Pilosité excessive : que faire contre une hypertrichose ? (Photos)
Chez l'homme comme chez la femme, l'hypertrichose est une anomalie de la pilosité qui se traduit par la présence excessive de poils sur certaines parties du corps : au-dessus des lèvres, les seins, l'intérieur des cuisses...
C'est quoi une hypertrichose ?
L'hypertrichose est une hyperpilosité (autrement dit, une pilosité excessive). Elle survient dans des zones déjà pourvues de poils, généralement sous forme de duvet. L'hypertrichose doit être distinguée de l'hirsutisme qui est une pilosité de type masculin chez les femmes et les enfants. "Face à cette hyperpilosité, il faut absolument réaliser un bilan biologique pour mieux envisager ses causes", souligne d'emblée le Dr Isabelle Gallay, dermatologue à Dijon et vice-présidente du Syndicat des Dermatologues Vénérologues (SNDV).
Combien de cas dans le monde ?
L'hypertrichose est une pathologie assez fréquente et peut se traduire par différentes formes plus ou moins sévères. Le syndrome d'Ambras, la forme la plus sévère, se caractérise par la présence de poils longs et duveteux sur tout le visage et le corps. Seuls quelques dizaines d'individus atteints ont été décrits de par le monde, parfois célèbres tels que Pedro Gonzales de Tenerife et Julia Pastrana du Mexique, alimentant les fantasmes et exhibés dans les cirques jusqu'au XIXe siècle.
Photos d'hypertrichose (femme/homme)
Quelles sont les parties du corps touchées ?
L'hypertrichose est localisée ou généralisée. Les zones d'hyperpilosité les plus fréquentes sont :
- La lèvre supérieure
- La région de la barbe
- La poitrine
- Le bas du ventre
- La face interne des cuisses
- Le bas du dos
- Parfois, le thorax et le sternum, ainsi que le haut du ventre et le haut du dos
Quelle est la cause d'une hypertrichose ?
► A cause d'un trouble hormonal. L'hypertrichose est considérée comme pathologique lorsqu'elle touche le visage et la ligne blanche (ligne médiane de l'abdomen), et que le bilan médical retrouve des anomalies hormonales et (ou) au niveau des glandes endocrines. Au bilan biologique doit être associé une exploration ovarienne chez la jeune femme, surtout si d'autres signes d'hyperandrogénie sont observés (acné, chute de cheveux), qui attesterait d'un déséquilibre entre les androgènes (testostérone notamment) et les estrogènes. "Le SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) peut ainsi être diagnostiqué, un trouble hormonal relativement fréquent désignant une augmentation inhabituelle de la production d'hormones mâles (les androgènes) dans les ovaires. Rarement, une tumeur (ovarienne ou surrénalienne) est la cause sous-jacente", ajoute le Dr Gallay.
► A cause d'un médicament. L'hypertrichose peut être d'origine médicamenteuse. Trois thérapeutiques peuvent être responsables de son apparition : la ciclosporine, la phénytoïne et le minoxidil. "L'hypertrichose disparaît normalement quelques mois après l'arrêt du traitement, si toutefois la décision de l'arrêter est prise", note-t-elle.
Est-ce héréditaire ?
L'origine de ce trouble de la pilosité peut en effet être héréditaire. "Le taux des androgènes peut être normal mais génétiquement certaines personnes disposeront de récepteurs au niveau des follicules pileux plus actifs et donc d'une pilosité plus importante", explique le Dr Gallay. Le syndrome d'Ambras, forme sévère de l'hypertrichose mais limité à quelques individus dans le monde, serait dû à une anomalie génétique sur le chromosome 8.
Comment traiter une hypertrichose ?
Le traitement de l'hypertrichose repose essentiellement sur quatre piliers :
- le traitement de la maladie sous-jacente ou changement de médicament
- la perte de poids "en cas de syndrome des ovaires polykystiques et chez les patientes obèses, car l'obésité augmente les taux de testostérone"
- l'hormonothérapie
- la décoloration ou l'épilation laser pour une amélioration esthétique.
L'épilation laser est une solution efficace pour traiter l'hypertrichose sur le long terme. Il faut bien sûr lui associer un traitement médical délivré par une endocrinologue en cas d'hirsutisme vrai. "Ces séances d'épilation laser sont en partie prises en charge par la Sécurité sociale uniquement lorsqu'une anomalie endocrinienne est mise en évidence et exclusivement pour les zones du visage et de la ligne blanche. Les autres zones sont entièrement à la charge du patient. Il faudra s'en remettre aux experts des lasers médicaux : en effet les paramètres du laser devront être adaptés à la peau de la patiente, à son type de poil, car la peau et les poils réservent des surprises lorsqu'on n'en a pas l'expertise", conclut notre experte.