Miel : bienfaits santé, dangers, mieux que le sucre ?
Brûlure, cicatrisation, toux... Le miel est un très bon remède naturel. Son action est toutefois différente selon sa composition et sa qualité. Est-il intéressant de remplacer le sucre par du miel ? Est-il bon pour la santé ?
Le miel est la nourriture des abeilles. Il est issu du nectar – le jus sucré des fleurs – qui est prélevé par l'abeille lors de son butinage. Catherine Flurin, apicultrice et apithérapeute explique : "L'abeille stocke le nectar dans son jabot et le rapporte à la ruche. La transformation du nectar en miel est opérée par les abeilles qui le sèchent en le ventilant avec leurs ailes et au cours de la trophallaxie (le nectar est régurgité des jabots et passent de la bouche de l'abeille à celles des ouvrières) : ce phénomène qui prend une à trois semaines aboutit progressivement à la déshydratation du nectar qui s'épaissit et se transforme en miel. C'est à ce stade que le miel acquiert sa richesse enzymatique et son pouvoir antiseptique." Quels sont les bienfaits santé du miel ? Est-ce mieux de remplacer le sucre par du miel ? Et les dangers ?
Quelle est la composition du miel ?
Une part des vertus du miel revient à la variété de la butineuse – il existe différentes abeilles – qui signe le miel. "La butineuse laisse des composants chimiques (surtout des enzymes) lors de la trophallaxie, près de 200 substances actives identifiées à ce jour" indique l'apicultrice. Lorsque le miel est sec (à 17 % d'eau en moyenne) il est stocké dans les alvéoles avec de la cire, à l'abri de l'humidité de l'air pour mûrir. Un miel récolté trop tôt et artificiellement déshumidifié perd ses vertus thérapeutiques. La récolte doit être exempt de chauffage au risque de détériorer la richesse enzymatique, les vitamines, les sucres simples et les acides organiques. La composition du miel varie aussi en fonction de la flore butinée, des conditions météorologiques (pression, ensoleillement, humidité), de la ruche, de l'environnement (agricole, routier), des méthodes de l'apiculteur. Il est composé d'éléments nutritifs : enzymes, acides organiques, acides aminés et protéines, lipides, glucides (plus de 15 sucres différents), minéraux (calcium, sodium, magnésium, cuivre, manganèse). Enfin, chaque miel est issu d'une variété de fleur, mono ou poly florale comme un miel toutes fleurs. "L'essence florale possède les vertus de la plante butinée. De ce fait, à chaque origine est attribuée une action thérapeutique." Il existe une multitude de miels : acacia, bruyère, châtaignier, eucalyptus, etc. avec des caractéristiques, des couleurs, des saveurs… et des propriétés différentes.
Le miel a un pouvoir hyperglycémiant important, les diabétiques doivent donc limiter leur consommation
Le miel est-il meilleur pour la santé que le sucre ?
Le miel est très riche en sucres puisqu'il en contient environ 80 %. Néanmoins, contrairement au sucre composé quasiment exclusivement de saccharose, le miel contient plusieurs glucides, en différentes proportions. Il est constitué en majorité de fructose et de glucose. Du maltose, du saccharose et d'autres polysaccharides sont en faibles proportions dans le miel. C'est la proportion entre ces différents sucres qui détermine la consistance du miel : s'il est plus riche en glucose, il se cristallise. Par contre, si le fructose est prépondérant, il reste liquide. "Comme le miel est très sucré, il faut bien se brosser les dents après en avoir consommé, pour éviter les caries" prévient le Dr Anne-Christine Della Valle, médecin généraliste.
Est-ce que le miel fait monter la glycémie ?
Le sucre blanc tel qu'on le connaît est constitué à 99,9 % de saccharose. Le saccharose est présent dans toutes les plantes chlorophylliennes, il est produit industriellement à partir de la canne à sucre et de la betterave sucrière. Il est constitué de deux molécules, le fructose et le glucose. C'est pourquoi le miel a un pouvoir sucrant supérieur à celui du sucre, avec un indice glycémique faible, et est moins calorique. En revanche et en raison de son fort taux de glucose (surtout quand il est clair), le miel a un pouvoir hyperglycémiant important, les diabétiques doivent donc limiter leur consommation. Enfin, le miel est également composé d'eau, entre 15 % et 20 % environ, de sels minéraux, d'oligoéléments, de lipides en faible quantité, de vitamines, B et de nombreux autres composés organiques complexes comme des enzymes. Le miel existe en de nombreuses variétés qui diffèrent par leur goût, leur couleur et leur texture, en fonction de leur origine.
Quels sont les bienfaits santé du miel ?
"Tous les miels ont des vertus fortifiantes, antimicrobiennes, immunostimulantes, et grâce à leur pH acide, les vitamines du groupe B et C sont protégées, explique l'apicultrice. De ce fait, ils boostent l'énergie, nourrissent les muscles et le cerveau grâce à leurs vertueux glucides (fructose et glucose, mais aussi maltose, turanose, nigérose, leucrose...). Les miels sont également une source particulièrement importante d'antioxydants, majoritairement des flavonoïdes. Les plus foncés, comme celui de sarrasin, en contiennent des quantités supérieures aux miels plus clairs. Leur intérêt est croissant durant l'hiver car ils participent au renforcement des défenses naturelles, au côté de l'effet prébiotique." Ces bonnes bactéries lactiques (lactobacillus et bifidobacterium) améliorent l'assimilation des aliments et le confort digestif.
► Cicatrisation. "Qu'il s'agisse d'une écorchure, d'une coupure, d'une gerçure ou d'une brûlure du 1er et 2nd degré, le miel peut être appliqué directement sur et autour de la plaie après l'avoir nettoyée." Pour l'histoire, le miel est utilisé depuis 1984 en pansement des plaies et des escarres au CHRU de Limoges, à l'initiative du Pr Bernard Descottes, pionnier de la recherche sur la cicatrisation par le miel. Les plaies ne s'infectent pas et cicatrisent plus vite. Le miel retenu pour cet usage est celui de thym pour ses qualités bactéricides et antifongiques. De nombreux autres services hospitaliers lui ont emboité le pas.
► Sportifs. Composé de fructose et de glucose, le miel est facilement assimilé par le corps, ce qui en fait un apport énergétique intéressant pour les sportifs. Les autres produits apicoles, comme le pollen ou la gelée royale, sont également très énergétiques.
► Mal de gorge. Le miel adoucit la gorge et assouplit les cordes vocales. Celui de thym, d'eucalyptus ou de serpolet notamment en cas de bronchites et laryngite, ou ceux de lavande, de tilleul, de sarrasin et d'eucalyptus pour calmer la toux. Les miels de conifères (miellats de sapin, pin, cyprès) aident à lutter contre la grippe, la rhinite et l'asthme. Le miel de ronce est une merveille assez rare, capable de soulager l'angine, utilisé en gargarisme. Quant aux miels de sarriette ou de sauge, ils sont à l'image du végétal butiné, de puissants expectorants, très utiles en cas de bronchites chroniques. Le pouvoir antioxydant du miel provient des flavonoïdes qu'il contient (plus présents dans les miels de couleur foncée).
► Nez bouché. Le miel d'acacia ou de colza peut être administré en aérosol en cas de nez bouché, en le mélangeant en proportions égales à du sérum physiologique. Ces premiers soins conviennent aux enfants dès l'âge d'un an.
► Conjonctivite. Les propriétés antivirales et antibactériennes du miel d'acacia lui permettent d'être utilisé en cas de conjonctivite, en application. "Des recherches en milieu médical ont mis en évidence que les gouttes pour les yeux à base de miel ont des effets anti-inflammatoires, régénérants, antitoxiques et peuvent être recommandés pour en cas de sécheresse des yeux, de kératopathie, d'opacité de la cornée et de conjonctivites", développe l'apithérapeute.
► Digestion. Le miel est un pansement pour les voies digestives en cas de gastrites ou d'ulcères. Privilégiez alors le miel de romarin, de tournesol et de pissenlit. Quant au miel de coriandre, il permet de résorber en douceur les ballonnements, flatulences et stimuler la production de sucs gastriques importants pour une bonne digestion.
Un miel liquide contient plus de fructose qu'un miel qui cristallise
► Fatigue, asthénie, convalescence. L'abondante richesse en minéraux du miel lui confère une indication en cas de déminéralisation et d'affaiblissement, en convalescence par exemple. Le miel de bruyère notamment aide à fixer le fer ou ceux de forêt et de châtaignier reminéralisent et fortifient.
► Cancer. Le miel n'est pas encore d'usage en oncologie, cependant il pourrait faire partie des traitements adjuvants. Les études scientifiques commencent à démontrer des propriétés anticancéreuses du miel sur le cancer de la prostate, du sein, du foie et colorectales. L'action des miels sur les effets secondaires des chimiothérapies, notamment en application locale sur les lésions de la peau induites par la radiothérapie pourrait être mis en œuvre dans cette perspective. Les miels les plus riches en phénols ont une activité antioxydante plus importante sur les cellules. Il s'agit des miels de sapin, de pin, de Manuka. La consommation régulière de miel pourrait ainsi participer à la prévention contre les cancers et d'autres maladies influencées par le stress oxydatif (comme les maladies cardio-vasculaires).
► Maladies auto-immunes. L'utilisation des produits de la ruche et du miel notamment dans les soins de la sclérose multiple ou sclérose en plaques apporte des espoirs sur une amélioration clinique progressive. "Le traitement est long, plusieurs années, et combine l'usage du pollen, de la propolis, de la gelée royale, du venin d'abeille à celui de du miel" rapporte l'apithérapeute.
Comment choisir le bon miel ?
Choisir son miel relève souvent d'une attirance personnelle pour une texture crémeuse ou au contraire liquide, un goût fort de résineux ou une saveur légère de lavande.
► Liquide ou cristallisé ? Sachez qu'un miel liquide contient plus de fructose qu'un miel qui cristallise. Le fructose possède un faible index glycémique et contrairement aux autres sucres, il stimule peu l'insuline. C'est donc un sucre consommable par les diabétiques (une cuillère à café par jour), et toutes les personnes qui réduisent leur consommation de sucre. Le miel d'acacia très liquide, l'un des plus riche en fructose, est le plus adapté à cet usage. La texture crémeuse n'est quant à elle pas naturelle. Le miel est brassé plusieurs fois par l'apiculteur pour obtenir une cristallisation spécifique.
► Qualité variable. Les miels, vous l'aurez compris, sont de qualité extrêmement variable. Outre le fait qu'ils recèlent de nombreux résidus de pesticides et d'antibiotiques, notamment en non-bio, les grossistes, à l'inverse des petits producteurs artisanaux, le pasteurisent, le déshumidifie avec des machines et le sur-filtre. Si bien que le miel n'a plus aucune action enzymatique, donc plus aucune vertu thérapeutique, prévient l'apicultrice. Beaucoup de miels peu chers sont importés et souvent rallongés avec du glucose. Le seul moyen de connaitre la qualité du miel que l'on achète est d'appeler l'apiculteur local, le plus près de chez soi c'est le mieux, afin de l'interroger sur ses pratiques auprès de ses abeilles, comment sont elles nourries ou soignées, comment est récolté le miel et toutes les étapes du butinage à la mise en pot, en passant par le transport qui peut dégrader les propriétés du miel, conclut l'apicultrice.
Quels sont les dangers du miel ?
Pour le miel comme pour de nombreux produits, une réaction allergique peut se manifester. L'apicultrice préconise de goûter un peu de miel avec de l'eau chaude, attendre 48 h et observer. Si le nez ou les yeux ne coulent pas et la gorge ne gratte pas, vous n'êtes pas allergique. Et éviter d'administrer du miel aux enfants de moins d'un an, par précaution, conseille l'apithérapeute.
Quelles sont les vertus santé des dérivés du miel ?
► Le pollen est comestible et il est cinq fois supérieur à la viande en qualité nutritive. Il permet de lutter efficacement contre la fatigue physique et intellectuelle.
► La propolis est une résine produite par les bourgeons de certaines espèces d'arbre. Transportée à la ruche, elle est mélangée à la cire et devient la propolis, une sorte de ciment pour réparer les éventuelles fissures. De plus, elle est utilisée par les abeilles comme isolant et comme antibiotique naturel. Ces mêmes propriétés antimicrobiennes sont utilisées en médecine.
► La gelée royale est sécrétée par les abeilles ouvrières, entre le cinquième et le quatorzième jour de leur existence (ouvrières qui portent alors le nom de nourrices). Substance blanchâtre aux reflets nacrés, à consistance gélatineuse, de saveur chaude, acide et très sucrée, elle sert à nourrir les larves de la colonie jusqu'à leur troisième jour et la reine une fois qu'elle a quitté la cellule royale. Elle est composée de glucides (fructose et glucose en majorité), d'eau et de lipides. Très riche en vitamine B5 et en oligoéléments, la gelée royale est connue pour ses propriétés revitalisantes, stimulantes et euphorisantes.
Mercis à Catherine Flurin, apicultrice, apithérapeute et auteure de "L'apithérapie" (Editions Eyrolles) et à Sophie Dupont, pharmacienne.