Vitamines et Covid : lesquelles, dans l'alimentation ?

Tous les moyens sont bons pour renforcer son système immunitaire afin d'éviter de contracter la Covid-19. Une cure de vitamines est-elle efficace ? Que prendre ? A quelle posologie ? Que manger ? Conseils du Dr Grégoire Cozon, immunologue.

Vitamines et Covid : lesquelles, dans l'alimentation ?
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Des vitamines contre le coronavirus : bonne ou mauvaise idée ?

Face à un virus contagieux comme le Sars-CoV-2 responsable de la pandémie de Covid-19, on peut être tenté de faire une cure de vitamine (C par exemple), de probiotiques et autres compléments alimentaires pour booster son système immunitaire et se prémunir de l'infection. Un réflexe qui a du sens ? "À ce jour, aucune étude ne démontre que la prise de vitamines peut aider à prévenir le coronavirus", explique le Dr Grégoire Cozon, immunologue au CHU de Lyon. Néanmoins, certains réflexes permettent de renforcer son immunité pendant cette période épidémique, même si le plus efficace reste de respecter les gestes-barrières et les mesures de confinement mises en place par le gouvernement français. 

Que prendre ?

De la vitamine D pour booster son système immunitaire

En période hivernale, nous sommes nombreux à avoir une carence en vitamine D. Or, il semblerait qu'elle joue un rôle contre les viroses. "Si la vitamine D n'a pas d'utilité prouvée contre le Covid-19 en lui-même, on sait en revanche qu'elle permet de lutter contre certaines bactéries et peut-être certains virus", explique le Dr Grégoire Cozon. À ce titre, il préconise une prise quotidienne plutôt qu'en ampoules à hautes doses. "Les patients ayant une colopathie fonctionnelle absorbent très mal les vitamines, il est préférable de privilégier une forme quotidienne en quantités limitées (4 gouttes de Dédrogyl® ou Stérogyl®), si l'on a des troubles digestifs", poursuit le spécialiste.

Des extraits de pépins de pamplemousse pour combattre les bactéries

Ce sont d'excellents antifongiques, antibactériens et antiviraux naturels. À raison de 15 gouttes trois fois par jour, ils sont souvent efficaces contre les agents infectieux de la sphère O.R.L., même si là encore, aucune étude scientifique ne l'a démontré. "Précisons que les extraits de pépins de pamplemousse sont différents du jus de pamplemousse, connu pour inactiver certains médicaments, là ce n'est pas le cas", ajoute l'immunologiste.

Des probiotiques pour renforcer son microbiote intestinal

"Des études scientifiques ont démontré que les probiotiques favorisaient la réponse anticorps chez la souris. Bien que cela n'ait pas encore été prouvé chez l'homme, on sait qu'une flore intestinale déséquilibrée peut engendrer une modification du système immunitaire", observe le spécialiste. Les probiotiques peuvent donc se révéler utiles pour rééquilibrer la flore intestinale, souvent déséquilibrée à cause du recours excessif aux antibiotiques, d'une alimentation non adaptée et du stress.

Que manger : quels aliments pour booster son système immunitaire ?

On évite de manger trop de viande rouge, qui favorise l'inflammation.

"Le plus important, c'est d'avoir une alimentation variée et équilibrée, notamment en consommant des fruits et légumes crus (des agrumes ou des fruits rouges par exemple qui contiennent de la vitamine C) car ils renferment de nombreux antifongiques, antiviraux et antibactériens naturels. Ce sont de très bons moyens de mieux combattre la présence de virus et de bactéries."

En revanche, notre interlocuteur nous conseille d'éviter tous les aliments qui sont pro-inflammatoires, à savoir les sucres, les farines raffinées ou encore la viande rouge. "Ces aliments pro-inflammatoires pourraient favoriser des réponses anormales du système immunitaire, ce qui peut se révéler délétère si l'on est atteint du Covid-19", commente l'immunologue.

Conseils pour éviter l'infection

On dort 8 heures minimum par nuit

  • Attention au stress : on sait que le stress est pro-inflammatoire et qu'il a des effets délétères sur le système immunitaire, il est donc urgent de le faire diminuer. "S'il est normal de se sentir déprimé à l'idée de rester confiné chez soi, il faut en profiter pour suivre des techniques de relaxation et de méditation", note le spécialiste.
  • Bien dormir. Le manque de sommeil diminue lui aussi la réponse du système immunitaire, il est donc indispensable de dormir au minimum huit heures par nuit. "Si on est infecté, le repos intervient naturellement, il permet de mettre notre organisme au service du système immunitaire pour nous défendre contre les agents infectieux", poursuit le Dr Grégoire Cozon.
  • Attention aux anti-inflammatoires (ibuprofène) qui font baisser la fièvre : la fièvre est une réaction du système immunitaire qui intervient pour nous protéger. C'est notre premier moyen de lutte contre les bactéries et les virus et un bon indicateur d'une infection. Si la fièvre est bien tolérée, inutile de la faire baisser avec des médicaments.  En gardant la température corporelle à 38 ou 39°C, on inactive plus rapidement les virus qui n'aiment absolument pas se retrouver dans cette chaleur. La prise de paracétamol va faire baisser la fièvre mais 4 à 6 heures plus tard, son effet s'estompera, le thermostat du cerveau sera à nouveau réglé sur 38 ou 39°C et on va à nouveau frissonner pour produire de la chaleur. "Or, il faut autant que possible éviter de faire des pics dans tous les sens", explique le Dr Grégoire Cozon, immunologue au CHU de Lyon. En cas de fièvre supérieure à 40°C, de convulsions chez l'enfant ou d'importantes céphalées chez l'adulte, il faut l'avis d'un médecin.

Plantes et vitamines : précautions

Dans un communiqué du 17 avril 2020, l'Anses alerte sur les dangers de certains compléments alimentaires à base de plantes. Méfiance donc si vous choisissez un cocktail-vitamines plantes en pharmacie. "Certaines plantes contenues dans les compléments alimentaires peuvent perturber les défenses naturelles de l'organisme en interférant notamment avec les mécanismes de défense inflammatoires utiles pour lutter contre les infections et, en particulier, contre le COVID-19" explique l'Autorité.  Il s'agit des plantes contenant des dérivés de l'acide salicylique (analogues de l'aspirine), telles que le saule, la reine des prés, le bouleau, le peuplier, la verge d'or, les polygalas mais aussi des plantes contenant d'autres anti-inflammatoires végétaux, telles que l'harpagophytum, les échinacées, le curcuma, la griffe du chat (appelée aussi liane du Pérou), les plantes des genres Boswellia et Commiphora (connues pour leurs gommes-oléorésines appelées respectivement " encens " et " myrrhe ").

Merci au Dr Grégoire Cozon, immunologue au CHU de Lyon.