Anovulation : symptômes, causes, règles, traitement
Certaines femmes n'ovulent pas pendant leur cycle menstruel : c'est ce que l'on appelle l'anovulation. Bien souvent, elles s'en rendent compte lorsqu'elles veulent un enfant. Quels sont les signes ? Les causes ? A-t-on encore ses règles ? Existe-t-il des traitements ? Réponses du Dr Julia Maruani, gynécologue médicale et Secrétaire Générale de la FNCGM.
Définition : qu'est-ce que l'anovulation ?
Comme son nom l'indique, l'anovulation désigne une absence d'ovulation. Pour rappel, l'ovulation correspond au moment du cycle où l'un des deux ovaires émet un ovocyte afin qu'il puisse être fécondé par un spermatozoïde. Ce processus physiologique débute à la puberté et s'achève à la ménopause.
Quels sont les symptômes ?
"L'anovulation se traduit essentiellement par une aménorrhée c'est-à-dire une absence de règles, mais aussi par des cycles irréguliers", explique le Dr Julia Maruani.
Quelles sont les causes ?
L'anovulation est dite primaire lorsqu'elle est causée par un trouble fonctionnel d'un ou des ovaires, de leur atrophie ou de leur absence et bien sûr en cas de grossesse. Des maladies comme le diabète ou l'hypothyroïdie peuvent également en altérer le fonctionnement. Mais elle peut aussi trouver son origine dans des troubles des centres nerveux qui contrôlent le cycle ovarien, y compris un choc psychologique.
Quelles sont les femmes à risque ?
L'anovulation peut se retrouver dans différentes situations. Les principales sont :
- Le syndrome des ovaires micropolykystiques (SOPK) : il s'agit d'un trouble ovarien qui entraîne une dysovulation, c'est-à-dire une mauvaise ovulation qui peut aller jusqu'à une anovulation parce que les ovaires n'ont pas un fonctionnement normal.
- Un adénome hypophysaire à prolactine : cette tumeur bénigne touche les cellules hypophysaires chargées de produire la prolactine (hyperprolactinémie), ce qui perturbe le cycle menstruel.
- Un manque de masse grasse : le cas extrême est l'anorexie mentale, ça peut aussi concerner les sportives de haut niveau. Le fait d'avoir très peu de masse grasse bloque l'ovulation. C'est un phénomène assez naturel du corps : s'il n'a vraiment pas de réserve de masse grasse, le corps considère que ce n'est pas le bon moment d'avoir une grossesse et va donc bloquer l'ovulation.
- Des troubles psychologiques : le stress, un choc émotionnel, peuvent entraîner une anovulation.
- Durant la périménopause, c'est-à-dire quelques années avant la ménopause, les femmes ont assez souvent des cycles anovulatoires même en ayant des épisodes de règles.
- L'allaitement : on considère que, au-delà de 5 à 6 tétées par jour, il n'y a pas de règles car pas d'ovulation. L'ovulation reprend au moment où la jeune maman décide de sevrer le bébé. C'est une cause physiologique d'anovulation.
Quelles sont les conséquences pour la femme ?
"La principale conséquence de l'anovulation est l'absence de fertilité pendant cette période-là puisqu'il n'y a pas d'ovocyte et par conséquent, pas de fécondation possible. Sur le plan hormonal, l'absence d'ovulation peut être mal tolérée du fait du faible taux d'œstrogènes", indique la gynécologue médicale.
A-t-on encore ses règles ?
"L'anovulation va se matérialiser par une aménorrhée, c'est-à-dire l'absence de règles, parce que pour avoir des règles, il faut qu'il y ait une ovulation. De temps en temps, des saignements peuvent survenir mais ils ne correspondront pas vraiment aux menstruations", détaille la spécialiste.
Anovulation et grossesse : peut-on tomber enceinte ?
L'absence d'ovulation empêche de tomber enceinte puisque, pour qu'une grossesse ait lieu, il faut qu'un ovule (ovocyte) soit émis par l'ovaire.
Quel est le diagnostic ?
Le diagnostic est surtout clinique avec l'absence de règles mais il peut être aidé par les tests d'ovulation ou la réalisation de courbes de température. Pour comprendre la cause de cette anovulation, il faut réaliser des dosages sanguins hormonaux et une échographie gynécologique.
Quels sont les traitements ?
Le traitement de l'anovulation est fonction de sa cause. "Les femmes qui n'ont plus du tout de cycle, à cause d'une anorexie mentale par exemple, vont être substituées sur le plan hormonal afin de faire revenir artificiellement leur cycle qui est souvent important psychiquement pour ces femmes mais surtout éviter les risques au long cours du manque d'estrogènes, précise la Secrétaire Générale de la FNCGM. Il en va de même pour le syndrome des ovaires micropolykystiques : en plus de la prise en charge nutritionnelle s'il existe un surpoids, des hormones vont être administrées pour éviter l'hyperestrogénie relative qui existe dans les SOPK et qui est un facteur de risque de cancer de l'endomètre. La pilule peut être prescrite en l'absence de projet de grossesse. En revanche, lorsqu'une femme a un projet de grossesse, on va plutôt lui donner des hormones naturelles qui ne bloqueront pas l'ovulation si son cycle reprenait."
Merci au Dr Julia Maruani, gynécologue médicale et Secrétaire Générale de la FNCGM.