Albumine dans les urines (albuminurie) : est-ce grave ?

Albumine dans les urines (albuminurie) : est-ce grave ?

L'albumine est une protéine normalement présente dans le sang, pas dans les urines. Lorsque c'est le cas, cela peut révéler une insuffisance rénale, un diabète ou une autre anomalie. Quel est le taux normal ? Pourquoi le taux est élevé pendant la grossesse ?

L'albumine est une protéine, que l'on retrouve en grande quantité dans le sang. Elle représente à elle seule 60% des protéines du sang, et est donc la plus importante d'entre elles. Mais en temps normal, on ne la retrouve pas dans les urines. Quand c'est le cas, cela signale un dysfonctionnement rénal. On parle alors d'albuminurie. Comment tester l'albumine dans l'urine ? Comment interpréter ses résultats ? Que signifie une albuminurie élevée ? Et un taux bas ?

Définition : c'est quoi l'albuminurie ?

L'albumine est une protéine, que l'on retrouve en grande quantité dans le sang. Elle représente à elle seule 60% des protéines du sang, et est donc la plus importante d'entre elles. Mais en temps normal, on ne la retrouve pas dans les urines. Quand c'est le cas, cela signale un dysfonctionnement rénal. On parle alors d'albuminurie. "L'albumine n'est pas la seule protéine qu'on peut retrouver dans les urines en cas de pathologie, explique le docteur Romain Troalen, médecin généraliste. En général, on fait alors une protéinurie pour les rechercher toutes." Celles-ci se rencontrent essentiellement en cas de maladie rénale ou de diabète. Mais elles peuvent se compliquer d'un syndrome oedémateux, correspondant à l'accumulation d'eau dans le secteur interstitiel (espace situé entre les vaisseaux et les tissus et souvent visible par un gonflement des zones déclives, chevilles et jambes). Quand la présence d'albumine dans les urines est faible, mais légèrement au-delà de la normale, on parle de microalbuminurie.

Comment tester l'albumine dans l'urine ?

L'albuminurie ou la protéinurie, se fait à jeun. "Il y a deux manières de la mesurer, explique le Docteur Romain Troalen. Via les bandelettes urinaires, et via la protéinurie sur 24 heures." Pour lui "l'utilisation de bandelettes n'est qu'une piste. Si elle est positive, il faut absolument faire une analyse d'urines plus poussée". Dans ce cas, la recherche d'albumine dans les urines se fait au laboratoire, sur un échantillon de la première miction du matin, puis sur un recueil des urines réalisé pendant 24 heures.

"Dans la plupart des cas, l'albuminurie est détectée par hasard"

Pourquoi faire une albuminurie ?

La recherche d'albumine dans les urines permet de dépister facilement les maladies rénales, qui entraînent peu de symptômes jusqu'à un stade avancé. "Dans la plupart des cas, l'albuminurie est détectée par hasard lors d'un test à la médecine du travail par exemple", précise le docteur Troalen. La recherche d'albumine dans les urines est effectuée ponctuellement quand le médecin suspecte diverses pathologies telles qu'une pancréatite, une hypertension artérielle ou un diabète.

Comment interpréter ses résultats d'albuminurie ?

"Entre 30 et 300 mg/24 heures, on est face à une microalbuminerie. Si on dépasse les 300 mg/24 heures, alors là, c'est très élevé, et il faut rapidement faire des examens complémentaires", explique le docteur.

C'est quoi une albuminurie élevée ?

Lorsqu'un taux élevé est détecté au premier test, cela ne signifie pas avec certitude qu'il y a une lésion grave du rein. Le docteur Troalen conseille d'abord de vérifier que ce ne soit pas un faux positif. Les protéines peuvent être très concentrées dans l'urine à cause du pH urinaire trop élevé, ou s'il y a du sang dans les urines. Il faut recontrôler 15 jours après, ou faire un autre test 24 heures après. Celui-ci, s'il est couplé avec le dosage de créatininurie (une autre protéine) sur 24 heures, pourra orienter sur la cause probable de la protéinurie. Il faudra ensuite faire d'autres examens en laboratoire. "Néanmoins, quand il y a une albuminurie très élevée, plus de 3 g/24 heures, là il faut rapidement un avis d'un néphrologue (spécialiste du rein)", prévient le docteur Troalen. "Quand on a un patient avec des antécédents familiaux, de l'hypertension ou du diabète, une protéinurie à plus d'1 g / 24 heures doit aussi être prise en charge rapidement." En effet, on retrouve de grandes quantités d'albumine dans les urines en cas de grave lésion. Il s'agit généralement d'un processus qui s'étale sur plusieurs années, comme chez les patients diabétiques : de petites quantités d'albumine passent dans les urines dans un premier temps, du fait de petites modifications du filtre rénal. Puis ces modifications s'aggravent et les quantités présentes sont de plus en plus importantes.

Que signifie un taux élevé d'albumine pendant la grossesse ?

Chez la femme enceinte, "il est normal que le taux d'albumine double ou triple", explique le docteur Troalen. Ça peut montrer jusqu'à 200 mg/24 heures sans que l'on ait à s'inquiéter. Néanmoins, le taux d'albumine est régulièrement recherché chez la femme enceinte pour éviter tout risque. En effet, si le test est très élevé (dépasse les 300 mg/24 heures) il faut rapidement faire des examens complémentaires pour trouver la pathologie associée, qui peut être un risque pour le bébé à venir : "Un taux d'albumine élevé peut être le signe d'une pré-éclampsie (aussi appelée "toxémie gravidique"), qui est l'association d'une hypertension et d'un œdème qui, ajoutée à la protéinurie, donne un risque retard de croissance intra-utérin, voire un risque dans de très rares cas si ce n'est pas pris en charge, de mort in utero."

Que signifie un taux bas d'albuminurie ?

"S'il est à moins de 30 mg/24 heures, alors, il n'y a pas de problème, puisque l'albumine n'est pas censée se retrouver dans l'urine", rappelle le généraliste. Néanmoins, il peut y avoir des faux négatifs, si les autres protéines sont mal détectées, ou si les urines sont trop diluées. Que faire ?  Il n'y a rien à faire si le taux est bas, sauf quand une pathologie est suspectée, alors il faudra demander une recherche particulière ou refaire les tests.

Merci au Dr Romain Troalen, médecin généraliste.