Pourquoi on est énervé quand on a faim ?
Difficile de garder son calme quand la faim tiraille. Voilà pourquoi selon notre diététicienne.
Qui n'a jamais été grognon voire totalement désagréable quand il a faim ? Ce n'est pas un trait de caractère : "L'irritabilité causée par la faim est physiologiquement normale et commune à tous", rassure d'emblée Aurélie Tetzlaff, diététicienne-nutritionniste. Ce phénomène a d'ailleurs été étudié par des scientifiques, notamment dans une étude canadienne publiée dans Psychopharmacology. En analysant des rats privés de nourriture, les chercheurs ont pu analyser l'impact sur l'humeur et les mécanismes impliqués lorsqu'il y a une privation de nourriture. Ces chercheurs ont nommé ce fameux état émotionnel "hangry", un néologisme composé des mots anglais "angry" pour "en colère" et "hungry" pour "affamé". En français, on peut parler de "colère du ventre vide" ou de "crolère". Cela s'explique par la combinaison de trois facteurs d'ordre physiologiques et psychologiques :
1. Un signe d'hypoglycémie
Quand on a faim, c'est qu'on a un faible taux de glucose dans le sang, autrement dit une hypoglycémie. "Le glucose est la principale source d'énergie du cerveau. Quand ce taux de glucose est bas, le cerveau fonctionne moins bien et sa capacité à gérer le stress et les émotions est impactée", décrit la diététicienne. Quand on est en hypoglycémie : on est plus nerveux, plus irritable et moins concentré.
2. Un appétit exagéré
Quand on a faim, le corps libère des hormones dont la ghréline (l'hormone qui déclenche la sensation de faim) qui est principalement sécrétée par l'estomac quand il est vide et qu'il a besoin de nourriture. "Cette hormone agit en stimulant l'hypothalamus, une zone du cerveau impliquée dans la régulation de l'appétit mais aussi du comportement alimentaire. En excès, cette hormone engendre un appétit exagéré", décrit l'experte en diététique.
3. Une libération de l'hormone du stress
Quand on a faim, notre capacité à contrôler les impulsions est réduite. La sensation de faim étouffe tout le reste (le fameux dicton de Jean de la Fontaine "ventre affamé n'a point d'oreille") et peut créer un stress supplémentaire qui peut nous rendre susceptible de réagir de manière exagérée ou excessive dans des situations qui, d'ordinaire, ne nous dérangent pas. Autrement dit, on n'a pas le même recul quand on a l'estomac vide que lorsqu'il est bien rempli. En fait, quand on est à satiété, le corps sécrète des hormones du bien-être comme la sérotonine alors que quand on a faim, le corps produit plus de cortisol, une hormone qu'on associe au stress et qui contribue à la sensation d'irritabilité. "Concrètement, le cortisol aide à mobiliser les ressources énergétiques du corps pour faire face aux situations de stress. Il veille à maintenir des taux de glucose normaux dans le sang pour fournir de l'énergie aux organes vitaux", nous explique notre interlocutrice.
Ne pas attendre d'être affamé pour manger
Pour éviter ces épisodes d'irritabilité, il ne faut pas attendre d'être affamé(e) pour manger, réduire autant que possible les gros pics de glycémie (manger des céréales complètes, éviter les aliments industriels ou transformés, éviter les aliments riches en sucre en dehors des repas, ne pas sauter de repas...) et veiller à avoir un bon sommeil, car pendant qu'on dort, le corps produit de la leptine, une hormone qui est coupe-faim.