Mal aux ovaires : règles, ovulation, rapport, quelle cause ?

Mal aux ovaires : règles, ovulation, rapport, quelle cause ?

Vous avez mal dans la partie inférieure du bassin ? A l'ovulation ? Pendant vos règles ? Après un rapport ? A droite ou à gauche ? Il s'agit potentiellement d'une douleur aux ovaires. Elle est souvent bénigne mais peut parfois révéler une pathologie plus sérieuse. Liste des causes possibles avec le Dr Nasrine Callet, gynécologue et oncologue à l'Institut Curie.

Vous avez mal dans la partie inférieure du bassin ? Lors de l'ovulation ? Juste avant et pendant vos règles ? Après un rapport sexuel ? A droite ou à gauche ? Il s'agit potentiellement d'une douleur aux ovaires. Si la douleur est récurrente, persistante ou associée à d'autres symptômes (pertes blanches abondantes, odorantes, douleurs lombaires, fièvre, brûlures lors de la miction, troubles digestifs...), il faut consulter rapidement un médecin qui, à l'aide d'une échographie et d'autres examens, pourra poser un diagnostic. Tour des causes d'une douleur aux ovaires avec le Dr Nasrine Callet, gynécologue et oncologue (spécialiste du cancer du sein et des ovaires) à l'Institut Curie à Paris. 

Comment reconnaître une douleur aux ovaires ?

Une douleur aux ovaires est une douleur pelvienne. Autrement dit, elle se situe au niveau du petit bassin, à l'arrière de l'utérus. Typiquement, elle se manifeste par une sensation de brûlure ou de pincement au niveau du bas-ventre. Mais une douleur ovarienne peut être confondue avec une douleur abdominale, de l'utérus, de la vessie, du côlon (si la douleur est du côté gauche), ou de l'appendice (si la douleur est du côté droit)... Dans tous les cas, une douleur qui persiste ou qui revient régulièrement doit amener à consulter un médecin. 

Schéma appareil génital femme ovaire
Schéma de l'appareil génital féminin
et de l'ovaire © blueringmedia - 123RF

Mal aux ovaires : 9 causes possibles

Ovulation douloureuse

"Une femme non ménopausée peut avoir des douleurs au niveau des ovaires pendant sa période d'ovulation (milieu du cycle menstruel). Au moment de l'ovulation, l'ovaire expulse un ovule, ce qui peut créer des douleurs. Ces douleurs ovariennes rythmées par le cycle interviennent toujours à la même période du mois et sont typiques de l'ovulation. Elles disparaissent au bout d'une journée généralement", indique le Dr Callet. 

Avant et pendant les règles

Une douleur à l'ovaire peut également s'intensifier à l'approche et pendant les règles. "Cela est surtout visible chez les femmes qui ont un terrain d'endométriose", prévient notre interlocutrice. Une douleur ovarienne caractéristique d'une endométriose démarre la veille ou le jour des règles et disparaît juste après. On appelle ces douleurs des "dysménorrhées". Une douleur qui passe après la prise d'un antalgique n'est pas forcément inquiétante.

Plus le kyste est gros, plus la douleur est intense.

Un kyste de l'ovaire

"Une douleur ovarienne peut être liée à un kyste ovarien fonctionnel qui est dû à un mauvais fonctionnement de l'ovaire ou à un kyste organique qui s'est formé à partir du tissu de l'ovaire. Plus le kyste est gros et appuie sur le côlon, plus la douleur est intense", indique la spécialiste. La douleur est plutôt d'un seul côté du corps, à droite ou à gauche en fonction de la localisation du kyste, donnant l'impression d'une pesanteur sur l'ovaire.

  • En principe, un kyste fonctionnel de plus de 3 - 3.5 cm doit être traité voire retiré.
  • Un kyste organique, surtout s'il contient des tissus ou de la chair, doit être retiré quelle que soit sa taille. Il peut grossir et ne pas régresser spontanément. Si la majorité de ces lésions sont bénignes, environ 10% sont dits "borderline" (lésions qui comportent certaines anomalies communes avec les cancers) ou cancéreux

Une tumeur à l'ovaire

Une douleur ovarienne peut cacher la présence d'une tumeur bénigne, maligne ou borderline. Cette masse ovarienne se verra alors lors d'un examen clinique mais surtout sur une échographie pelvienne. Cet examen pourra être complété par une IRM qui permet de voir davantage les ovaires. "Plus le stade de la tumeur évolue, plus la douleur est intense. S'il y a une tumeur ovarienne maligne, le ventre grossit à cause de la présence d'eau dans l'abdomen (ascite). On estime que 98% des cancers de l'ovaire sont découverts au stade 3 (stade avancé), ce qui explique que le pronostic soit mauvais", souligne le Dr Callet.  

Après un rapport

"Une douleur ovarienne peut survenir après un rapport sexuel si on a un kyste fonctionnel. Mais souvent, si on a mal après un rapport, ce n'est pas à cause de l'ovaire, mais c'est dû à un utérus rétroversé. Il s'agit d'un "problème" purement mécanique", décrit l'oncologue. A cause de la rétroversion de l'utérus, le pénis a tendance à "buter" sur le col de l'utérus ce qui peut provoquer une gêne, voire des douleurs.

Attention à la ménopause, les ovaires ne travaillent pas. Les douleurs ovariennes ne peuvent pas être dues aux cycles.

Une grossesse extra-utérine

"Chez une patiente en âge de procréer qui a des douleurs pelviennes et qui a un retard de règles ou a eu un oubli de pilule, on peut soupçonner le début d'une grossesse, voire une grossesse extra-utérine qui peut se situer sur l'ovaire", poursuit l'oncologue. Ce n'est pas très fréquent, mais ça arrive. Dans ce cas, il est important de réaliser un test de grossesse. Si le test de grossesse est positif, il faut réaliser une échographie pelvienne. 

Une infection

Un abcès au niveau de l'ovaire peut entraîner des douleurs. Cet abcès survient surtout chez les femmes qui ont une pathologie infectieuse telle qu'une salpingite (infection d'une ou des deux trompes), pouvant être causée par une infection sexuellement transmissible, la pose d'un stérilet, la pratique d'un examen endo-utérin ou l'infection d'un organe proche de l'appareil génital (appendicite...). Dans ce contexte, le diagnostic est d'abord clinique car la femme présente de la fièvre ou des pertes abondantes, jaunâtres et purulentes. L'échographie pelvienne permet ensuite de confirmer ou d'infirmer le diagnostic. Le traitement repose sur la prise d'un antibiotique. 

Un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est dû à un dérèglement hormonal d'origine ovarienne et/ou centrale (au niveau du cerveau). "Cela entraine une sécrétion importante d'androgènes, surtout de testostérone (hormone masculine), ce qui entraîne une surproduction de kystes", explique notre interlocutrice. Le traitement est uniquement symptomatique : il repose sur une amélioration de l'hygiène de vie, un traitement médicamenteux et un accompagnement psychologique si nécessaire. Selon l'Inserm, 1 femme sur 10 serait concernée par cette pathologie hormonale. Mais les symptômes sont très variables d'une patiente à l'autre : la maladie peut se manifester de manière très légère, comme de manière très handicapante.

Après une FIV

"Une fécondation in vitro (FIV) qui sollicite trop les ovaires (lorsque la stimulation est trop puissante par exemple) peut entraîner l'apparition de kystes ovariens, pouvant être à l'origine de douleurs. Dans ce contexte, le médecin le remarque tout de suite via une échographie. L'intensité de la stimulation sera ensuite réduite et adaptée à la patiente", explique l'experte. 

Que faire et qui consulter ?

Une femme qui se plaint d'une douleur aux ovaires qui persiste ou qui est récurrente doit consulter un médecin généraliste ou un gynécologue. Après un examen clinique et un interrogatoire, le professionnel de santé pourra prescrire une échographie pelvienne. Cet examen permet de voir l'état des ovaires, s'il y a de l'endométriose, un abcès ou un kyste et quelle taille il fait. Si le médecin ne voit rien à l'échographie, il s'orientera vers des causes non gynécologiques, comme une pathologie du côlon (colopathie fonctionnelle) ou de l'utérus par exemple. Attention, à la ménopause, les ovaires par définition ne travaillent pas. Les douleurs ovariennes ne peuvent pas être dues aux cycles. Elles sont donc à surveiller par un médecin. 

Merci au Dr Nasrine Callet, gynécologue et oncologue (spécialiste du cancer du sein et des ovaires) à l'Institut Curie.