Variant Pirola Covid : en France, dangereux chez la femme ?

Variant Pirola Covid : en France, dangereux chez la femme ?

Il s'appelle BA.2.86 ou "Pirola" et est arrivé en France en 2023.

Le variant BA 2.86 ou "Pirola" est le parent du variant JN.1, majoritaire en France depuis novembre 2023 et toujours en 2024.

C'est quoi le variant Pirola ?

Pirola est le surnom donné au variant BA.2.86, un sous-variant d'Omicron, lui-même variant de la souche originale du Covid-19. Le premier cas d'infection aurait été détecté au Danemark le 24 juillet 2023, puis plusieurs autres cas ont été rapportés, notamment en Catalogne (Espagne) le 15 août. Depuis, il circule surtout en Europe et notamment en France. BA.2.86 a subi une divergence génétique importante par rapport à BA.2 (lignage le plus proche) : il possède plus de 30 mutations au niveau de la protéine Spike. "Ces mutations lui confèrent un échappement à la neutralisation par les anticorps, mais aucun signal préoccupant en termes de sévérité ne lui a été associé" indiquait Santé Publique France en avril 2024.

Les femmes davantage touchées ?

"Il n'y a pas d'affinité particulière pour les femmes par rapport aux hommes"

Une analyse de 140 cas menée par les cellules régionales de Santé publique France indique que cette variante toucherait davantage les femmes que les hommes, avec une répartition de 60.4% (84 cas) contre 39.6% (55 cas). Même constat pour le sous-lignage JN.1 où la répartition des infections homme/femme est la suivante : 65% de femmes touchées contre 35% d'hommes. Cette tendance pourrait s'expliquer par le fait que les femmes exercent plus fréquemment des métiers en contact direct avec le public que les hommes, les exposant ainsi plus fréquemment au virus. Une autre explication pourrait être que les femmes se font plus testées que les hommes, d'où cette "sur-représentation" des femmes parmi les cas d'infection. Mais ce ne sont que des hypothèses. A ce jour, "il n'y a pas d'affinité particulière pour les femmes par rapport aux hommes. Il n'y a aucune étude qui puisse démontrer que ce nouveau sous-variant touche plus les femmes que les hommes et qu'il est présente une quelconque gravité pour un genre en comparaison à l'autre", a tenu à rassurer le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, contacté par le site Hespress FR.

Quels symptômes entraîne le variant Pirola ?

Selon l'analyse de Santé publique France, 97% des personnes infectées au variant Pirola présentent des symptômes. Les symptômes les plus fréquemment observés chez les personnes infectées au variant BA.2.86 sont :

  • L'asthénie (grande fatigue)
  • Les céphalées (maux de tête)
  • La fièvre
  • La toux
  • L'écoulement nasal

Ces symptômes sont également présents chez les cas de JN.1. En novembre 2023, des médecins anglais rapportent des cas d'éruptions cutanés (notamment des irritations au niveau du visage et des yeux) chez des patients ayant été infectés par Pirola.

Combien de cas en France ?

Il a été détecté en France le 31 août 2023. Au 17 novembre 2023, il devient le variant le plus détecté en France, représentant 58% des séquences interprétables contre 46% pour la semaine précédente. Cette augmentation est portée principalement par JN.1, sous-lignage de BA.2.86. Cependant à ce stade, aucun signal préoccupant en termes de santé publique n'a été associé à BA.2.86.

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Détection des variants classés au cours des enquêtes Flash, France hexagonale / En rose foncé : le variant Pirola © Santé publique France

Le variant Pirola est-il plus dangereux ?

Lors de son identification, le grand nombre de mutations de BA.2.86, dont une partie importante dans la protéine Spike, a été source de préoccupations sur son échappement immunitaire potentiel et sur l'efficacité des vaccins. Selon une étude co-réalisée par Massimo Ciccozzi, directeur de l'Unité de statistique moléculaire et d'épidémiologie du Campus bio-médical de Rome et publié dans le Journal of Medical Virology, le variant Pirola présenterait "un nombre significatif de 40 mutations qui pourraient permettre au virus d'échapper à la réponse immunitaire" (bien plus que son prédécesseur le BA.2) mais parmi elles, "deux sont à contrôler particulièrement sur la protéine Spike (qui joue un rôle crucial dans les infections et dans la réponse immunitaire) car elles pourraient le rendre plus transmissible", insistent les auteurs. Ces résultats doivent être confirmés, en particulier avec des études en vie réelle, insiste de son côté Santé publique France.

"Aucun signal atypique ou préoccupant n'a été décrit"

L'une des deux mutations rappelle celle présente sur la souche originale de Wuhan et l'autre ressemble à la variante Delta. Cependant, selon Santé Publique France, "en termes de présentation clinique et de sévérité, aucun signal atypique ou préoccupant n'a été décrit à ce jour avec ce virus".

Pourquoi le nom "Pirola" ?

Depuis plusieurs mois, l'OMS a cessé d'utiliser les lettres grecques pour définir les sous-variants d'Omicron. Si le nom officiel est BA.2.86, il est appelé dans le langage courant "Pirola", comme d'autres sous-variants qui sont surnommés Triton, Centaure, Kraken, Arturo ou Eris. Si les raisons de ce surnom n'ont pas été officiellement dévoilées, il semblerait que Pirola fasse référence au nom d'un astéroïde découvert en 1927, en Galice, mais il est également utilisé familièrement en Espagne pour désigner le système reproducteur masculin, rapporte le journal espagnol El Periodico.

  • Analyse de risque sur les variants émergents du SARS-CoV-2 réalisée conjointement par Santé publique France et le CNR Virus des infections respiratoires Mise à jour du 11/12/2023, n°46
  • Infections respiratoires aiguës (grippe, bronchiolite, COVID-19). Bulletin du 27 décembre 2023.