement baissé (elle est passée de 103,5 à 102,7 TCID50 par litre d'air à la fin de l'expérience). Autrement dit, le coronavirus pourrait rester viable et infectieux à l'air libre jusqu'à 3 heures. Ces chiffres sont à prendre avec précautions car ils dépendant de la quantité de charges virales émises dans l'air. Dans cette expérience, les aérosols étaient extrêmement concentrés en particules virales, ce qui n'est pas forcément le cas lorsqu'une personne tousse ou éternue. "Pour le moment, nous ne savons pas quelle quantité de particules virales est émise lorsqu'une personne contaminée tousse ou éternue", indiquent les auteurs de l'étude. Difficile donc de déterminer le risque de contamination environnementale et combien de temps le virus va précisément persister dans l'air. Dans une lettre rendue publique le lundi 6 juillet, près de 240 scientifiques ont alerté l'Organisation mondiale de la Santé, sur le risque de "transmission aérienne du Covid-19". Selon ces chercheurs, les particules virales du virus seraient capables de rester suspendues dans l'air, bien au-delà de deux mètres, et donc il y aurait un risque de transmission par l'air. "Il existe un potentiel important de risque d'inhalation de virus contenus dans des gouttelettes respiratoires microscopiques (microgouttelettes) à des distances courtes et moyennes (jusqu'à plusieurs mètres, de l'ordre de l'échelle d'une pièce), et nous prônons le recours à des mesures préventives pour empêcher cette voie de transmission aérienne", indiquent-ils. En l'absence de preuve, ils conseillent de mieux "ventiler les lieux de travail, écoles, hôpitaux, EHPAD et maisons de retraite" en y installant notamment des filtres à air ou des rayons ultraviolets spéciaux capables de tuer les microbes dans les conduits d'aération.
• A retenir : en fonction de la concentration en charge virale des gouttelettes émises, la température ou l'humidité ambiante, la durée du virus dans l'air peut varier de 0 à 3 heures, comme c'était d'ailleurs le cas pour le coronavirus à l'origine de l'épidémie de Sras (en 2002) ou le Mers (en 2012).
Durée de vie du coronavirus dans l'eau ?
Le sel présent dans l'eau de mer réduirait la charge virale du Covid-19
Peut-on attraper le Covid-19 dans l'eau ? Interrogé à ce sujet, le Haut conseil de la Santé publique estime qu'"aucune donnée de survie et de maintien du caractère infectieux du virus SARS-CoV-2 dans les eaux du milieu naturel n'existe actuellement". Autrement dit, le Covid-19 ne pourrait pas se transmettre via l'eau. En effet, selon une étude menée par le Conseil supérieur de la recherche scientifique espagnol (CSIC), le sel présent dans l'eau de mer réduirait la charge virale du Covid-19. Dans les piscines et les jacuzzis, l'utilisation de chlore en guise de désinfectant pourrait avoir le même pouvoir. En revanche, en eau douce comme dans un lac ou dans une rivière, la survie du virus pourrait être plus longue, indiquent les auteurs de l'étude. Par ailleurs, selon l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer), aucune trace du coronavirus n'a pour le moment été détectée dans des échantillons d'eau de mer ou les coquillages prélevés sur différents endroits du littoral français.
Durée de vie du coronavirus sur différents matériaux ?
Les résultats de l'étude américaine ont également montré que le virus du Covid-19 pouvait rester viable et infectieux de plusieurs heures à plusieurs jours sur différentes surfaces :
- Jusqu'à 72 heures, soit 3 jours, sur du plastique
- Jusqu'à 48 heures, soit 2 jours sur de l'acier inoxydable
- Jusqu'à 24 heures, soit 1 jour sur du carton
- Jusqu'à 4 heures sur du cuivre
Le plastique et l'acier sont les surfaces où la viabilité du virus est la plus longue.
On ne sait pas avec certitude combien de temps ce nouveau coronavirus survit sur les surfaces mais il semble qu'il se comporte comme les autres coronavirus. Les études (et les informations préliminaires sur le COVID-19) tendent à montrer que les coronavirus peuvent persister sur les surfaces quelques heures à plusieurs jours. "Ceci peut dépendre également d'autres paramètres comme la température ou l'humidité ambiante" confirme l'Organisation mondiale de la Santé sur son site internet. Toutefois, ces résultats permettent d'avoir un ordre de grandeur sur la durée de vie du coronavirus et de les comparer sur différentes surfaces.
• Dans le doute, nettoyez régulièrement les surfaces potentiellement infectées (particulièrement les écrans des téléphones, les poignées de porte, les interrupteurs d'éclairage, les rampes d'escaliers...) avec un désinfectant pour tuer le virus. "Il existe des désinfectants chimiques qui peuvent tuer le Covid-19 sur les surfaces. Il s'agit notamment de désinfectants à base d'eau de Javel ou de chlore, de solvants, d'éthanol à 75%, d'acide peracétique et de chloroforme", précise l'OMS. En cas de contact avec cette surface, lavez-vous les mains à l'eau et au savon ou avec une solution hydro-alcoolique, et évitez de vous toucher les yeux, la bouche ou le nez.
Le coronavirus peut-il survivre sur un objet ou un colis ?
Le risque de contracter le virus par contact avec un colis est extrêmement faible, voire nul.
Etant donné qu'un virus peut rester viable et infectieux plusieurs heures sur une surface, la contamination reste théoriquement toujours "possible" au contact d'un objet contaminé ou d'une surface infectée. Toutefois, la contamination par les matériaux représenterait "potentiellement une toute petite partie des transmissions" précisent les auteurs de l'étude. Dans ce contexte, le risque de contracter le coronavirus par contact avec un colis qui a été déplacé, qui a voyagé et qui a été exposé à différentes conditions et températures, est très faible, voire inexistant.
"Il est possible d'attraper le Covid-19 en touchant une surface ou un objet où se trouve le virus puis en portant sa main à sa bouche, à son nez, à ses yeux, mais ce n'est pas le principal mode de transmission", confirme le Centers For Disease Control and Prevention, l'Agence de santé publique des Etats-Unis. En France, Santé publique France s'est aussi accordée à dire que le coronavirus se transmet principalement par contact direct et rapproché, à savoir entre deux personnes situées à moins d'un mètre de distance, par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu'une personne tousse ou éternue.
Le coronavirus peut-il survivre sur des chaussures ?
Une récente étude menée par l'Académie des sciences médicales militaires de Wuhan en Chine, relayée par le Japan Times, a révélé que le virus pouvait survivre sur la semelle des chaussures, notamment celles du personnel médical des services Covid-19. Les résultats ont été publiés vendredi 10 avril dans la revue du Center for Disease Controle et Prevention des Etats-Unis. Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont analysé des échantillons de surface et d'air d'une unité de soins intensifs et d'un service Covid-19 à l'hôpital Huoshenshan de Wuhan (Chine) accueillant 24 patients entre le 19 février et le 2 mars. Au terme de leur étude, les chercheurs ont déterminé que les sols analysés présentaient des taux élevés de particules virales "peut-être à cause de la gravité et du flux d'air qui font flotter la plupart des gouttelettes de virus vers le sol". De plus, la moitié des échantillons de la semelle des chaussures du personnel médical ont été testés positifs au Covid. Les semelles des chaussures pourraient donc "fonctionner comme des porteurs" et donc des vecteurs de transmission du coronavirus. Dans ce contexte, les chercheurs invitent les personnels soignants à laver et désinfecter régulièrement leurs chaussures, notamment lorsqu'ils sortent des pièces qui hébergent des personnes contaminées.
Y a-t-il un risque de contamination par les aliments ?
Par précaution, lavez-vous les mains en rentrant des courses et rincez les fruits et légumes à l'eau.
Pour le moment, "la transmission du coronavirus par voie digestive directe est écartée" rassure l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) dans un communiqué du 11 mars. Par ailleurs, la contamination d'un animal étant peu probable, la possibilité de transmission directe du virus par un aliment issu d'un animal contaminé a été exclue par les experts. Autrement dit, le coronavirus ne peut être transmis par la viande ou le poisson, à partir du moment où ces derniers sont cuits. Toutefois, pour réduire au maximum les risques :
- Lavez-vous les mains dès le retour de courses et rincez vos fruits et légumes à l'eau. Une personne infectée peut contaminer les aliments en les préparant ou en les manipulant avec des mains souillées, ou en les exposant à des gouttelettes infectieuses lors de toux et d'éternuements. Ce sont d'ailleurs des règles d'hygiène de base que l'on devrait appliquer même en dehors d'une épidémie.
- Il est conseillé de cuire les légumes à la vapeur et d'éplucher fruits et légumes par précaution.
- Par analogie avec d'autres coronavirus connus, ce virus semble sensible aux températures de cuisson. Ainsi, un traitement thermique à 63°C pendant 4 min (température utilisée en restauration collective) permet de diviser par 10 000 la contamination d'un produit alimentaire.
Transmission : quelles précautions pour limiter les risques ?
Pour limiter la contagion du coronavirus, il est essentiel de respecter les gestes barrières et les consignes de distanciation sociale :
- Se laver fréquemment (particulièrement après une sortie) et soigneusement les mains à l'eau et au savon, ou à défaut, avec un gel antibactérien.
- Maintenir une distance d'au moins un mètre avec les autres personnes qui toussent ou qui éternuent.
- Éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche.
* Etude "Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2 as Compared with SARS-CoV-1", New England Journal of Medicine, Universités de Californie, LA, Princetown, 17 mars 2020.