Syndrome de la tête qui explose : cause, traitements
Le syndrome de la tête qui explose est un trouble du sommeil encore assez méconnu. Il est bénin mais lorsqu'il est fréquent il représente une gêne importante. Quelle est la cause ? Quels sont les symptômes ? Les traitements ? Réponses du Dr Marie-Françoise Vecchierini, neuropsychiatre.
Définition : c'est quoi ce syndrome ?
Le syndrome de la tête qui explose est un trouble du sommeil qui rentre dans le cadre des parasomnies, celles-ci étant définies comme des phénomènes comportementaux ou psychiques indésirables survenant au cours du sommeil ou lors des phases de transition veille-sommeil. "Les descriptions de ce syndrome existent depuis très longtemps mais il a été dénommé syndrome de la tête qui explose pour la première fois dans le journal The Lancet en 1988" informe le Dr Marie-Françoise Vecchierini, neuropsychiatre au centre du sommeil de l'Hôtel-Dieu, à Paris, et membre de l'Institut national du sommeil et de la vigilance. La prévalence de ce syndrome n'est pas connue. "Nous savons qu'il peut survenir à tout âge, avec une prédominance chez les personnes de plus de 50 ans et que la prévalence est très variable en fonction de la répétition du trouble et que plus c'est fréquent plus la prévalence diminue" précise la spécialiste qui cite les chiffres suivants :
- 18-20% de la population pour un seul épisode,
- 3 à 5% deux à trois fois par mois,
- 1 à 1,2% deux ou trois fois par semaine.
"Ce syndrome peut survenir chez des sujets atteints d'autres pathologies telle l'épilepsie, par exemple, sans relation de cause à effet connue entre ces pathologies" précise le médecin.
Quels sont les symptômes ?
Les personnes entendant un bruit extrêmement fort, qu'elles décrivent comme un obus qui éclate, une porte qui claque très fort, une explosion.
"Les personnes qui ont ce syndrome viennent consulter car elles entendent dans leur tête au moment où elles s'endorment, après s'être mis au lit, un bruit extrêmement fort, qu'elles décrivent comme un obus qui éclate, une porte qui claque très fort, une explosion. Ce bruit s'accompagne d'un sentiment de peur" informe le Dr Vecchierini. "Une des caractéristiques importantes de ce syndrome est que c'est toujours indolore" complète-t-elle. Un flash lumineux peut accompagner le bruit intense que perçoit le sujet. "La réaction des gens est le réveil. Pendant un enregistrement du sommeil, on voit que ces personnes ont une décharge musculaire et une accélération du rythme cardiaque et des rythmes cérébraux" rapporte le Dr Vecchierini.
Quelle est la cause ?
La cause de ce syndrome est encore inconnue. De nombreuses théories ont été élaborées, notamment que ce syndrome serait lié à un trouble de l'oreille interne, un mouvement involontaire de la trompe d'Eustache ou encore à un dysfonctionnement des canaux calciques sur une mutation d'un gène sur le chromosome 19. "Compte tenu de nos connaissances actuelles, l'explication la plus vraisemblable est qu'il y a, lors de l'endormissement, une désactivation du système nerveux central notamment au niveau cortical. Le sommeil est un phénomène local, toutes les régions ne se mettent pas en sommeil en même temps. Il y aurait un retard ou une absence de la désactivation de la zone corticale" indique la neuropsychiatre.
Quand et qui consulter ?
"Quand le trouble se répète et devient gênant il est conseillé d'avoir au moins une consultation approfondie avec un médecin spécialiste du sommeil" recommande le Dr Vecchierini. "Ce syndrome pouvant être associé à d'autres pathologies ce rendez-vous permet de juger si des examens complémentaires sont nécessaires" explique-t-elle. "Chez des personnes jeunes, nous cherchons si des troubles psychiatriques sont associés."
Quel est le diagnostic ?
Le diagnostic du syndrome de la tête qui explose est clinique. "Il est fait sur l'histoire du malade" indique le Dr Vecchierini. Un électroencéphalogramme est effectué pour faire un diagnostic différentiel ou un diagnostic associé (migraine par exemple chez les personnes décrivant une aura).
Quels sont les traitements ?
La prise en charge est empirique (il n'existe pas de preuve scientifique de l'efficacité des traitements). "Il repose avant tout sur l'information et la réassurance du patient ainsi que sur des règles d'hygiène du sommeil" indique le médecin. Il est recommandé de ne pas s'endormir sur le dos (ce syndrome survenant plus fréquemment en décubitus dorsal), de tenir un agenda du sommeil et de régulariser son rythme veille sommeil si nécessaire. "Lorsque ces mesures simples ne suffisent pas et que les patients développent un trouble anxieux, il est possible d'essayer un traitement par du clonazépam (benzodiazépines) à faibles doses ou des antidépressseurs tricycliques" indique la neuropsychiatre qui pense que les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) devraient avoir un intérêt pour améliorer ce syndrome. "Il ne faut pas consommer d'alcool en pensant que cela va aider car ce n'est pas le cas et c'est dangereux pour la santé" souligne le Dr Vecchierni.
Merci au Dr Marie-Françoise Vecchierini, neuropsychiatre au centre du sommeil de l'Hôtel-Dieu, à Paris, et membre de l'Institut national du sommeil et de la vigilance.