Infarctus du myocarde : définition, signes d'une crise cardiaque
L'infarctus fait généralement référence à l'infarctus du myocarde, le muscle du cœur. Néanmoins, un infarctus peut toucher n'importe quel organe vascularisé du corps dès que la circulation artérielle qui "nourrit" les cellules de cet organe est interrompue. Définition, causes, symptômes, bons gestes... Zoom sur l'infarctus.
L'infarctus du coeur se produit quand un caillot bouche une artère coronaire. La seule solution est de déboucher l'artère le plus rapidement possible après le début des symptômes. Cette "reperfusion" rapide diminue la mortalité et les complications associées à l'infarctus du myocarde. Chez la femme, l'infarctus ne se manifeste pas toujours comme chez l'homme. La Fédération française de cardiologie rappelle que près de la moitié des femmes de moins de 60 ans, victimes d'un infarctus du myocarde n'ont pas ressenti de symptômes classiques. Les personnes présentant un fort risque cardiovasculaire et leur entourage doivent avoir le réflexe de composer le 15 ou le 112 sur un portable, lorsque surviennent des symptômes évocateurs d'un infarctus.
Qu'est-ce qu'un infarctus du myocarde ?
L'infarctus du myocarde (IDM) parfois appelé "crise cardiaque" dans le langage courant, est une mort des cellules du cœur suite à un défaut de vascularisation et donc d'oxygénation de ces cellules. Un IDM est dû à l'obstruction brutale d'une artère coronaire par un caillot ("thrombus"). Le cœur agit comme une "pompe", au sein de l'organisme. Il propulse le sang à travers l'organisme et joue donc un rôle moteur dans la circulation sanguine. Lors d'un infarctus du myocarde, une ou plusieurs des artères vascularisant le cœur (artères coronaires) se bouche(nt). Le sang ne passe plus, et la zone du cœur normalement irriguée par cette artère se retrouve alors privée de sang. Si l'artère n'est pas rapidement désoccluse, une partie du tissu du muscle cardiaque "meurt". Cela entraîne des problèmes de contraction du muscle cardiaque (myocarde), se manifestant par des troubles du rythme, une insuffisance cardiaque, voire l'arrêt du cœur. Les conséquences d'un infarctus du myocarde sont plus ou moins importantes selon l'étendue de la zone asphyxiée et selon la rapidité de la reperfusion. Si l'atteinte est très étendue ou d'emblée massive, le cœur peut arrêter de battre car le muscle n'est plus perfusé par le sang. Il peut alors survenir un arrêt cardiaque.
A quel âge est-on le plus à risque d'infarctus ?
En France, l'âge moyen de survenue de l'infarctus du myocarde est de 61 ans chez l'homme et de 75 ans chez la femme. Son incidence maximale se situe dans la décennie des 60 - 69 ans chez l'homme et des 70 - 79 ans chez la femme.
Quels sont les facteurs de risque d'une crise cardiaque ?
Plusieurs facteurs, appelés "facteurs de risque de la maladie cardiovasculaire" sont responsables du développement de la plaque d'athérome à l'origine de l'obstruction. Tout d'abord les facteurs non modifiables :
- l'âge,
- l'ethnie,
- le sexe,
- les antécédents familiaux.
Ensuite les facteurs de risque modifiables, qui sont principalement influencés par les comportements :
- le diabète,
- la dyslipidémie,
- l'hypertension artérielle,
- le surpoids et l'obésité,
- le tabagisme,
- les facteurs psychosociaux comme le stress.
Quels sont les différents types d'infarctus ?
On distingue l'infarctus du myocarde (touchant le coeur), l'infarctus cérébral au niveau du cerveau (appelé aussi "accident vasculaire cérébral ischémique"), l'infarctus mésentérique au niveau intestinal, l'infarctus pulmonaire qui concerne les poumons et l'infarctus osseux qui est une lésion au niveau du tissu osseux dont la cause est une obturation de l'artère qui assure son irrigation.
Symptômes : à quoi ressemble la douleur de l'infarctus ?
L'apparition d'une douleur thoracique représente la manifestation typique de l'infarctus du myocarde. Cette douleur violente "prend" au milieu de la poitrine, comme un étau ou un écrasement, irradiant souvent dans les épaules, la mâchoire, voire jusque dans le bras gauche. Elle apparaît brutalement. Elle ne disparaît pas au repos. Elle provoque l'étrange sensation de recevoir un poids ou une barre dans la poitrine. Son intensité varie d'un degré minime jusqu'à la violente douleur. Elle s'accompagne d'une impression de mort imminente et ne cède pas au repos. Peuvent également survenir un malaise, des nausées, des vertiges ou une perte de connaissance. Un infarctus du myocarde peut être très douloureux, mais pas toujours. Certains infarctus sont même silencieux : près d'un quart des infarctus du myocarde ne s'accompagnent pas des signes typiques. Il arrive d'ailleurs qu'un infarctus soit dépisté a posteriori, en raison de la survenue d'une complication.
Parmi les signes d'alerte d'un infarctus :
- une oppression thoracique,
- des difficultés à respirer,
- des palpitations,
- des troubles digestifs,
- une fatigue persistante et un essoufflement à l'effort.
Quelles sont les causes de l'infarctus du myocarde ?
Ce sont les plaques d'athérome (athérosclérose) qui se forment à l'intérieur des vaisseaux sanguins du cœur (artères coronaires) qui rétrécissent leur diamètre et bloquent le passage du sang. Une rupture de ces plaques d'athérome peut aussi former un caillot sanguin (thrombus) qui se bloque à l'intérieur d'une artère coronaire. Dans les deux cas, c'est l'obstruction complète de cette dernière qui entraîne une souffrance du muscle cardiaque.
Infarctus chez la femme
Chez la femme, l'infarctus ne se manifeste pas toujours comme chez l'homme. La Fédération française de cardiologie rappelle que près de la moitié des femmes de moins de 60 ans, victimes d'un infarctus du myocarde n'ont pas ressenti de symptômes classiques, à savoir une douleur dans la poitrine irradiant le bras gauche et la mâchoire. Les femmes sont plutôt concernées par 3 signes atypiques : la sensation d'épuisement, l'essoufflement à l'effort et les nausées. Une attention particulière est nécessaire de la part des jeunes femmes présentant au moins un facteur de risque cardiovasculaire : tabac, stress, sédentarité, hypertension artérielle, cholestérol, diabète, etc. Les femmes ont tendance à sous-estimer leur douleur et à être dans le déni, ce qui constitue une véritable perte de chance, car les femmes se remettent moins facilement d'une crise cardiaque. Leurs artères sont plus difficiles à revasculariser, plus fines et plus fragiles que celles des hommes.
Crise cardiaque chez les jeunes
Contrairement à une idée répandue, la survenue d'une crise cardiaque avant l'âge de 45 ans survient pour la moitié des cas chez des personnes ayant des facteurs de risque cardiovasculaire préexistants et/ou consommateurs de drogues récréatives. Pour l'autre moitié, il s'agit d'un vasospasme coronarien, d'une dissection coronarienne spontanée ou d'une thrombophilie non diagnostiquée.
Quel examen permet de poser le diagnostic d'infarctus ?
L'électrocardiogramme est le premier examen effectué en urgence par le SAMU en cas de suspicion d'infarctus du myocarde. Si celui-ci montre qu'une artère est totalement obstruée, c'est alors une course contre la montre qui s'engage pour la désocclure le plus rapidement possible (transfert immédiat pour effectuer une coronarographie le plus souvent suivie d'une angioplastie coronaire). Si l'artère n'est que partiellement obstruée, des médicaments sont administrés et d'autres examens seront effectués dans le service de soins intensifs cardiologiques pour juger du délai de réalisation de la coronarographie. Plus le traitement est débuté précocement, plus l'étendue de l'infarctus sera faible et meilleur sera le pronostic à court et long termes.
C'est dans les premières minutes que tout se joue.
Que faire en cas de crise cardiaque ?
Dès que le diagnostic d'infarctus est suspecté, il convient de contacter en urgence le 15 ou le 112. "C'est une urgence vitale. Plus la prise en charge est précoce, meilleur sera le pronostic. C'est dans les premières minutes que tout se joue", rappelle le Dr Boulé. Grâce à quelques réponses, le médecin régulateur du Samu pourra évaluer l'état médical du patient. Une équipe mobile vient alors sur place pour prendre en charge en urgence le patient et le conduire vers l'hôpital le plus proche. Un électrocardiogramme effectué sur place par les équipes de premier secours permet de confirmer le diagnostic. En attendant, faites le moins d'effort possible, allongez-vous et surélevez vos jambes pour améliorer la tension artérielle et prenez votre traitement (dérivé nitré) si vous souffrez déjà d'une angine de poitrine.
Quel est le traitement après un infarctus ?
Le traitement après un infarctus du myocarde (après le traitement à la phase aiguë qui vise la revasculariation) débute par un contrôle étroit des facteurs de risque cardio-vasculaires :
- arrêt du tabagisme,
- diminution du surpoids,
- diminution du cholestérol,
- équilibre strict de la tension artérielle ou du diabète.
Parallèlement, des médicaments sont systématiques : des bêtabloquants, de l'aspirine, une statine pour diminuer le taux de mauvais cholestérol ("LDL-cholestérol"), un inhibiteur de l'enzyme de conversion, et un dérivé nitré en spray à prendre en cas de survenue de nouveaux symptômes : l'éducation du patient est primordiale. Enfin, après l'infarctus, la réadaptation cardiaque est primordiale pour rééduquer le cœur à l'effort.
Complications d'un infarctus
Les complications de l'infarctus du myocarde sont de 2 ordres : celles survenant au moment de l'infarctus et celles survenant à distance, conséquences de la mort cellulaire d'une partie du muscle cardiaque. Au moment de l'infarctus, le risque le plus grave est le décès du sujet. Parallèlement, peuvent survenir des troubles du rythme cardiaque, un choc cardiogénique... Parmi les complications à distance, on retrouve également des troubles du rythme cardiaque, un risque de récidive de l'infarctus, mais surtout une insuffisance cardiaque chronique, complication principale à l'origine du retentissement sur la vie de l'individu.
Comment prévenir un infarctus du myocarde ?
Afin d'éviter de faire un nouvel infarctus du myocarde, il faut diminuer les facteurs de risque :
- maintenir une alimentation équilibrée,
- pratiquer une activité sportive,
- ne pas fumer,
- éviter le surpoids,
- prendre régulièrement ses médicaments,
- respecter un suivi médical régulier.
"Dans la grande majorité des cas, même s'il s'agit en apparence d'un événement brutal, l'infarctus révèle un encrassement des artères du cœur (artères coronaires), qui s'est constitué très progressivement sur plusieurs années, sous l'influence des facteurs de risque cardiovasculaires", explique le Dr Boulé avant de lister d'autres facteurs de risque : hérédité, âge, hypertension artérielle, sédentarité, cholestérol trop élevé, etc.
Quels sont les chiffres de l'infarctus en France ?
On compte environ 120 000 infarctus du myocarde par an en France. Environ 10 % des victimes décèdent dans l'heure qui suit et le taux de mortalité à un an est de 15 %. Le pronostic s'est amélioré au cours des 15 dernières années : grâce aux progrès thérapeutiques, à la vitesse d'intervention du Samu (à condition de l'appeler rapidement) et à la disponibilité accrue d'unités de cardiologie interventionnelles opérationnelles 7j/7 et 24h/24, la mortalité relative à 30 jours a chuté de 68 %. "On constate que la proportion de femmes de moins de 60 ans victimes d'IDM est en nette augmentation. Dans le registre français FAST-MI, elle est passée de 17% en 1995 à 29% en 2015. Ceci est en grande partie lié à l'augmentation des facteurs de risque dans cette population, notamment le tabagisme et l'obésité", détaille Stéphane Boulé, cardiologue spécialisé dans la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque et membre de la Fédération Française de Cardiologie.
Merci au Dr Stéphane Boulé, cardiologue spécialisé dans la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque et membre de la Fédération Française de Cardiologie.