Hypertrophie : définition, causes, conséquences
L'hypertrophie désigne l'augmentation anormale du volume d'un organe, pouvant altérer son fonctionnement. Quelles sont les hypotrophies les plus fréquentes ? Leurs causes et conséquences ? Comment les soigner ? Le point avec le Dr Patrick Aubé, médecin généraliste.
Définition : c'est quoi une hypertrophie ?
L'hypertrophie est un terme utilisé pour définir l'augmentation de volume d'un élément de l'organisme. Elle peut toucher n'importe quelle partie du corps : organe, tissu, cellule, muscle. "Elle peut être réversible ou permanente : réversible lors d'une augmentation de volume d'un ganglion du cou lors d'une angine, permanente en cas d'une prostate augmentée du fait du vieillissement. Elle peut être liée à différents mécanismes tels qu'une stimulation mécanique chez les bodybuilders entraînant une hypertrophie des muscles sollicités, ou une stimulation hormonale lors d'une hypertrophie mammaire liée à la grossesse et à l'allaitement. Elle peut aussi être pathologique : une hypertrophie de la thyroïde au cours d'une perturbation du fonctionnement de la glande. Elle peut être non pathologique, physiologique : augmentation du volume musculaire chez le sportif, de la poitrine chez la femme allaitante", explique le Dr Patrick Aubé, médecin généraliste.
Quels sont les types d'hypertrophie ?
L'hypertrophie peut concerner n'importe quelle partie du corps. Citons notamment :
► L'hypertrophie ventriculaire gauche est une affection cardiaque qui se traduit par un épaississement du ventricule gauche du cœur. "Il s'agit d'un épaississement pathologique dont le diagnostic se fait à l'échographie cardiaque et à l'électrocardiogramme. En l'absence de traitement, l'hypertrophie ventriculaire gauche peut conduire à une insuffisance cardiaque", prévient le médecin généraliste.
► L'hypertrophie des amygdales et des végétations se caractérise par une augmentation de leur volume. Très fréquente chez les enfants, elle ne nécessite généralement aucun traitement. Ce type d'hypertrophie peut également survenir au cours d'une infection de la gorge ou du pharynx par un virus ou une bactérie, comme une angine ou une pharyngite.
► L'hypertrophie prostatique bénigne ou adénome prostatique (HPB) est fréquente chez l'homme de plus de 50 ans. "Ses causes restent mal connues, mais elle serait liée aux variations hormonales, notamment de la testostérone. La prostate peut tripler de volume, provoquant alors une compression de l'urètre et des troubles de la miction", indique le Dr Patrick Aubé.
► L'hypertrophie de la glande thyroïde, également appelée goitre, désigne une augmentation du volume de la thyroïde, glande chargée de réguler l'organisme. Elle se manifeste par une grosseur à la base du cou qui peut se révéler gênante et/ou douloureuse selon son volume. Elle peut être alors la cause d'une toux ou d'une difficulté à avaler. Cette hypertrophie glandulaire est le signe d'un dysfonctionnement thyroïdien nécessitant une prise en charge médicamenteuse ou chirurgicale.
► L'hypertrophie musculaire qui se caractérise par l'augmentation du volume d'un muscle. Elle est généralement liée à une sollicitation musculaire excessive.
Quels sont les symptômes d'une hypertrophie ?
Une hypertrophie engendre une augmentation de volume et une modification du fonctionnement du tissu concerné. Par exemple, une hypertrophie prostatique bénigne peut entraîner des troubles urinaires, du fait de la compression de l'urètre. Une hypertrophie des amygdales et des végétations peut se manifester par des difficultés à déglutir. Une hypertrophie ventriculaire gauche est quant à elle associée à l'apparition de plusieurs symptômes tels que douleurs thoraciques, palpitations cardiaques, essoufflement, fatigue, vertiges ou encore arythmie (troubles du rythme cardiaque).
Quelles sont les causes d'une hypertrophie ?
L'hypertrophie peut être due à une surstimulation d'une partie du corps comme dans le cas d'une hypertrophie musculaire. L'hypertrophie d'une glande est souvent en rapport avec une augmentation de son travail de sécrétion. Une inflammation peut également être en cause dans cette augmentation de volume.
Quelles sont les conséquences d'une hypertrophie ?
Une hypertrophie entraîne généralement une altération du fonctionnement de l'organe concerné. Difficultés à avaler lors d'une hypertrophie des amygdales et des végétations, troubles de la miction dans le cadre d'une hypertrophie testiculaire, ou encore insuffisance cardiaque et troubles du rythme en cas d'hypertrophie ventriculaire gauche. "Les symptômes, les causes, les conséquences d'une hypertrophie seront aussi variés que les organes touchés. Ils nécessiteront, s'ils sont le signe d'une pathologie, une prise en charge diagnostique et thérapeutique adaptée", argue notre interlocuteur.
Traitement : comment soigner une hypertrophie ?
L'objectif est de diminuer le volume de l'organe concerné
Les traitements proposés vont dépendre du type d'hypertrophie et de sa cause. De manière générale, l'objectif est de diminuer le volume de l'organe concerné afin qu'il puisse retrouver des capacités de fonctionnement optimales. Ainsi, le traitement de première intention pour une hypertrophie prostatique bénigne repose sur les alphabloquants qui détendent les muscles de la vessie, facilitant le passage de l'urine. Le traitement d'un goitre dépend quant à lui de sa cause et de sa taille. Le patient pourra être supplémenté en iode, recevoir un traitement substitutif par hormones thyroïdiennes voire bénéficier d'une intervention chirurgicale en cas de goitre très important.
Merci au Dr Patrick Aubé, médecin généraliste.