Vos douleurs de règles ne sont pas normales, ces signes le prouvent

Notre gynécologue est catégorique : "Ce n'est pas normal d'avoir mal pendant ses règles."

Vos douleurs de règles ne sont pas normales, ces signes le prouvent
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Le cycle menstruel est un phénomène physiologique qui rythme la vie des femmes et qui s'accompagne de nombreux symptômes : une fatigue, des changements d'humeur mais aussi parfois des douleurs. Or "ce n'est pas normal d'avoir mal au moment des règles" explique la gynécologue Odile Bagot. Dans le langage médical, les menstruations douloureuses sont appelées "dysménorrhée". La dysménorrhée peut être primaire lorsqu'elle survient dès l'adolescence ou secondaire lorsqu'elle apparaît au fur et à mesure des cycles menstruels. Elle peut avoir plusieurs causes et être plus ou moins handicapante au quotidien.

Les douleurs ovariennes

Des douleurs peuvent survenir autour de l'ovulation c'est-à-dire vers le 14e jour pour les femmes qui ont des cycles de 28 jours. On parle de douleurs "cycliques". "Si une femme présente des douleurs cycliques, le réflexe sera toujours de les analyser par rapport à la date des règles. C'est le repère. Le professionnel de santé pourra à ce moment-là les relier aux menstruations ou non" explique le Dr Bagot. L'ovulation se traduit par un petit kyste de 2cm qui éclate. Elle peut entraîner des "sensations" chez la femme qui ressent comme une gène passagère. Il n'y a rien d'inquiétant. En revanche, si l'ovulation s'associe à des douleurs importantes pendant 2 à 3 jours, il faut en parler au médecin"Parfois on voit une dystrophie ovarienne, c'est-à-dire plusieurs kystes, ou un kyste fonctionnel ou même des ovaires polykystiques qui sont douloureux en période d'ovulation" poursuit la gynécologue. Ce qui doit alerter : 

► Une douleur permanente sur quelques jours qui se situe dans le petit bassin, souvent d'un côté ou de l'autre et survient au milieu du cycle.

► Une douleur réveillée ou accentuée au moment des rapports sexuels, en particulier dans les jours qui suivent l'ovulation. 

► Une douleur qui persiste : après l'ovulation du liquide dans le pelvis va se constituer, en particulier à l'arrière de l'utérus, entrainant une sensibilité au moment des rapports qui peut s'estomper ou durer pendant 7 ou 8 jours, parfois même jusqu'aux prochaines règles, le temps que le liquide se résorbe. 

L'origine de la douleur peut être diagnostiquée avec une échographie. "On va ensuite traiter les douleurs ovulatoires selon leur intensité, un antalgique simple peut être suffisant. Si ce n'est pas le cas il faut traiter la cause, c'est-à-dire qu'il faut bloquer l'ovulation avec une pilule", précise le Dr Bagot.

Les règles douloureuses

Avoir une sensation désagréable, légèrement douloureuse au moment des règles est commun et "se soigne avec un paracétamol ou un anti-inflammatoire" mais "toute douleur qui altère la qualité de vie doit être prise en charge et explorée". On ne doit pas s'habituer à souffrir au moment des règles en se disant que c'est normal d'autant que comme le rappelle notre interlocutrice "avoir des conséquences sur le quotidien à cause de ses règles n'est pas une fatalité. Il faut traiter la douleur, l'inflammation et la contraction". Dans l'ordre :

  1. Anticiper la douleur, "ne pas attendre d'être pliée de douleurs pour prendre son traitement".
  2. Associer les médicaments et prendre la bonne dose : contre la douleur avec du paracétamol (maximum 3 gr par jour), contre l'inflammation avec un anti-inflammatoire (la posologie dépend du produit), contre la contraction avec du Spasfon® (maximum 3 fois 2 comprimés à 80mg). "Ne pas hésiter à prendre successivement les médicaments dans la journée."
  3. Si ça ne suffit pas, envisager la prise de la pilule. En effet, la plupart des femmes sous pilule n'ont plus de douleurs de règles, "c'est un contraceptif mais aussi un traitement contre les dysménorrhées" explique la gynécologue. Enfin si l'antalgique ou la pilule ne suffisent pas, il faut explorer les causes des douleurs, en particulier l'éventualité d'une endométriose.

L'endométriose 

L'endométriose est une maladie complexe où les symptômes sont multiples et pas toujours corrélés aux lésions. Le signe le plus constant, plutôt au début de la maladie est la dysménorrhée "aggravée" c'est-à-dire que chaque mois va être pire que le précédent. De nombreuses femmes atteintes d'endométriose ont aussi des douleurs en dehors des règles et parfois en dehors du pelvis par exemple. Pour faire le diagnostic, le médecin interroge la patiente sur les symptômes suivants : 

► Des douleurs pelviennes, en particulier au moment des règles

► Des douleurs au moment des rapports sexuels

► Des douleurs non gynécologiques : douleurs à la miction (au moment d'uriner), des douleurs digestives, des saignements anaux au moment des règles...

Le but sera d'associer les signes et d'observer leur évolution, "le spécialiste cherchera ensuite à repérer les nodules d'endométriose, à déclencher la douleur avec un toucher vaginal pour mieux l'identifier, puis une échographie spécialisée et enfin une IRM" explique la gynécologue. Le traitement le plus répandu de l'endométriose reste à ce jour la prise de pilule contraceptive.