Mort cérébrale : définition, causes, peut-on se réveiller ?

La mort encéphalique correspond à la perte permanente d'activité cérébrale. Quels en sont les signes ? Comment le diagnostic est-il effectué ? Le point avec le Pr Sigismond Lasocki, médecin Anesthésiste-Réanimateur et chef du pôle ASUR au CHU d'Angers.

Mort cérébrale : définition, causes, peut-on se réveiller ?
© 123RF-Sakorn Singsuwan

Définition de l'état de mort cérébrale ou "encéphalique"

La mort encéphalique ou "mort cérébrale" désigne un état dans lequel toutes les fonctions cérébrales sont arrêtées alors que les fonctions cardiaques sont maintenues. Le patient est alors bien décédé.

Mort cérébrale : causes

Généralement, les morts encéphaliques font suite à un manque d'oxygène prolongé après arrêt cardiaque par exemple, à des lésions cérébrales traumatiques ou à un AVC. La mort encéphalique est irréversible.

Signes cliniques en cas de mort cérébrale

"Le contexte est important car cette situation n'est possible que chez un patient qui se trouve en réanimation. On ne peut pas dire d'une personne décédée dans la rue qu'elle est en mort encéphalique" avertit le Pr Sigismond Lasocki, médecin Anesthésiste-Réanimateur et chef du pôle ASUR (Anesthésie, SAMU, Urgences Réanimation) au CHU d'Angers. Certains signes permettent d'affirmer l'état de mort cérébrale : "Le patient est dans un coma très profond, il n'a aucune réaction, il n'a aucun réflexe et il ne respire pas tout seul", poursuit le médecin réanimateur.

"Pour établir le diagnostic de mort encéphalique, il faut que le patient n'ait aucun médicament d'anesthésie qui circule et qu'il ne soit pas en hypothermie."

Réveil en état de mort cérébrale : est-ce possible ?

"Non, si on est mort, on est mort ! Ce qui est possible, en revanche, c'est d'être en état de mort apparente (notamment en cas d'hypothermie…). Pour établir le diagnostic de mort encéphalique, il faut que le patient n'ait aucun médicament d'anesthésie qui circule et qu'il ne soit pas en hypothermie", affirme le spécialiste.

Diagnostic de mort cérébrale : en pratique

"On examine le patient, on vérifie qu'il n'a aucune réactivité, aucun réflexe archaïque persistant, qu'il ne respire pas tout seul, on fait même une prise de sang après l'épreuve d'apnée pour vérifier s'il y a du gaz carbonique dans le sang car il y en a qui s'accumule lorsqu'on ne respire pas. L'ensemble de ces éléments nous permet de faire le diagnostic de mort encéphalique. A partir de ce moment-là, on peut affirmer cliniquement que le patient est mort. Son cœur continue à battre parce que c'est un muscle qui a sa propre "pile" il continue à battre tant qu'il a suffisamment d'oxygène pour fonctionner, c'est-à-dire tant que le patient est branché à une machine pour le faire respirer", explique le médecin réanimateur.

Quel délai pour débrancher en cas de mort cérébrale ?

"Le patient est mort, continuer à le faire respirer n'a donc pas de sens. Dès lors que la mort est prononcée, il n'y a pas de raison d'attendre pour débrancher le patient. On peut le laisser en attendant que la famille vienne mais c'est symbolique", souligne le spécialiste.

Le cœur continue à battre parce que c'est un muscle qui a sa propre "pile".

Mort cérébrale et don d'organes

Dès que l'on a établi ce diagnostic clinique, le médecin réanimateur peut débrancher la machine et faire le certificat de décès. Mais, tant que le patient est sous respirateur, le sang est oxygéné et les organes sont perfusés : on peut alors faire un prélèvement d'organes. "Toutefois, cela nécessite de prouver la mort encéphalique, soit en faisant un électroencéphalogramme avec au moins 30 minutes d'enregistrement, deux fois, à quatre heures d'intervalle, soit en effectuant un angioscanner cérébral qui nous prouve qu'il n'y a plus de circulation du sang dans le cerveau. A ce moment-là, on discute avec les proches pour savoir si le patient souhaitait donner ses organes ou non", nuance le Pr Sigismond Lasocki.

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