Tous les organes ne s'arrêtent pas quand on meurt, celui-ci continue de fonctionner

"Le corps juste décédé est comme un orchestre sans chef d'orchestre."

Tous les organes ne s'arrêtent pas quand on meurt, celui-ci continue de fonctionner
© 123rf-jovanmandic

En France, la mort reste taboue. Certains peuvent être mal à l'aise d'en parler, d'autres sont au contraire intrigués... Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un processus physiologique naturel largement étudié par les chercheurs et scientifiques du monde entier. "La mort, c'est l'interruption de la vie et des fonctions biologiques qui la caractérise. C'est aussi la perte de la conscience, de la personnalité, de tout ce qui fait de nous un être sensible et social, définit Valérie Mils, Maître de conférence en biologie cellulaire - centre de biologie du développement - Université Paul Sabatier à Toulouse. La mort est un processus qui prend son temps puisque, excepté les cas de morts violentes ou accidentelles, elle est l'issue inévitable du vieillissement irréversible de nos organes". Mais quel organe "lâche" en premier ? Et en dernier ?

"Le corps juste décédé est comme un orchestre où chaque musicien joue sa partition sans chef d'orchestre. S'en suit une cacophonie qui ne ressemble plus en rien à la symphonie que les joueurs devraient produire", explique-t-elle à l'occasion d'une exposition au Muséum de Toulouse"Une fois la circulation sanguine interrompue, lors de la mort naturelle par arrêt cardiaque, les organes ne sont plus irrigués et l'activité de leurs cellules va s'arrêter progressivement. L'arrêt cardiaque entraîne la défaillance des autres organes les uns après les autres. La mort n'est pas un phénomène instantané : tous les organes ne meurent pas en même temps. C'est d'ailleurs ce qui permet de greffer des organes alors que le donneur est décédé. Cet arrêt des métabolismes, c'est-à-dire de tous les fonctionnements de l'organisme (battement du cœur, circulation sanguine, respiration, communication interneuronale...) va avoir des conséquences sur l'état du corps qui va se dégrader progressivement", nous explique de son côté le Dr Michel Sapanet, directeur de l'Institut de médecine légale Poitou-Charentes. 

On l'aura compris, la mort (naturelle) n'est donc pas instantanée et il semblerait qu'elle suive une chronologie définie. 

► Elle débute souvent par un arrêt cardio-respiratoire (arrêt du cœur) qui empêche l'oxygénation du sang et l'irrigation des organes.

► Le cerveau peut encore fonctionner pendant plusieurs minutes (voilà pourquoi depuis 1968, l'arrêt cardio-respiratoire n'est plus considéré comme suffisant pour déclarer l'individu mort et le critère de décès est aujourd'hui l'arrêt du fonctionnement du cerveau ou "mort encéphalique").

► Après la mort encéphalique débute la mort progressive et désynchronisée des différents organes :

  1. Les premières cellules à mourir sont celles qui tapissent nos vaisseaux sanguins
  2. Les reins, le pancréas et le foie sont altérés par les enzymes digestives qu'ils fabriquent et suivent en moins de trente minutes (en cas de dons d'organes, ils sont maintenus artificiellement en activité)
  3. Les muscles qui contiennent de grandes réserves d'énergie tiennent un peu plus longtemps.

Enfin, les cellules de la peau, des os et de la cornée sont celles qui résistent le plus longtemps, jusqu'à 1 jour ou 2.