Noradrénaline : c'est quoi, effet, rôle, trop basse, élevée
La noradrénaline est le neurotransmetteur du système nerveux sympathique. Elle favorise notamment l'excitation, la vigilance, l'apprentissage ou le sommeil. Qui la produit ? Comment la doser ? Que faire lorsqu'elle est trop basse ? Trop élevée ? Réponses avec le Dr Jean-Michel Constantin, anesthésiste.
Définition : qu'est-ce que la noradrénaline ?
La noradrénaline, aussi nommée norépinephrine, est une substance principalement utilisée via le système nerveux sympathique ou orthosympathique. Elle fait partie des neuromédiateurs : son rôle est de transmettre des messages via les nerfs à différents composants de l'organisme lors de nombreux processus physiologiques. "Elle fait également partie des hormones, ajoute le Dr Jean-Michel Constantin, anesthésiste. Elle a donc une action par voie sanguine. On l'appelle souvent l'hormone du stress".
Quels sont les effets de la noradrénaline ?
La noradrénaline favorise la réduction de diamètre de certains vaisseaux sanguins
"Quand elle agit comme neurotransmetteur, on la retrouve dans les connections entre les neurones, appelées synapses, complète le médecin. Elle sert à transporter l'information dans les neurones adrénergiques. Quand elle agit comme hormone, elle stimule la production d'adrénaline dans notre corps, autre hormone du stress". La noradrénaline favorise la réduction de diamètre de certains vaisseaux sanguins, l'augmentation de la fréquence des battements cardiaques et permet aussi d'accroître la pression artérielle quand le besoin s'en fait sentir. Parmi les autres effets principaux, elle permet la contraction de certains organes et a tendance à ralentir le transit. Dans le système nerveux central, elle joue des rôles importants dans l'attention, la vigilance, les émotions, le sommeil, le rêve, les cauchemars et les apprentissages...
Qui produit la noradrénaline ?
"La noradrénaline "hormone" est sécrétée au niveau des glandes surrénales et libérée dans la circulation générale, où elle peut être responsable de la décharge d'adrénaline, en cas de stress ou d'effort intense, détaille l'anesthésiste. De son côté, la noradrénaline "neurotransmetteur" est synthétisée dans l'espace pré-synaptique. C'est dans le locus coeruleus, noyau du tronc cérébral, que l'on en trouve la plus grande quantité. Ce noyau est impliqué dans la vigilance, le sentiment de panique, le sommeil…".
Quand et comment doser la noradrénaline ?
Pour évaluer les taux de noradrénaline, on va doser dans le sang, les urines ou dans le liquide cérébro-spinal, la quantité de VMA (acide vanylmandélique) et de MHPG (3-méthoxy-4-hydroxyphénylglycol), des produits de dégradation de la noradrénaline.
Noradrénaline trop basse : quelles causes et que faire ?
"Lorsque les concentrations de noradrénaline sont trop basses, ou mal utilisées au niveau neurologique central, on peut avoir des troubles de la vigilance, de la concentration, des symptômes de dépression, reconnait notre interlocuteur. Chez l'enfant, c'est un des mécanismes possibles du trouble de déficit d'attention avec hyperactivité (ATDH)".
Noradrénaline trop haute : quelles causes et que faire ?
"Lorsque les concentrations plasmatiques de noradrénaline ou d'adrénaline sont trop élevées, comme dans le phéochromocytome fonctionnel, le tableau clinique associe une pression artérielle élevée, des céphalées (mots de tête), une transpiration et un rythme cardiaque élevé, détaille le Dr Constantin. Dans ces cas il faut réaliser une ablation de la glande surrénale qui contient la tumeur".
Noradrénaline en médicament : quels effets secondaires ?
Utilisée en perfusion intraveineuse, la noradrénaline est le traitement de choix des états de choc avec vasoplégie. "La vasoplégie est la baisse de tonus des vaisseaux sanguins, conclut le Dr Constantin. Elle agit en augmentant le tonus des artères mais aussi des veines, ce qui permet d'augmenter la quantité de sans qui arrive au cœur. En effet, le volume sanguin dans les veines, appelé le volume non contraint, c'est un volume "de réserve", est remis en circulation sous l'effet de la vasoconstriction veineuse (le contenant diminue)". En cas d'hypersensibilité ou de surdosage, les effets suivants peuvent apparaître plus fréquemment :
- hypertension,
- photophobie,
- douleur rétrosternale,
- douleur pharyngée,
- pâleur,
- sudation intense,
- vomissements.
Merci au Dr Jean-Michel Constantin, Chef de service anesthésie-réanimation à l'Hôpital Pitié-Salpêtrière (AP-HP). Secrétaire général de la Société Française d'Anesthésie et Réanimation (SFAR)