Sport et obésité : les plus adaptés, ceux à éviter, bienfaits santé

Si le sport est un atout dans le traitement de l'obésité, il ne doit pas être pratiqué n'importe quand, n'importe comment. Quels sont les sports les plus adaptés ? Ceux à éviter ? Et à quelle fréquence ? Réponses avec le Dr Boris Hansel, endocrinologue, diabétologue et nutritionniste à l'hôpital Bichat.

Sport et obésité : les plus adaptés, ceux à éviter, bienfaits santé
© Alena Ozerova - 123RF

L'obésité désigne un excès de masse grasse qui peut nuire à la santé. Si l'IMC (Indice de Masse Corporelle) permet d'identifier les personnes qui sont théoriquement à risque de devenir obèses, il ne suffit pas pour poser le diagnostic.  
En effet, on peut avoir de la graisse qui n'est pas dangereuse ou beaucoup de muscles et apparaître obèse sur l'IMC mais pas selon la définition. "Globalement, une personne ayant un IMC qui dépasse 25 présente un risque d'être en surpoids et on parle d'obésité quand il se situe au-dessus de 30. Plus on a de la masse grasse mal placée, plus on a de risques de développer des pathologies cardiovasculaires et de connaître des complications ", explique le Dr Boris Hansel. 

Conséquences de l'obésité sur la forme physique 

Un excès de poids altère la forme physique, tout comme une altération de la forme physique entraîne une prise de poids. "C'est un cercle vicieux mais même si l'excès de poids peut favoriser l'altération de la forme physique, le fait même de reprendre le sport permet de retrouver un équilibre, nuance le spécialiste. Autrement dit, on peut tout à fait avoir une bonne condition physique tout en étant obèse. L'idée reçue selon laquelle on ne peut pas faire de sport parce que l'on est obèse est fausse. C'est précisément parce qu'on ne fait pas de sport qu'on est fatigué, essoufflé, qu'on a mal partout et qu'on va grossir." 

Quels sports à éviter quand on est obèse ?

En situation d'obésité et en particulier de déconditionnement à l'effort, il va falloir limiter les sports d'impact parce qu'ils peuvent aggraver une atteinte articulaire. "C'est pour cela que je ne recommande pas la course à pied. À partir du moment où le patient n'est plus déconditionné et qu'il est bien équipé (notamment avec des chaussures adaptées qui amortissent les impacts), la course à pied devient tout à fait possible, indique le spécialiste. En pratique mon équipe recommande de démarrer avec une activité qui limite les impacts et dont il est facile d'ajuster l'intensité, à savoir le vélo elliptique ou le vélo semi-allongé, plutôt que le vélo à selle pour limiter l'appui sur le périnée. Contrairement à ce que l'on pense, la natation ne permet pas d'atteindre les recommandations parce qu'on ne va pas pouvoir ajuster précisément l'intensité de l'effort et que l'on va avoir du mal à nager 2h30 par semaine. On peut évidemment nager en plus, si on aime cela ". 

Quels sports sont les plus adaptés en cas d'obésité ?

"L'idée première n'est pas de savoir quels sports sont adaptés mais lesquels vont permettre d'appliquer les recommandations de l'OMS", explique le nutritionniste. 

Sport sur ordonnance : qu'est-ce que l'Activité Physique Adaptée (APA) ? 

Depuis mars 2017, le médecin traitant peut prescrire de l'APA chez les personnes atteintes de diabète de type 2 ou d'obésité en précisant les objectifs recherchés (par exemple : perte de poids, régulation de la glycémie…). "La prescription doit être systématique chez toute personne qui consulte pour un problème d'obésité et qui justifie qu'on soit encore plus attentif à l'accompagnement pour pratiquer ces recommandations. Il n'y a pratiquement aucune contre-indication à la pratique d'une activité physique et sportive ", tient à préciser le diabétologue à l'hôpital Bichat.

Quels bienfaits sur la santé ? 

"Dès lors qu'une personne obèse fait du sport, elle obtient des bienfaits sur sa santé, aussi bien respiratoire que mécanique en quelques semaines" explique notre interlocuteur. La pratique d'une activité physique régulière offre de nombreux bienfaits sur la santé. Elle permet :

  • De réduire le risque de maladies cardiovasculaires, d'hypertension, d'accident vasculaire cérébral, de diabète, de dépression et de nombreux cancers.
  • De renforcer les os et ainsi prévenir l'ostéoporose.
  • D'améliorer le sommeil.
  • De maintenir un poids de forme

"Contrairement à ce que l'on pense, la natation ne permet pas d'atteindre les recommandations"

Combien de temps par semaine ?

"La recommandation en terme d'activité physique est internationale et se retrouve dans tous les textes d'experts. Elle se décline en trois grandes catégories qui ne peuvent pas se substituer les unes aux autres" note l'endocrinologue : 

  • Un cadre d'activité physique structuré d'endurance à intensité modérée : Une séance doit durer 10 minutes sans interruption et la durée totale sur la semaine doit être de 150 minutes minimum, soit 2h30. Quant à l'intensité, avec laquelle on va faire les exercices, elle doit être modérée. "Il y a des techniques pour évaluer l'intensité des exercices que vous pratiquez. Il est usuel de considérer qu'il faut répartir cette activité sur au moins quatre séances par semaine ", ajoute le spécialiste.
  • La lutte contre la sédentarité : c'est le fait d'être en mouvement toute la journée. La meilleure manière de quantifier les choses, c'est le temps passé assis, en sachant qu'il doit être inférieur à quatre heures par jour ou d'utiliser un traqueur d'activité qui mesure le nombre de pas, en visant 10 000 pas par jour. 
  • Le renforcement musculaire : au moins deux fois par semaine, on va effectuer des exercices qui mettent en jeu les grands groupes musculaires, à savoir les quadriceps, les dorsaux, les abdominaux, les fessiers et qui nécessitent un accompagnement parce qu'on peut se faire mal. 

Quelle alimentation ?

"La modification des apports alimentaires est liée au sport : jusqu'à trois heures de sport d'intensité modérée à soutenue par semaine, on ne change rien. On doit simplement aller vers une alimentation équilibrée classique", poursuit le Dr Boris Hansel. 

Merci au Dr Boris Hansel, endocrinologue diabétologue et nutritionniste à l'Hôpital Bichat. Coordonnateur de la chaine santé de l'université de Paris www.pums.fr.

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