Injection intramusculaire : comment la faire, où, douleur, normal ?
L'injection intramusculaire est un mode d'administration d'un médicament par une injection dans un muscle, souvent l'épaule. Quel est son intérêt ? Quelles sont ses indications ? Les complications possibles ? Nathalie Le Guyader, pharmacienne à l'hôpital, nous répond.
Définition : qu'est-ce qu'une injection intramusculaire ?
Une injection intramusculaire est un médicament que l'on injecte dans le muscle. "Une injection intramusculaire consiste à introduire un médicament au niveau du muscle, c'est-à-dire plus profondément que le tissu sous-cutané, pour atteindre la zone musculaire", précise Nathalie Le Guyader, chef du service Pharmacie du Groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon. L'intérêt d'une injection intramusculaire est de permettre au médicament d'entrer dans une zone vascularisée, avec des vaisseaux sanguins qui vont permettre de le diffuser au niveau général. "C'est une localisation du médicament qui permet ensuite d'être capté directement par la circulation sanguine. Un médicament que l'on donne par voie orale va finir dans la circulation sanguine mais seulement après avoir suivi le trajet de la digestion avec tous ses obstacles, et potentiellement une perte en principes actifs", précise la pharmacienne. En intramusculaire on peut faire :
- Des vaccins,
- Des anti-inflammatoires comme le kétoprofène (Profenid®), cela permet d'éviter la toxicité au niveau de l'estomac,
- Des antibiotiques
Quels sont les sites d'injection ?
Les sites d'injection intramusculaire recommandés sont situés dans des zones où l'on a des muscles assez massifs, très vascularisés et d'accès simple :
- Le muscle deltoïde entre le bras et l'épaule,
- La fesse (quart supéro-externe)
- La cuisse
Chez l'enfant en bas-âge (- de 3 ans), le site d'injection privilégié est la cuisse. Chez l'adulte, c'est le bras/l'épaule.
Quelles sont les indications d'une injection intramusculaire ?
Les indications pour une injection intramusculaire sont :
- des vaccins
- Des médicaments qui ne peuvent pas être injectés en intraveineuse. "Certains médicaments ont des excipients huileux qu'on ne peut pas mettre dans les veines", explique Nathalie Le Guyader, "notamment les formes retards, c'est-à-dire des médicaments à libération prolongée comme c'est le cas de certains neuroleptiques pour des patients qui ont des pathologies neurologiques ou psychiatriques". Grâce à cette formulation et cette voie d'administration, la diffusion du médicament va être progressive, donc une injection n'est nécessaire que toutes les trois semaines ou mensuelle.
Une injection intramusculaire est aussi un moyen de "favoriser l'observance". "Parfois il est plus simple de faire une injection une fois toutes les trois semaines que de donner un traitement par voie orale où le médecin sera moins sûr de la prise".
Comment faire une injection intramusculaire ?
Selon Nathalie Le Guyader, pour commencer, "il faut respecter les règles d'asepsie classiques : l'infirmière doit se laver les mains et installer le patient". Ensuite c'est une piqûre d'un geste un peu sec, d'un coup, à 90°C par rapport à la peau. Puis on injecte doucement le médicament. Il y a moins de risque iatrogène, comme une perfusion où l'on est plus invasif, c'est ici plus ponctuel. On peut recommander dans certaines localisations de ré-aspirer un tout petit peu en tirant sur le piston juste avant d'injecter le médicament pour vérifier que l'on n'est pas dans un vaisseau, puis injecter. On retire ensuite l'aiguille, on maintient légèrement la compresse sur le point de ponction au cas où il y ait un saignement. Il faut ensuite que le patient surveille le point de ponction. Il faut qu'il n'y ait pas de saignement, pas d'induration, pas de rougeur liée à une réaction.
Douleur : est-ce que ça fait mal une injection intramusculaire, que faire ?
Dans certains cas, "on peut utiliser une crème anesthésiante pour diminuer la douleur de l'effraction cutanée, à l'entrée, chez l'enfant par exemple, pour des vaccins. Cela permet d'anesthésier la partie superficielle de la peau et rendre la piqûre un peu plus confortable". Parfois il peut aussi y avoir des douleurs au moment de l'injection du médicament, c'est pourquoi il faut l'injecter assez doucement. Le volume à injecter compte également. "Quand c'est un vaccin, c'est un petit volume mais pour certains médicaments, on peut avoir 3 à 4 ml donc le passage du produit peut faire mal". La douleur étant limitée et fugace, il n'est pas nécessaire de mettre en place une prise en charge d'antalgiques. En revanche, sur conseil médical, il est possible de prendre du paracétamol si la zone d'injection est un peu endolorie par la suite, soit à cause de l'effraction au niveau du muscle soit à cause du produit qui se diffuse et peut déranger les tissus de manière locale.
Est-ce normal d'avoir un gonflement ou une boule après une injection intramusculaire ?
Selon la chef de service pharmacie, "une boule peut en effet se former : elle sera soit liée au temps de diffusion du produit, soit correspondre à un hématome lié à l'effraction qui, généralement, régresse".
Quelles sont les complications d'une injection intramusculaire ?
Les complications possibles peuvent être :
- une allergie au médicament
- la douleur au point d'injection
- une infection au point d'injection (très rare)
- un malaise vagal suite à l'injection (ce qui n'est pas grave et ne contre-indique pas de refaire une injection plus tard)
Quelles précautions et contre-indications avec une injection intramusculaire ?
L'injection intramusculaire est contre-indiqué chez les patients sous anticoagulants, parce qu'en faisant l'effraction, il y a un risque de créer un hématome.
Merci au Nathalie Le Guyader, Chef de service Pharmacie du Groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon, à Paris