Benzodiazépines : indications, risques, surdosage, que faire ?
Les benzodiazépines (BZD) sont des molécules utilisées comme somnifères, calmants ou anxiolytiques. Liste des médicaments commercialisés en France, propriétés, durée d'action, effets secondaires et équivalences.
Définition : qu'est-ce qu'une benzodiazépine ?
Les benzodiazépines appartiennent au groupe des sédatifs et des anxiolytiques car elles ont la capacité de diminuer l'activité du cerveau et donc l'anxiété et le stress. Elles sont parmi les médicaments les plus consommés au monde, et en particulier en France en raison de leur efficacité rapide sur les symptômes.
Propriétés des benzodiazépines
De par leur action directe sur le système nerveux central, elles ont aussi des propriétés hypnotiques (inducteur de sommeil), myorelaxantes et anticonvulsivants, à des niveaux différents en fonction de leur structure chimique. Interrompre un traitement de benzodiazépine de plus de 4 semaines, quel que soit la dose, peut provoquer un syndrome de sevrage. C'est pourquoi l'arrêt de ce type de traitement doit être étroitement surveillé sur le plan médical.
Durée d'action : demi-vie
Disponible par voie orale ou injectable, elles ont une demi-vie d'action (temps nécessaire pour que sa concentration dans le sang diminue de moitié) qui peut varier de 2h30 pour le Zolpidem à 150 heures pour le Prazépam par exemple. On distingue ainsi les benzodiazépines à courte durée d'action qui ont une demi-vie de moins de 20h (Zopiclone, Témazépam, Loprazolam, Lormétazépam, Estazolam, Clotiazépam, Oxazépam, Lorazépam ou Alprazolam), des benzodiazépines à longue durée d'action avec une demi-vie de plus de 20 heures permettant aux effets de se maintenir durant une plus longue période (Flunitrazépam, Nitrazépam, Bromazépam, Clobazam, Diazépam, Ethyle loflazépate, Nordazépam, Clorazépate dipotassique). Plus de la moitié des benzodiazépines prescrites en France, notamment chez les personnes âgées, ont une durée de vie longue.
Liste des benzodiazépines
Benzodiazépines anxiolytiques
Les benzodiazépines anxiolytiques sont notamment prescrites dans les situations d'anxiété importantes, d'insomnies lors de l'endormissement, lors de manifestations psychosomatiques ou d'états névrotiques :
- Clotiazépam : Vératran ®
- Oxazépam : Séresta ®
- Alprazolam : Xanax ®, Alprazolam ®
- Lorazépam : Témesta ®, Lorazépam ®, Equitam ®
- Bromazépam : Lexomil®, Anyrex ®
- Diazépam : Valium ®,
- Clorazépate : Tranxène ®
- Clobazam : Urbanyl ®
- Prazépam : Lysanxia ®
- Nordazépam : Nordaz ®
- Loflazépate : Victan ®
- Acepromazine + clorazepate + acepromazine : Noctran®
Benzodiazépines hypnotiques
Les médicaments hypnotiques, encore appelés somnifères, facilitent le sommeil et aident à l'endormissement :
- Nitrazépam : Mogadon ®
- Lormétazépam : Noctamide ®
- Flunitrazépam : Rohypnol ®, Narcozep ®
- Témazépam : Normison ®
- Loprazolam : Havlane ®
- Estazolam : Nuctalon ®
- Zolpidem : Stilnox ®
- Zopiclone : Imovane ®
Benzodiazépines myorelaxantes
Les benzodiazépines myorelaxantes contenant du tétrazépam (Myolastan®) ont été retirés du marché en France en Juillet 2013. Ils étaient prescrits lors de contractions survenant dans certaines pathologies rhumatismales.
Benzodiazépines anticonvulsivantes
Les benzodiazépines anticonvulsivantes sont utilisées dans le traitement de l'épilepsie pour traiter la crise ou pour prévenir sa survenue dans le cadre d'un sevrage d'alcool :
- Clonazépam: Rivotril ®
- Diazépam: Valium ®
- Clobazam: Urbanyl ®
Les benzodiazépines sont indiquées dans le traitement de l'anxiété, du stress, de l'angoisse, de l'insomnies, de l'épilepsie et des contractures musculaires (torticolis, lombalgies…).
Indications : quand en prendre ?
Grace à leurs actions pharmacologiques, les benzodiazépines sont indiquées dans le traitement de l'anxiété, du stress, de l'angoisse, de l'insomnies, de l'épilepsie et des contractures musculaires (torticolis, lombalgies…). Elles doivent être prescrites sur ordonnance pour une durée limitée à 12 semaines afin d'éviter qu'une dépendance ne s'installe. Elles ne constituent donc pas un traitement de fond mais doivent être utilisée ponctuellement, sur une période la plus courte possible et à la dose minimum efficace.
Effets secondaires
Dans les heures suivant la prise, les benzodiazépines peuvent altérer les fonctions psychomotrices et provoquer des troubles du comportement et de la mémoire et une altération de l'état de conscience, pouvant aller jusqu'à la perte de connaissance en cas de surdosage. Leur prise est donc incompatible avec la conduite d'engin car elle peut augmenter le risque d'accidents.
La prise régulière de benzodiazépines peut provoquer des effets secondaires handicapants au quotidien comme une amnésie antérograde correspondant à une perte de la mémoire des faits récents. Ce risque augmente proportionnellement à la dose. On peut aussi constater des troubles de la concentration, une aggravation de l'insomnie, des cauchemars, une agitation, une nervosité, des idées délirantes, des hallucinations, un état confuso-onirique, des symptômes de type psychotique, une désinhibition avec impulsivité, une euphorie, une irritabilité et une récidive de l'anxiété et de la dépression à long terme. Ces effets secondaires peuvent s'accompagner d'un comportement violent inhabituel pour le patient pouvant le mettre en danger lui et les autres.
La prise régulière de benzodiazépines a un effet non négligeable sur le risque de survenue de démence, et en particulier la maladie d'Alzheimer puisqu'elle augmenterait de 30% le risque en cas de prise quotidienne pendant plus de trois mois et de 60 à 80% en cas de prise quotidienne pendant plus de six mois.*
Enfin, la consommation à long terme de benzodiazépines, pendant plus de 3 ou 4 semaines provoque l'apparition d'une dépendance et d'une accoutumance (c'est-à-dire le besoin d'augmenter les doses pour obtenir le même effet). D'autre part, un syndrome de sevrage fait son apparition lors de l'arrêt d'un traitement de benzodiazépines au long cours.
Le recours aux benzodiazépines peut provoquer une tolérance et une dépendance.
Risques
Dépendance
Le recours aux benzodiazépines peut provoquer une tolérance et une dépendance. Une tolérance caractérisée par une diminution progressive de l'effet thérapeutique pour une même dose administrée pendant plusieurs semaines. Cette situation entraîne souvent le consommateur à augmenter les doses du médicament afin d'obtenir les effets recherchés. Une dépendance physique et psychique aux médicaments benzodiazépines notamment lors d'une utilisation prolongée, peut être observée : cet état est lié à la durée du traitement, la dose et l'existence ou non d'antécédents d'autres dépendances médicamenteuses ou alcoolique. L'association de plusieurs benzodiazépines peut aggraver le risque de pharmacodépendance. L'apparition d'une dépendance nécessite l'arrêt du traitement ou une diminution des doses en cas d'impossibilité d'arrêt complet du traitement. D'autres anxiolytiques n'appartenant pas à la famille des benzodiazépines peuvent être alors prescrits.
Overdose et intoxication
Une intoxication aiguë aux benzodiazépines, aussi appelée surdosage ou overdose, peut être observée en cas de consommation importante de médicament en une seule fois. L'intoxication peut être accidentelle mais aussi volontaire en cas de tentative de suicide. Elle provoque une perte de conscience pouvant aller jusqu'au coma et à la mort et nécessite une prise en charge hospitalière le plus rapidement possible pour administrer un antidote, la Flumazenil.
Alternatives ou équivalences
D'autres alternatives existent à la prise de benzodiazépines en cas d'anxiété ou de troubles du sommeil. Une psychothérapie et des activités de relaxation comme la sophrologie, le yoga ou encore l'hypnose peuvent être utiles et dans les cas les plus importants, une TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale) a fait ses preuves. Si des médicaments sont nécessaires, la phytothérapie (valériane, mélisse…), l'homéopathie (gelsenium, Aconitum Napellus, Argentum Nitricum…) peuvent être utilisés en première intention ou bien certains anxiolytiques de la famille des antihistaminiques (Atarax®, Theralene®…) ou des neuroleptiques (Tercian®, Loxapac®…) après avis médical.
Symptômes de sevrage
Le diagnostic du syndrome de sevrage aux benzodiazépines n'est pas toujours facile à porter car les manifestations observées peuvent ressembler à celles qui sont à l'origine de la prescription, provoquant ainsi des erreurs de diagnostic et poussant les patients à reprendre leur traitement.
Les manifestations peuvent être des maux de tête, des douleurs, des tremblements, des faiblesses musculaires, des cauchemars, un rebond de l'insomnie ou des angoisses, une irritabilité, une agitation, et des tremblements qui apparaissent à l'arrêt du traitement. Des épisodes de diarrhée, d'anorexie, de nausées, de sueurs, de paresthésies peuvent également s'observer. Dans certaines situations plus rares peuvent apparaître des troubles psychiatriques plus sévères comme une dépression, une désorientation, des hallucinations, une psychose paranoïde ou une dépersonnalisation. La survenue d'un delirium ou de convulsions peut s'observer chez les personnes consommant de fortes doses du médicament.
Plus la durée de prise et la dose de benzodiazépines sont importantes et plus le risque de syndrome de sevrage augmente.
Plus la durée de prise et la dose de benzodiazépines sont importantes et plus le risque de syndrome de sevrage augmente, en particulier si l'arrêt a été brutal ou trop rapide. Ces manifestations disparaissent en général en 2 à 6 semaines, mais il peut parfois se prolonger sur plus de 6 mois avec des fluctuations d'intensité. C'est pourquoi il est conseillé de consulter son médecin pour faire une évaluation et réintroduire le médicament le cas échéant puis de réenvisager un arrêt progressif dès que les manifestations du sevrage auront disparues avec l'ajout d'un anxiolytique d'une autre famille si nécessaire.
Mes conseils
A cause de ses effets secondaires, un traitement par benzodiazépines doit être le plus court possible (quelques semaines tout au plus) avec un arrêt progressif et une prescription encadrée par le médecin.
Pour aller plus loin : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
*Billioti de Gage Sophie, Moride Yola, Ducruet Thierry, Kurth Tobias, Verdoux Hélène, Tournier Marie et al. Benzodiazepine use and risk of Alzheimer's disease: case-control study BMJ 2014; 349 :g5205