Quels sont les traitements de l'obésité ?
Certains médicaments comme le Xenical (orlistat) sont indiqués en cas d'obésité. A partir d'un certain IMC, la chirurgie bariatrique peut être envisagée. Liste des techniques, indications, précautions, prise en charge... Le point avec le Dr Agnès Sallé, médecin endocrinologue et nutritionniste.
Les traitements médicamenteux
Depuis 10 ans, les médicaments contre l'obésité ont tous été supprimés successivement. La seule molécule encore disponible actuellement en France est l'orlistat (commercialisé sous le nom Xenical® en France), un inhibiteur de la lipase pancréatique. Prescrit sur ordonnance, il vise à empêcher l'absorption des graisses et entraîne des pertes de poids modérées au cours des six premiers mois de traitement. "Pour qu'il soit efficace et bien toléré, il est nécessaire d'avoir une alimentation équilibrée et que la ration en lipides ne dépasse pas 30% de la ration calorique totale, autrement cela risque d'entraîner des diarrhées graisseuses voire des incontinences anales", commente le Dr Agnès Sallé, médecin endocrinologue et nutritionniste.
Les traitements chirurgicaux
La chirurgie bariatrique, ou chirurgie de l'obésité, vise à modifier la manière dont les aliments sont assimilés et absorbés par le système digestif. Elle est indiquée en cas d'obésité de grade 2, c'est-à-dire avec IMC supérieur à 35 kg/m² à condition qu'il y ait des comorbidités spécifiques ou d'obésité morbide de grade définie par un IMC supérieur à 40 kg/m². "C'est toujours en deuxième intention après échec des mesures hygiéno-diététiques bien conduites".
Il y a quatre types de chirurgie qui sont autorisées par la Haute Autorité de Santé : la sleeve gastrectomie, l'anneau gastrique ajustable, le bypass gastrique en y, la dérivation bilio-pancréatique avec duodénal switch. "Les 3 premières chirurgies sont indiquées sans spécification de l'IMC supérieur à 35 ou à 40 kg/m². Quant à la dérivation bilio-pancréatique avec duodenal switch, elle n'est autorisée que pour les IMC supérieurs à 50 kg/m². Il existe d'autres types de chirurgie mais non validées par la HAS ", précise l'endocrinologue.
Des traitements naturels ?
"Il n'existe pas de substance miraculeuse pouvant faire perdre du poids malheureusement. Le traitement naturel, c'est d'avoir une bonne hygiène de vie", explique le médecin nutritionniste.
L'activité physique
L'obésité est liée à un excès d'apport calorique par rapport à la dépense énergétique. L'excès d'apport est en lien avec une alimentation inappropriée sur le plan qualitatif ce qui conduit à dépasser les capacités d'oxydation de l'organisme. Il n'y a pas que l'aspect quantitatif à prendre en considération. "De ce fait, la chirurgie bariatrique seule ne fonctionne pas, il faut y associer une alimentation équilibrée et une activité physique quotidienne associant de l'endurance et du renforcement musculaire. L'activité physique en soi ne fait pas perdre de poids mais elle va améliorer la composition corporelle en permettant un gain de masse musculaire qui va indirectement augmenter la dépense énergétique de l'organisme en augmentent la dépense énergétique de repos ", ajoute la spécialiste.
Le suivi psychologique
Pour pouvoir accéder à la chirurgie bariatrique, une évaluation psychiatrique et/ou psychologique est nécessaire. "Elle vise à éliminer une pathologie psychiatrique qui constituerait une contre-indication à l'opération et à évaluer la compliance au long cours. Notons que pour les personnes n'ayant aucun trouble du comportement ni aucune pathologie psychologique, une seule évaluation suffit. Dans le cas contraire, un travail psychologique peut être nécessaire", précise le Dr Agnès Sallé.
Traiter l'obésité sans chirurgie c'est possible ?
Il existe des programmes d'éducation thérapeutique qui reposent sur un suivi médical, diététique, en activité physique et psychologique. On apprend notamment au patient à accepter son image et à vivre avec son corps d'obèse. En effet "Aujourd'hui, on sait que pour améliorer les complications de l'obésité et la qualité de vie, il suffit de perdre 10% de son poids. On obtient de très bons résultats lorsque les conseils sont suivis au long cours car intégrés comme de nouvelles habitudes", se réjouit le médecin nutritionniste.
Quels traitements chez les enfants ?
"La chirurgie bariatrique n'est pas indiquée chez les enfants mais elle peut l'être dans certains cas chez les adolescents dans des CHU spécialisés labellisés. En dehors ces cas, le traitement repose avant tout sur un programme d'éducation thérapeutique le plus souvent en hospitalisation de plusieurs mois. Il y a aussi des prises en charge de proximité qui se développent de plus en plus", explique la spécialiste.
Entreprendre un traitement avant ou après une grossesse ?
Quand on est obèse, il est primordial d'essayer de perdre du poids avant de débuter une grossesse afin d'améliorer le pronostic de la grossesse. "Il existe des complications spécifiques liées à l'obésité pendant la grossesse : diabète gestationnel, hypertension artérielle, macrosomie, mais aussi un risque plus élevé de césarienne", prévient le Dr Agnès Sallé.
Prise en charge des traitements de l'obésité
L'Orlisat n'est pas remboursé. Quant à la chirurgie bariatrique, elle est remboursée selon une base de remboursement de chirurgie digestive simple mais il peut y avoir des dépassements d'honoraires. "Les consultations psychologiques et diététiques ne sont pas remboursées en libéral mais il arrive qu'elles le soient lorsqu'elles sont effectuées en hôpital dans le cadre d'un programme", nuance l'endocrinologue. Des maisons du sport labellisées se développent dans les villes pour aider les médecins généralistes à prescrire de l'activité physique adaptée mais les cours ne sont pas pris en charge.
Merci au Dr Agnès Sallé, médecin endocrinologue et nutritionniste.