Poche de stomie : indications, pose, changement, definition
Les patients stomisés sont équipés d'une poche fixée sur leur ventre, qui recueille leur urine ou leurs selles, et qu'ils changent régulièrement, parfois plusieurs fois par jour. Explications du Docteur Anthony Giwerc, chirurgien urologue-andrologue.
Définition : qu'est-ce qu'une poche de stomie ?
On appelle poches de stomie, ou poches de recueil, les petits sacs destinés à recevoir les urines ou les selles issue d'une stomie, c'est-à-dire, d'une intervention chirurgicale qui a conduit les chirurgiens à créer une dérivation cutanée (majoritairement au niveau de l'abdomen) de l'appareil digestif ou urinaire. Ces déviations peuvent être provisoires ou permanentes. Environ 16 000 stomies sont réalisées en France chaque année.
Indications : pourquoi mettre une poche de stomie ?
Ces opérations s'effectuent chez des personnes ayant une nécessité de dériver l'évacuation naturelle des selles ou des urines. "Il existe deux types de stomies : les stomies urinaires et les stomies digestives", indique en point de départ le Docteur Anthony Giwerc, chirurgien urologue-andrologue. "Dans le cas d'une ablation partielle ou totale de la vessie après un cancer de la vessie, ou d'une pathologie neurologique (sclérose en plaques, maladie de Parkinson ...), ou encore une vessie non fonctionnelle, il est nécessaire de pouvoir recueillir les urines autrement que par évacuation via l'urètre", poursuit-il. Il explique que se discute alors : soit la réalisation d'une stomie non continente des uretères (conduits allant des reins jusque dans la vessie) à travers un segment d'intestin appelée "Bricker" ou directement branchés sur la peau (Urétérostomie cutanée), soit la réalisation d'une dérivation continente de la vessie, que l'on nomme "cystostomie continente". "Dans de rare cas (sténose de l'urètre, cancer de la verge), il est possible d'aboucher (placer bout à bout, ndlr) l'urètre à la peau au niveau du périnée appelée alors urétrostomie (surtout chez l'homme)", ajoute le chirurgien urologue-andrologue.
La plupart du temps, ces stomies ne sont pas plus grosses qu'un petit orifice de deux centimètres de diamètre et sont situées au niveau de la fosse iliaque droite (partie inférieure de l'abdomen). Une poche de stomie peut aussi être placée après une stomie d'élimination digestive, qui va aboucher l'intestin grêle à la peau ou le côlon à la peau, et permettre aux excréments de s'évacuer dans ce sac. Cette poche peut être fixée à la suite d'une chirurgie complexe dans le ventre, par exemple, pour protéger la couture en empêchant les selles de passer, ou encore, pour les patients atteints d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI), comme la maladie de Crohn.
Comment mettre une poche de stomie ?
"Certaines poches se fixent sur un socle indépendant, carré, de la taille d'un post-it, que la personne colle sur la stomie en laissant un orifice de la taille de la stomie. Elle vient alors "clipser" la poche au socle", explique le Docteur Anthony Giwerc, alors que "d'autres poches sont fusionnées avec le socle rendant parfois l'appareillage plus facile." Il souligne par ailleurs le rôle crucial des stomathérapeutes, qui "réalisent une éducation thérapeutique qui débute bien avant la réalisation de la chirurgie." Ces infirmiers à domicile spécialisés aident les patients stomisés à gérer leurs poches, à les positionner et les changer.
Quand changer une poche de stomie ?
Pour le changement d'appareillage, cela dépend de l'opération subie.
- Les stomies d'éliminations digestives sont équipées de petits filtres qui laissent passer l'air. Elles ne gonflent pas, et donc, restent en place la journée. Le patient la retire dès qu'elle est pleine. Il doit la changer une ou plusieurs fois par jour, ainsi que le socle quand celui-ci est solidaire de la poche.
- Lorsque le socle est indépendant de la poche, le patient peut le garder 24 à 48 heures, tant qu'il colle bien et qu'il est bien étanche. Il changera alors juste la poche. Lors de ces changements, le patient doit nettoyer le dispositif avec de l'eau, du savon et un peu d'anti-adhésif.
Quelles sont les complications ?
"Ces supports sont faits pour être collés à la peau, ils sont hypoallergéniques. Mais parfois, il y a des complications d'appareillage, comme des lésions cutanées péristomiales d'irritation", prévient le médecin interrogé. "Si le socle n'est pas collé exactement au ras de la stomie, de l'urine ou des excréments, acides, peuvent se déposer autour du socle, sur la peau, et l'irriter. L'urine échappée peut aussi provoquer des fuites et décoller le socle." Le Docteur Anthony Giwerc cite aussi un risque de désunions, entre morceaux fixés à la peau en post-opératoire immédiat cicatrisant parfaitement. Il évoque enfin d'autres complications, plus rares : des éventrations péri-stomiales, ou encore, des invaginations ou à contrario des prolapsus (extériorisation de la vessie dans le vagin) de la stomie.
Vivre avec une poche de stomie : quelles conséquences ?
Le patient stomisé va devoir s'adapter à son nouveau quotidien dans lequel il devra vider ou changer régulièrement sa poche. Le rôle de la stomatothérapeuthe est précisément d'accompagner le patient dans ces changements d'habitude. Son image corporelle risque d'être modifiée, mais le chirurgien, avant l'opération, aura réalisé un repérage pour que la poche soit posée à l'endroit le plus adapté pour le patient, pour qu'il soit à l'aise avec et que celle-ci soit la plus discrète possible. "Le médecin demande au patient de venir à ce rendez-vous de la manière dont il s'habille quotidiennement (s'il porte souvent des ceintures, des pantalons serrés…) pour savoir exactement où positionner la stomie", décrit le Docteur Anthony Giwerc. "Désormais, des poches dans des nouvelles matières et même en imprimé dentelle sont commercialisées, pour que le patient le vive bien", dit aussi l'interviewé, ravi que sur Instagram, de plus en plus d'internautes, dont des mannequins, posent avec leur poche de stomie. "Le message, c'est : on est beau et on est belle, même stomisés !"
Merci au Docteur Anthony Giwerc, chirurgien urologue-andrologue, exerçant à Paris et attaché à l'hôpital Saint-Louis.