Choléra : traitement, signes, comment se transmet la maladie ?
Le choléra est une maladie aiguë à caractère épidémique faisant suite à l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. Entre 0 et 2 cas de choléra sont déclarés chaque année en France. Quels sont les symptômes ? Comment se soigner ? Comment se fait sa transmission ?
Entre 0 et 2 cas de choléra sont déclarés chaque année en France, ils concernent des voyageurs de retour de zone d'endémie, indique Santé Publique France. C'est un chiffre faible et en diminution. "S'il est rare dans l'Hexagone, le choléra peut être à l'origine de symptômes digestifs et de déshydratation sévères" poursuit l'agence de santé. Tout savoir sur le choléra.
Définition : qu'est-ce que le choléra ?
Le choléra est une maladie aiguë à caractère épidémique faisant suite à l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. Cette bactérie se fixe sur les cellules intestinales et sécrète une toxine qui perturbe les échanges ioniques, engendrant ainsi une fuite liquidienne massive. Le choléra est une maladie rapidement évolutive qui peut entraîner la mort en quelques heures en l'absence de traitement. Considéré comme la maladie de la pauvreté, il survient généralement dans des pays ou régions où l'hygiène est peu présente et où la population manque de moyens.
Le choléra existe-t-il encore en France ?
Bien que surprenant, le choléra existe bel et bien toujours en France. Il ne s'agit plus d'un problème de santé publique mais il y a bien des cas importés tous les ans : entre 0 et 2 cas par an. "Cinq cas avaient été importés en 2019. Pour l'instant, en 2022, un seul cas de choléra a été détecté" indique Marie-Laure Quilici, directrice du Centre national de référence des Vibrions et du Choléra. Depuis 2010, les cas importés en France sont issus de l'Amérique et de l'Asie. Il s'agit de personnes qui voyagent et se sont rendues dans des pays où le choléra est encore présent. Cependant, aucun cas de transmission secondaire, c'est-à-dire lié à un cas importé, n'a été décrit en France à ce jour. Dans l'hexagone, les cas de choléra doivent obligatoirement être confirmés par le CNR et déclarés auprès des autorités de santé : Santé publique France et la Direction générale de la Santé. Le règlement sanitaire international n'oblige pas mais incite fortement les pays à déclarer leurs cas de choléra. Mais déclarer cette maladie peut avoir un impact économique très fort. C'est une des raisons pour lesquelles les chiffres officiels ne représentent pas la réalité. Environ 400.000 cas sont déclarés par an mais il en existe plutôt entre 1 et 4 millions par an, selon l'OMS.
Comment se transmet le choléra ?
Le choléra est une maladie qui touche uniquement les humains. Un homme contaminé va contaminer l'environnement en faisait ses besoins dans une rivière par exemple. Le réservoir de la bactérie est donc l'homme mais l'environnement est vecteur de transmission. Il peut également se transmettre par les mains si la personne contaminée a une mauvaise hygiène et touche de la nourriture mangée ensuite par d'autres personnes.
Quels sont les symptômes du choléra ?
80 à 90 % des épisodes sont bénins ou modérément sévères. Le principal symptôme est une diarrhée acqueuse, afécale, c'est-à-dire sans présence de selles, présentant un aspect en "eau de riz" : une eau blanchâtre avec des débris cellulaires. Une personne atteinte de choléra peut perdre 15 à 20 litres d'eau par jour. Des vomissements très importants font aussi partie des symptômes. En revanche, ces symptômes ne sont pas accompagnés de fièvre sauf s'il y a une co-infection avec un autre germe.
"On guérit très bien du choléra si la prise en charge est rapide."
Quelle est la durée d'incubation du choléra ?
La durée d'incubation du choléra est courte, de quelques heures à 5 jours.
Comment pose-t-on le diagnostic du choléra ?
Le diagnostic est principalement clinique. "Une diarrhée sévère suivie de vomissements qui tue les adultes en quelques heures est presque toujours un choléra", disait Lapeyssonnie, médecin militaire exerçant en Afrique lors de l'arrivée de la septième pandémie cholérique sur ce continent, en 1970. Il se base également sur des données épidémiologiques compatibles ". Dans les pays potentiellement exposés au choléra, une augmentation importante et rapide du nombre de cas de diarrhée aqueuse aiguë est évocatrice d'une épidémie de choléra. En France, le diagnostic est souvent posé en hospitalisation et le médecin vérifie si le patient est de retour de voyage dans un pays d'endémie ou d'épidémie. Une analyse des selles doit ensuite être pratiquée afin d'isoler la bactérie et de la caractériser au laboratoire. Seules certaines souches de Vibrio cholerae sont responsables du choléra : les souches des sérogroupes O1 et O139.
Existe-t-il un traitement contre le choléra ?
"On guérit très bien du choléra", assure la spécialiste, pour peu que la prise en charge soit rapide. Les diarrhées entraînent une déshydratation très importante. En l'absence de traitement, la mort survient en 1 à 3 jours, par collapsus cardio-vasculaire dans 25 à 50 % des cas. La mortalité est plus élevée chez les enfants, les personnes âgées et les individus fragilisés. En réalité, une réhydratation peut suffire pour guérir du choléra. Les solutés de réhydratation (SRO) sont administrés par voie orale ou en intraveineuse dans les cas les plus graves. Le but est de restaurer un équilibre ionique. "Le traitement paraît assez simple mais le problème reste la logistique : il faut que les malades soient encadrés par des soignants et puissent se rendre aux centres de soins. En Haïti, les chemins et routes étaient détruits, les habitants mourraient faute de soins car ils ne pouvaient pas se rendre dans ces centres". En France, ou dans les pays qui ont accès à ce type de traitement, on prescrit également des antibiotiques ciblés. Cela permet d'accélérer la guérison et donc de réduire le portage de la bactérie. "Le nombre de morts du choléra sans prise en charge peut atteindre les 30% à 50% des cas. Mais on se situe en dessous de 1% si un traitement est mis en place."
Existe-t-il un vaccin contre le choléra ?
Il existe en effet deux types de vaccins oraux préqualifiés par l'OMS mais en France, ceux-ci ne sont administrés qu'aux voyageurs intervenant auprès de malades en zone épidémique. "Il est cependant important de souligner qu'il n'existe pas aujourd'hui de vaccin induisant une protection à long terme contre le choléra", écrit le Centre national de référence des Vibrions et du Choléra sur le sujet.
►Le vaccin monovalent O1. Celui-ci est administré aux adultes et enfants de plus de 6 ans en 2 doses, à 7 jours minimum et 6 semaines maximum d'intervalle. Il devient efficace une semaine après l'administration de la seconde dose. Dans toutes les classes d'âge, il confère une protection de 85 à 90% pendant 6 mois puis décline rapidement chez les enfants de moins de 5 ans mais avoisine encore les 60% au bout de 2 ans chez les enfants plus âgés et les adultes. Ce vaccin a plusieurs fois été utilisé lors de campagnes de vaccination de masse et a reçu une autorisation de mise sur le marché européenne. Selon Pasteur, il ne peut pas être utilisé en mesure générale de santé publique mais doit en revanche, selon l'OMS "être pris en considération parmi les moyens destinés à prévenir le choléra dans les populations considérées à risque d'épidémie dans les 6 mois à venir".
►Les vaccins bivalents O1 et O139. Dans cette catégorie, les vaccins Shanchol – homologué en 2009 en Inde – et Euvichol – homologué en 2015 en République de Corée – ont la même formulation et sont autorisés et disponibles pour le marché international. Le vaccin Shanchol a révélé une efficacité protectrice globale de 67% à 69% parmi les personnes qui avaient reçu 2 doses de vaccin pour toutes les tranches d'âge, y compris les enfants de 1 à 4 ans, selon Pasteur.
Comment prévenir le choléra ?
► En cas de voyage dans les zones endémiques, le respect des mesures d'hygiène (hygiène alimentaire avec consommation d'aliments cuits et chaud, d'eau en bouteille capsulée, éviction des glaçons, et lavage des mains) reste la meilleure des préventions.
Quelles sont les dates des pandémies de choléra ?
Le delta du Gange, en Inde, est considéré comme le foyer originel et histoire de la maladie. Celle-ci s'est tout d'abord diffusée dans les pays limitrophes, restant confinée à l'Asie. Le premier à avoir rapporté en Europe une épidémie de diarrhée mortelle semblable au choléra fut Vasco de Gama en 1503, de retour d'un voyage à Calicut (Inde). A partir du XIX siècle, le choléra s'est répandu partout dans le monde. Sept pandémies ont depuis été recensées* :
► 1ere pandémie (1817-1823) : elle débute à Calcutta, touche l'Extrême-Orient, l'Afrique occidentale et l'Asie mineure.
► 2eme pandémie (1826-1837) : elle se propage depuis le Bengale jusqu'à la Perse et la mer Caspienne. Elle touche également Moscou, Varsovie, la Mecque, l'Égypte, l'Europe (Paris et Londres en 1832), l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale (Cuba, Mexique).
► 3eme pandémie (1840-1860) : l'origine de la pandémie est à nouveau l'Inde. Elle s'exporte au Maghreb et en Europe puis en Russie, en France (143.000 morts en 1854) et en Amérique du Nord.
► 4eme pandémie (1863-1876) : l'Europe du Nord (Belgique puis France), l'Afrique jusqu'au Sénégal, la Mecque et l'Amérique du sud sont frappées par le choléra.
► 5eme pandémie (1881-1896) : la pandémie part une nouvelle fois d'Inde et se diffuse sur plusieurs continents.
► 6eme pandémie (1899-1923) : depuis l'Asie, elle se répand en Russie et en Europe centrale et occidentale.
► 7eme pandémie (depuis 1961) : cette pandémie est un peu différente car elle est due au Vibrio cholerae " El Tor ", une souche découverte en 1905, moins virulente mais qui survit encore mieux dans l'environnement. Elle part d'Indonésie, s'étend en Asie, au Moyen-Orient, menace l'Europe, atteint l'Afrique et enfin l'Amérique latine, Madagascar puis Haïti. Cette pandémie est toujours en cours aujourd'hui.
Depuis, le choléra sévit de façon endémique (de manière permanente) en Afrique, désormais principal pourvoyeur de choléra, et également en Asie. Il se manifeste aussi sous forme de flambées épidémiques. Ce fut le cas en 2010 en Haïti lorsque ce pays des Caraïbes fut touché par une épidémie de choléra importé par des casques bleus népalais venus en aide après le tremblement de terre. Il s'agit d'une des plus importantes épidémies avec celle qui sévit au Yémen depuis 2016, "la plus grosse épidémie qui ait été décrite depuis que l'on connait le choléra", assure Marie-Laure Quilici, directrice du Centre national de référence des Vibrions et du Choléra situé à l'Institut Pasteur.
Merci à Marie-Laure Quilici, directrice du Centre national de référence des Vibrions et du Choléra situé à l'Institut Pasteur.
Sources :
-Universalis et Wikipedia.
-Fiche sur le Choléra de l'Institut Pasteur
-L'Organisation mondiale de la santé (OMS)