Aspect de l'urine : normal, couleur, trouble, foncée
Vos urines sont foncées, troubles, mousseuses, teintées de sang ? En fonction de leur couleur, de leur odeur ou de leur volume, elles peuvent révéler un problème. Quelles significations ? Quand s'inquiéter ? Tour d'horizon des différents symptômes avec le Dr Isabelle Tostivint, néphrologue.
Couleur de l'urine normale
La couleur idéale de l'urine est jaune pâle, un peu comme la couleur du vin blanc. Concernant la fréquence, la diurèse normale est d'environ 1.5 L d'urine par jour, ce qui correspond à 5 à 7 mictions par jour.
Urine foncée
Des urines trop foncées ou trop concentrées ne sont pas anodines. "Lorsqu'elles sont associées à des diarrhées, des urines oranges ou jaunes foncé peuvent révéler un début de maladie digestive. Des urines très concentrées associées à une sensation de faim permanente et à une perte de poids malgré conservation de son appétit peuvent traduire une hyperthyroïdie", explique la néphrologue. Il existe des urines que les néphrologues qualifient de "bouillon sale" ou de "Coca-Cola". Cette coloration brunâtre reste rare, est souvent accompagnée d'autres signes (œdèmes, hypertension...) et peut traduire une attaque rénale. II faut consulter.
Urine rouge (sang)
La présence de sang dans les urines correspond à une hématurie. "Attention, lorsque par exemple, on mange des betteraves ou des aliments riches en vitamine C comme des baies rouges ou de la rhubarbe, on parle de "fausse hématurie" car l'urine ne contient pas de sang. En revanche, la présence de sang dans les urines est la plupart du temps signe d'une infection des reins (pyélonéphrite) ou des voies urinaires (cystite)", explique la spécialiste. Un examen cyto-bactériologique des urines (ECBU) permet de le vérifier. "Chez les personnes fumeuses et plus âgées, l'hématurie peut être plus grave et signe de polypes ou de calculs qui irritent la muqueuse interne du rein, voire d'un cancer de la vessie." Des examens complémentaires (échographie, dosage sanguin, cystoscopie...) sont nécessaires.
Urine trop claire
Des urines trop claires, voire transparentes comme de l'eau sont également à surveiller. "Des urines très diluées peuvent vouloir dire que l'on boit beaucoup, voire trop, ou que l'on consomme trop de diurétiques (café, tisanes...) et que l'on sur-sollicite les reins pour éliminer l'eau. Résultat : ils risquent de ne plus concentrer correctement les toxines à terme et entraîner une obligation d'uriner plusieurs litres par jour pour excréter la même quantité d'urine", explique la néphrologue.
Urine fréquente
Certaines femmes font pipi très souvent, plus de 7 fois par jour et/ou plus d'une fois par nuit. On appelle ça la pollakiurie. "Cela n'est généralement pas pathologique, mais cela peut traduire un état de stress ou un manque de confiance en soi. Cela est très fréquent chez les jeunes femmes et les adolescentes qui ont peur d'avoir envie d'aller aux toilettes", décrit le Dr Isabelle Tostivint. Une envie fréquente d'uriner peut être aussi le signe d'une cystite aiguë, d'une pyélonéphrite, d'un début de grossesse ou d'un dysfonctionnement lié à une atteinte du système nerveux comme en cas de sclérose en plaque, d'AVC ou de maladie de Parkinson. Dès que vous avez envie de faire pipi, retenez-vous un quart d'heure de plus pour habituer votre cerveau à se contenir. Si vous n'y arrivez pas, consultez votre médecin.
Urine trouble
Des urines troubles, vertes ou avec un dépôt blanchâtre au fond de la cuvette sont souvent le signe d'une infection (présence de bactéries dans les urines) comme la cystite (infection urinaire basse), voire une pyélonéphrite (infection urinaire haute), surtout si les mictions sont associées à des brûlures. Concrètement, la femme a l'impression d'avoir du sable dans ses urines. "Une urine avec des desquamations vaginales peut mimer la présence de leucocytes dans les urines. S'il n'y a pas de sang dans l'urine ou d'autres symptômes associés, cela est relativement banal, mais nécessite tout de même une surveillance", conseille le Dr Tostivint. Cela peut également révéler la présence de petits cristaux de calcium ou de phosphate dans les urines.
→ Réalisez un test à la bandelette urinaire pour déterminer la cause d'une urine trouble avec votre médecin.
→ L'urine normale doit être limpide.
Urine mousseuse
Vous constatez que vos urines moussent comme de la bière ? "Des urines mousseuses ou écumeuses sont le signe d'alerte d'une atteinte des filtres qu'on appelle les glomérules du rein et qui peut conduire à une insuffisance rénale, surtout si vous prenez du poids et si vous remarquez l'apparition d'œdème", prévient le Dr Tostivint. S'il fonctionne correctement, le rein filtre le sang en retenant l'albumine, une protéine normalement présente dans le sang. S'il ne fonctionne pas correctement, cette albumine peut s'échapper dans les urines et les rendre mousseuses. Consultez votre médecin pour faire des explorations et déterminer la cause.
Urine odorante
L'odeur de l'urine peut changer et n'est généralement pas le signe d'un trouble, sauf chez les personnes atteintes de certains troubles métaboliques rares et sauf si elle est associée à d'autres symptômes. "Une urine malodorante est souvent liée aux aliments que l'on mange comme les asperges ou certaines épices qui lorsque leurs constituants se dégradent durant la digestion, dégagent une odeur peu agréable. En revanche, une urine qui sent très mauvais et qui devient trouble, est le signe typique d'une infection urinaire", prévient la néphrologue.
→ Bon à savoir : l'urine sent plus fort le matin car elle est plus concentrée.
→ Boire une tisane (queue de cerise, fenouil, reine-des-prés, bouleau...) après le dîner permet de diluer l'urine et aide le rein à mieux éliminer les toxines et les autres déchets via les urines.
Urine qui pétille
Une urine qui pétille ou qui bulle est le signe d'une pneumaturie, c'est-à-dire la présence d'air ou de gaz dans l'urine. Concrètement, la personne a la sensation d'uriner de l'eau gazeuse. "La pneumaturie est souvent la cause de maladies inflammatoires des intestins avec comme complication la fistule colo-vésicale -anomalie de communication entre le côlon et la vessie généralement associée à une diverticulite, une inflammation de la paroi du gros intestin- ou la maladie de Crohn", indique la spécialiste. Dans ce cas, la pneumaturie s'accompagne de fièvre, de fécalurie (présence de selles dans les urines) et de troubles digestifs. Très rarement, ces petites bulles sont produites par des bactéries présentes dans l'urine lors d'une infection urinaire par exemple.
Urine abondante
Certaines personnes boivent peu et urinent énormément, sans que ce soit pathologique. Cela peut provenir de l'alimentation (fruits et légumes riches en eau ou en potassium, régimes ultra vegan). "En revanche, si on commence à avoir très souvent soif et à se réveiller la nuit pour boire et pour aller aux toilettes, c'est un signe d'alerte qu'il faut absolument surveiller. Il peut s'agir d'un syndrome polyuro-polydipsique caractérisé par une augmentation de la production d'urine (polyurie, soit un volume d'urine supérieur à 3L en 24 heures), accompagnée d'une soif excessive (polydipsie). Et cela peut être le signe d'un diabète de type 1 ou d'un diabète calcique, qui révèle un excès de calcium dans les urines voire dans le sang", détaille notre interlocutrice. A l'inverse, le fait de boire beaucoup et d'uriner très peu peut être le signe d'une hyperthyroïdie, très fréquente chez la femme jeune.
pH de l'urine : trop élevé ou trop faible ?
Idéalement, le pH normal de l'urine doit être compris entre 4.5 et 6.5.
► Si le pH est supérieur à 6.5 (alcalin), le risque d'infection urinaire et de calculs augmente. "C'est souvent visible chez les végétariens et les vegan et qui ont très souvent une carence en fer. Pour moduler son pH, il est conseillé de réintroduire des protéines animales dans son alimentation, de se supplémenter en fer ou de consommer des extraits de cranberry", conseille l'experte.
► Si le pH est inférieur à 5.5 (acide), il peut s'agir d'une conséquence de diarrhées "qui provoquent une élimination anormale des selles alcalinisantes". Cela peut aussi être le signe d'une insulinorésistance "surtout fréquente lors de la ménopause, lorsque le tour de taille s'épaissit et que cette graisse abdominale synthétise des molécules rendant l'action de l'insuline impossible. Il y a alors un risque de calculs d'acide urique, de diabète de type 2, d'hypertension et de maladies cardio-vasculaires".
Merci au Dr Isabelle Tostivint, néphrologue.