Ménopause : définition, âge des premiers signes, traitements
Plus de 10 millions de femmes sont ménopausées chaque année en France. A quel âge survient-elle ? Quels sont les premiers signes ? Quels traitements prendre ? On fait le point sur ce grand bouleversement hormonal que représente la ménopause dans la vie des femmes.
Définition : qu'appelle-t-on "ménopause" ?
Chez la femme âgée de 45 à 55 ans en moyenne, la ménopause est un processus physiologique naturel, c'est-à-dire une étape obligatoire dans le vieillissement. Elle consiste en un arrêt de l'ovulation à cause d'un épuisement de tous les follicules primordiaux situés dans les ovaires qui sont responsables de la libération des ovocytes dans les trompes utérines. Il y a donc un arrêt définitif des règles et donc des cycles menstruels à cause de l'arrêt de la sécrétion d'œstrogènes. La ménopause est confirmée avec certitude après une période d'absence de règles de 12 mois consécutifs.
• Préménopause
La ménopause est souvent précédée par la préménopause ou "périménopause", période pendant laquelle les activités ovariennes sont ralenties et les hormones féminines diminuent. Les cycles menstruels sont alors irréguliers, d'abord raccourcis puis allongés avec des règles de plus en plus espacées. Elle dure environ 5 ans avant l'interruption définitive des règles, et peut parfois déjà donner quelques bouffées de chaleur, de la fatigue, une irritabilité, ou des troubles du sommeil.
• Ménopause précoce
La ménopause précoce survient avant 40 ans, touchant 1 à 2% des femmes. Les fumeuses peuvent présenter une ménopause avancée de 1 à 2 ans. Elle est directement liée au stock d'ovules qui s'épuise.
• Ménopause tardive
La ménopause tardive survient après 55 ans, voire 60 ans. Elle est souvent familiale ou causée par une obésité.
• Ménopause de l'homme : l'andropause
Appelée parfois la "ménopause" de l'homme, l'andropause correspond à une diminution progressive de la production de testostérone en lien avec le vieillissement. Les symptômes peuvent ressembler à la ménopause mais la reproduction reste possible. Ils vont des troubles sexuels (diminution de la libido, impuissance ou dysfonction érectile) aux troubles psychologiques (difficultés de concentration, humeur dépressive...), à une ostéoporose, une perte de la masse musculaire, une prise de poids gynoïde (au niveau des hanches, fesses, cuisses), une diminution de la pilosité et des troubles urinaires liés à des perturbations prostatiques.
A quel âge est-on ménopausée ?
La ménopause survient en moyenne vers l'âge de 51 ans. Cet âge peut varier en fonction des antécédents familiaux, de la consommation de tabac, de la dénutrition ou au contraire à cause d'un surpoids. En revanche, il ne varie pas en fonction de l'âge de la puberté, du nombre d'enfants, de l'âge de la dernière grossesse, de la prise ou non d'une contraception hormonale, de la pratique ou non de techniques de procréation médicalement assistée (induction de l'ovulation, FIV).
Qu'est-ce qui provoque la ménopause ?
Chaque femme naît avec un nombre total d'ovocytes estimé entre 700 000 et 2 000 000. La majorité dégénère pour atteindre un nombre de moins de 500 000 à la puberté dont seulement 400 à 500 environ atteindront l'ovulation pendant la période reproductive. L'arrêt des cycles menstruels à la ménopause est provoqué par l'épuisement du stock d'ovocytes et l'interruption de la sécrétion des hormones sexuelles, les œstrogènes et la progestérone, produites par les ovaires. En dehors d'un processus naturel, une ménopause peut également être causée par une chimiothérapie lors de traitements du cancer, ou bien à cause de l'ablation des ovaires (ménopause artificielle) ou par une maladie auto-immune provoquant une réaction du système immunitaire entraînant la production d'auto anticorps qui peuvent altérer les ovaires.
Quels sont les signes de la ménopause ?
Les manifestations observées au cours de la ménopause sont liées à l'absence de production d'œstrogènes et varient d'intensité selon chaque femme.
Bouffées de chaleur
Les bouffées de chaleur sont ressenties par plus de 3 femmes sur 4. Elles apparaissent en général sur le haut du corps et le visage et durent de quelques secondes à quelques minutes. Chez certaines femmes, elles peuvent apparaître jusqu'à 20 fois par jour, altérant considérablement la qualité de vie. Une étude américaine publiée en février 2015 dans la revue Jama Internal Medicine a montré que la durée des bouffées de chaleur pouvaient atteindre 7 ans et demi après les dernières règles chez les femmes concernées régulièrement (au moins 6 jours sur deux semaines). De plus, plus les bouffées étaient présentes lors de la pré-ménopause plus elles duraient après la ménopause.
Pour atténuer les bouffées de chaleur, il est conseillé de :
- Consommer des boissons fraîches et des repas pas trop chauds.
- Rafraîchir la chambre.
- Utiliser un ventilateur ou un climatiseur.
- Eviter l'alcool.
- Eviter le café et le thé.
- Porter des vêtements en coton ou en tissus naturels.
- Perdre les kilos pris au début de la ménopause.
- Apprendre à se détendre et à se relaxer.
Sueurs nocturnes, nervosité...
D'autres symptômes comme les sueurs nocturnes concernant l'ensemble du corps, les difficultés à s'endormir, les réveils fréquents et les insomnies peuvent perturber le sommeil. Ils peuvent retentir sur le moral et provoquer, une irritabilité, des accès d'angoisse, des difficultés de concentration voire parfois même une déprime ou une dépression. La baisse des œstrogènes entraîne aussi une diminution du désir sexuel et une atrophie des organes génitaux qui provoque une sécheresse vaginale modifiant ainsi la lubrification et provoquant des douleurs au cours de la pénétration, ce qui aggrave la baisse de désir sexuel. Les infections urinaires sont également plus fréquentes.
La synthèse du collagène et de l'élastine, responsables de la souplesse de la peau, est aussi diminuée par les changements hormonaux. La ménopause s'accompagne ainsi d'une sécheresse de la peau et des cheveux et d'une accentuation des rides. D'autre symptômes peuvent également apparaître comme des douleurs dans les seins, des migraines, des douleurs articulaires, des vertiges, de la fatigue ou une augmentation du risque cardio-vasculaire. Une légère prise de poids de l'ordre de 3 à 4 kilos environ est constatée au cours des premiers mois de la ménopause.
Comment poser le diagnostic ?
Le diagnostic de la ménopause se base sur l'observation des symptômes, et en particulier l'absence de règles pendant plus d'un an. Aucun autre examen n'est nécessaire, si ce n'est un dosage hormonal en cas de doute ou de signes de ménopause survenant tôt, avant l'âge de 45 ans ou chez la femme prenant une contraception hormonale. Un dosage de l'hormone folliculostimulante (FSH) peut être demandé, confirmant de façon formelle la survenue de la ménopause. Lorsque la FSH est élevée, la ménopause est confirmée. Confrontée à la baisse de production d'œstrogène, l'hypophyse tente en effet d'augmenter cette dernière en produisant davantage de FSH.
A quoi servent les traitements THS / THM ?
"Même si la ménopause n'est pas une maladie, des solutions existent pour soulager les symptômes" explique le Dr Claire Lewandowski, médecin spécialisée en médecine générale. Dans les cas où les symptômes sont très gênants avec un retentissement important sur la vie quotidienne, ils peuvent être traités à l'aide d'un apport hormonal qui compense la carence : on parle de traitement hormonal de la ménopause (THM). Il n'est prescrit que pour une durée limitée, et les femmes ne peuvent pas toutes en bénéficier, certaines pathologies contre-indiquant son utilisation (cancer du sein connu ou suspecté, cancer de l'utérus, antécédents ou maladies thrombo-emboliques veineuses ou artérielles en cours (phébite, embolie pulmonaire, angine de poitrine, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral), hémorragie génitale d'origine inconnue, maladie du foie). Il aussi le traitement hormonal substitutif (THS) à base d'œstrogènes, de progestatifs et de œstrogènes-progestatifs combinés dédié à la prise en charge des symptômes de la préménopause. Ces traitements consistent à "substituer" les hormones que les ovaires sécrètent naturellement avant la ménopause : les œstrogènes tout au long du cycle et la progestérone en seconde moitié du cycle. L'œstrogène agit en prévention de l'ostéoporose et des maladies cardio-vasculaires et sur les troubles dits "climatériques" : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, troubles urinaires, troubles de l'humeur, troubles du sommeil, asthénie (fatigue). La progestérone est associée à l'œstrogène car elle protège contre le risque de cancer de l'utérus lié à la prise d'oestrogène seule.
"La fin de la période de reproduction féminine entraîne des bouleversements hormonaux à prendre en compte en adaptant son hygiène de vie"
Y a-t-il des traitements naturels de la ménopause ?
Une bonne hygiène de vie est indispensable pour mieux vivre cette étape particulière que représente la ménopause dans la vie d'une femme.
- On adopte : une alimentation équilibrée et variée, en consommant davantage de fruits, de légumes et légumineuses, de fibres et de viandes maigres comme les volailles. Les laitages (lait, fromages, yaourts...) permettent d'apporter suffisamment de calcium. L'huile d'olive et les autres huiles végétales (colza, sésame, graines de lin...) sont à privilégier.
- On évite (ou on limite) : les aliments gras comme les viandes grasses, les charcuteries, les produits laitiers non écrémés, les pâtisseries, les biscuits, les brioches, les gâteaux ou les fritures sont plutôt à éviter. L'alcool est particulièrement déconseillé au moment de la ménopause car il augmente les pertes de calcium. Le tabac augmentant le risque de maladies cardiovasculaires, d'ostéoporose, et de cancer, il est aussi à éviter.
Phytothérapie : les plantes de la ménopause
Différentes plantes peuvent être utiles pour soulager les symptômes de la ménopause :
- L'actée à grappes noires permet de soulager : bouffées de chaleur, sudation excessive, troubles du sommeil, anxiété, etc. Son rhizome et ses racines sont disponibles sous forme de teinture-mère, d'EPS, ou en décoction.
- L'alchémille, dont les feuilles possèdent des propriétés similaires à celles de la progestérone. Elle est disponible sous forme de teinture-mère et d'EPS, et s'utilise pour soulager les règles irrégulières et douloureuses.
- Le gattilier dont les fleurs et les fruits ont une action proche de celle de la progestérone. Disponible sous forme de teinture-mère ou d'EPS, il est notamment recommandé pour traiter les désordres du cycle menstruel (règles irrégulières) et les douleurs mammaires.
- Le houblon est un puissant phyto-œstrogène, dont la prise est traditionnellement préconisée pour soulager les bouffées de chaleur et les troubles du sommeil. Les fleurs femelles (cônes de houblon) extraites de la plante peuvent être employées sous forme d'EPS ou de teinture-mère.
- Le mélilot possède des propriétés diurétiques et anti-oedémateuses (facilitent la résorption d'œdème). Sous forme d'EPS ou en teinture-mère il soulage les jambes lourdes.
- L'olivier sous forme d'EPS favorise l'élimination rénale de l'eau en cas de rétention d'eau légère.
- La sauge officinale qui a une action antisudorale afin de soulager les bouffées de chaleur. Elle peut être administrée sous forme d'EPS ou de teinture-mère.
- La vigne rouge a une action anti-inflammatoire et anti-oedémateuse. Elle s'utilise sous forme d'EPS ou de teinture-mère pour soulager les troubles de la circulation veineuse, comme les jambes lourdes.
L'homéopathie spécial ménopause
Les médicaments homéopathiques peuvent aider à soulager certains symptômes. La Belladonna (9 CH, 3 granules 1 fois par jour) est très utile dès les premiers symptômes de la ménopause, surtout lorsque celle-ci s'accompagne de bouffées de chaleur. En complément, la FSH (9 CH, 3 granules 1 fois par jour) permet de compenser les modifications hormonales. Une consultation auprès d'un homéopathe peut être recommandée en cas de problème de tolérance à un traitement substitutif par exemple.
Les phyto-œstrogènes
Les phyto-œstrogènes sont des molécules issues de plantes et qui ressemblent aux œstrogènes. Ils sont présents par exemple dans le soja ou les graines de lin. Partant de l'observation des femmes asiatiques, moins sujettes aux symptômes de la ménopause que les femmes européennes ou américaines, certaines études ont trouvé que les phyto-œstrogènes réduisent la fréquence des bouffées de chaleur. Parlez-en avec votre gynécologue.
Quelles sont les conséquences de la ménopause ?
La baisse des œstrogènes qui accompagne la ménopause rend les femmes plus fragiles, ce qui fait qu'elles sont susceptibles de présenter certaines pathologies comme des maladies cardiovasculaires, de l'ostéoporose, des cystites, de l'incontinence, des cancers, etc.
Ménopause et libido
Les changements hormonaux de la ménopause entraînent chez certaines femmes des problèmes de sécheresse vaginale ainsi qu'une perte de libido en lien avec l'absence d'ovulation ou les symptômes psychologiques et physiques.
Maladies cardiovasculaires
La baisse des œstrogènes entraîne une augmentation du mauvais cholestérol provoquant ainsi un risque d'athérosclérose, à l'origine de maladies cardio-vasculaires, comme l'infarctus du myocarde ou l'accident vasculaire cérébral. Le risque de voir apparaître ces pathologies est aggravé avec la présence de facteurs de risques cardiovasculaires, comme le tabagisme, la sédentarité, un diabète ou un surpoids. Un bilan sanguin comprenant au minimum un bilan lipidique et une glycémie doit être régulièrement effectué.
Cystite
La baisse du taux des œstrogènes qui se produit à la ménopause peut entraîner une plus grande fragilité de la vessie aux infections urinaires (cystites).
Ostéoporose
L'ostéoporose touche actuellement près de 40% des femmes à partir de 50 ans. L'ostéoporose débute à la période de la ménopause vers la " cinquantaine " et peut se prolonger jusqu'à 80 ans. Les principales conséquences de la ménopause concernent le risque d'apparition de fractures : fractures du poignet, fracture du col du fémur et fracture vertébrale. Près de 35% des femmes ménopausées peuvent être victimes, à partir de 50 ans, d'une fracture à la ménopause. La pratique d'une ostéodensitométrie osseuse permet d'évaluer le risque d'ostéoporose.
Prise de poids
La période de la ménopause correspond à une phase de leur vie au cours de laquelle les femmes ont tendance à prendre quelques kilos de l'ordre de 3 à 5 kilos environ. L'apparition de graisse au niveau abdominal expose les femmes au syndrome métabolique pouvant conduire à un diabète, un accident vasculaire cérébral ou des complications cardiovasculaires.
Incontinence et fuites urinaires
La ménopause est une période de la vie d'une femme qui peut favoriser les manifestations d'une incontinence urinaire. Celles-ci apparaissent à la suite de la baisse du taux des œstrogènes qui permettent de maintenir le tonus musculaire du périnée. L'incontinence urinaire survient lorsque les mictions deviennent de plus en plus fréquentes et lorsque les contractions de la vessie se font irrépressibles. Il devient impossible, dans certaines situations, de se retenir, ce qui provoque une incontinence urinaire pouvant perturber la vie quotidienne. Les fuites urinaires, la plupart du temps très modérées, apparaissent lors d'efforts comme par exemple au cours d'épisodes de toux ou lors de la pratique d'une activité sportive.
Cancer du sein
Le surpoids et une ménopause tardive peuvent augmenter le risque de cancer du sein. Rappelons la nécessité d'effectuer une mammographie, dans le cadre de la prévention du cancer du sein, tous les deux ans, à toutes les femmes de 50 à 74 ans.