Tuméfaction (osseuse, articulaire) : définition, cause, traitement
Qu'elle soit osseuse, articulaire ou qu'elle affecte les tissus mous : une tuméfaction désigne le gonflement d'un tissu. C'est un motif fréquent de consultation chez le médecin. Entretien avec le Pr Cotten, médecin radiologue au CHRU de Lille.
Qu'est-ce qu'une tuméfaction ?
Dans le jargon médical, une tuméfaction désigne le gonflement d'un tissu, d'un organe ou d'une partie du corps. Celui-ci peut être lié à une inflammation, à un œdème, à un hématome post-traumatique, à un abcès ou encore à une tumeur. On parlera, par exemple, de la tuméfaction du visage suite à des coups...
Tuméfaction osseuse
Si le terme de "tuméfaction osseuse" s'utilise peu, à proprement parler, dans le monde médical, certaines tumeurs déformant la surface de l'os peuvent s'accompagner d'une tuméfaction identifiable à la palpation.
Tuméfaction articulaire (doigt, genou)
Une tuméfaction articulaire désigne le gonflement d'une articulation : un doigt, un genou, un poignet. Celui-ci est causé en général par un épanchement synovial dans le contexte d'une pathologie articulaire. "Par exemple, une poussée inflammatoire d'arthrose ou d'arthrite comme dans la polyarthrite rhumatoïde, confirme le Pr Cotten. Dans le cadre d'un traumatisme, il témoignera d'un saignement intra-articulaire (hémarthrose)".
Tuméfaction dorsale
Le terme de "tuméfaction dorsale" s'emploie surtout pour localiser le gonflement. "On parlera, par exemple, de tuméfaction de la face dorsale de la main, c'est-à-dire sur le dos de la main, en opposition à la face palmaire " explique le Pr Cotten.
Tuméfaction cervicale
Bien que le terme soit peu employé dans le jargon médical, une tuméfaction cervicale désigne dans la plupart des cas une adénopathie c'est-à-dire le gonflement d'un ganglion lymphatique. Les tuméfactions cervicales représentent un motif fréquent de consultation en ORL. Un examen clinique permettra de préciser leur siège, leur nature – taille, sensibilité, nombre, leur aspect – et d'orienter le diagnostic : pathologie infectieuse (mononucléose, toxoplasmose, etc.), inflammatoire ou hématologique (leucémies, lymphomes, etc.). Outre les adénopathies, le terme de tuméfaction cervicale peut également être utilisé pour un lipome, un kyste congénital, une tumeur de la glande parotide, une hypertrophie de la glande sous-maxillaire ou pour toute autre masse développée dans la région cervicale.
Tuméfaction pelvienne
Les tuméfactions pelviennes – ou masses pelviennes - les plus fréquentes chez la femme sont le fibrome utérin et le kyste de l'ovaire. Celles-ci peuvent être découvertes à l'occasion d'un examen gynécologique. Une échographie pelvienne permettra de préciser la nature de la tuméfaction (solide, hétérogène, liquidienne) et d'orienter le diagnostic.
Tuméfaction testiculaire
Une tuméfaction testiculaire désigne le gonflement d'un testicule qui peut s'observer dans le cadre d'une tumeur bénigne comme le kyste de l'épididyme ou d'une tumeur maligne (cancer des testicules). "Chez un patient jeune, l'augmentation du volume de la bourse peut être le signe d'un cancer, confie le Pr Cotten. Alors que chez la personne âgée, il s'agira plutôt d'un épanchement liquidien isolé (hydrocèle). Une échographie sera réalisée en première intention afin de préciser l'origine de la tuméfaction clinique ".
Quels sont les symptômes : gonflement, douleur ?
Les symptômes varient en fonction de la nature et de la localisation de la tuméfaction. "Ainsi, si la tuméfaction est d'ordre inflammatoire comme dans le cadre d'une arthrite, l'articulation, sera gonflée, rouge, chaude et douloureuse, précise le Pr Cotten. Il en est de même pour les abcès des tissus mous. A contrario, un sarcome des tissus mous se traduira lui plutôt par une tuméfaction indolore qui pourra d'ailleurs passer inaperçue plusieurs mois, voire plusieurs années ".
Qui sont les personnes à risque ?
"Il n'y a pas, à proprement parler, de facteurs de risque, explique le Pr Cotten. Une tuméfaction est un signe clinique, pas un symptôme ".
Diagnostic et bilan
Le diagnostic sera évoqué en fonction du contexte - maladie chronique, altération de l'état général, fièvre, etc. - de la topographie, du nombre et de la nature de la tuméfaction. "Après un examen clinique, le praticien pourra demander des examens complémentaires - échographie, radiographies, IRM, scanner – afin d'orienter son diagnostic. Par exemple, si la tuméfaction est proche d'un os, on s'orientera plutôt vers le couple écho/radio. L'échographie seule constitue habituellement l'imagerie de première intention. Une ponction ou une biopsie de la lésion pourront également être réalisées selon les hypothèses diagnostiques " conclut Anne Cotten.
Traitement : comment soigner ?
Le traitement dépendra lui aussi du type de tuméfaction, de sa topographie et surtout de son étiologie (tumorale, infectieuse…).
Merci au Pr Anne Cotten, médecin radiologue au CHU de Lille et secrétaire générale de la Société Française de Radiologie (SFR).