Sommeil agité : définition, causes chez l'adulte, que faire ?

Votre sommeil est agité, ponctué par des cauchemars et des réveils nocturnes ? L'agitation pendant la nuit peut avoir une origine psychologique, physiologique ou pathologique. Anxiété, carence en fer, syndrome des jambes sans repos... Tour des causes d'un sommeil agité avec le Dr Marc Rey, neurologue.

Sommeil agité : définition, causes chez l'adulte, que faire ?
© Shao-Chun Wang - 123RF

Définition : qu'appelle-t-on un sommeil agité ?

"Un sommeil agité n'est pas une définition médicale, indique d'emblée le Dr Marc Rey, neurologue et Président de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV). C'est un terme fréquemment employé par les patients pour caractériser leurs nuits. Certains patients parlent d'un sommeil agité lorsqu'ils font des cauchemars, d'autres lorsque leur sommeil est interrompu par de multiples éveils". Une personne qui a un sommeil agité aura ainsi tendance à :

  • Faire des rêves agités, angoissants ou des cauchemars.
  • Avoir des réveils intempestifs (pas toujours) et/ou se réveiller en sursaut.
  • Avoir la sensation, le matin, de ne pas avoir passé une nuit réparatrice.

Quelles sont les causes d'un sommeil agité ?

Une anxiété

L'agitation nocturne peut avoir une origine psychologique et être liée à une anxiété, des angoisses ou un traumatisme (accident, agression...), ce qui va favoriser le déclenchement de rêves agités ou de cauchemars. La personne qui cauchemarde peut alors se réveiller en pleine nuit et avoir du mal à se rendormir. "L'agitation liée à des mauvais rêves intervient plutôt en deuxième partie de nuit car les cycles de fin de nuit sont plus riches en sommeil paradoxal, stade de sommeil où les rêves sont les plus abondants", explique le Dr Rey. En cas de cauchemars fréquents, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel de santé qui vous proposera différentes techniques (tenir un "journal de rêves", réécrire la fin de son rêve) pour maîtriser vos pensées et faire disparaître vos rêves récurrents. 

 Un syndrome des jambes sans repos

L'agitation nocturne peut avoir une origine physiologique : "Le syndrome des jambes sans repos est une forme d'agitation nocturne très fréquente. Lorsqu'il a été caractérisé en 1861, ce syndrome a été appelé "anxietas tibarium", littéralement "anxiété des tibias". Ce n'est pas une anxiété psychologique à proprement parler, mais les personnes qui en sont atteintes ont un besoin irrépressible de bouger les jambes voire de se lever ou de marcher", décrit notre interlocuteur. Il y a des formes sévères qui vont empêcher la personne de dormir et des formes moins sévères qui vont retarder l'endormissement et altérer la qualité du sommeil. Contrairement à l'agitation liée à des mauvais rêves, l'agitation liée à des jambes sans repos intervient plutôt en première partie de nuit, pendant la phase de sommeil lent.

Une insomnie

"L'agitation nocturne peut être liée à une insomnie : la personne insomniaque n'arrivera pas à trouver le sommeil et aura tendance à s'agiter dans son lit", précise le Dr Rey. L'insomnie se caractérise par une difficulté à s'endormir (prendre plus de 30 minutes pour s'endormir), des réveils nocturnes fréquents ou prolongés et par un réveil matinal prématuré avec une incapacité à se rendormir. L'agitation liée à des insomnies intervient plutôt pendant l'endormissement ou au cours de réveils nocturnes. Quand on souffre d'insomnie, il est important d'adopter une bonne hygiène de sommeil : éviter les écrans une heure avant le coucher, dîner léger, éviter les sports intenses en fin de journée, éviter les substances excitantes (alcool, café…) en fin de journée, maintenir une régularité dans ses heures de sommeil, dormir dans un environnement calme, sombre, pas trop chaud (autour de 19°C) et bien ventilé. 

Une carence en fer

"Une carence en fer peut entraîner un syndrome des jambes sans repos, lui-même à l'origine d'une agitation nocturne", indique notre interlocuteur. Mesurer la concentration en ferritine dans le sang permet de déceler une carence en fer. Chez la femme de moins de 50 ans, le taux normal de la ferritine est compris entre 20 et 120 mg/L, chez l'homme et la femme de plus de 50 ans, entre 30 et 280 mg/L.

La prise de certains médicaments

"Certains médicaments peuvent favoriser le syndrome des jambes sans repos. C'est le cas de certains neuroleptiques, certains anti-vomitifs (Primpéran®, Vogalène®) ou certains antidépresseurs, indique le neurologue. Si vous prenez ces traitements et que vous observez comme effet indésirable une agitation nocturne, il convient de consulter rapidement votre médecin généraliste pour lui décrire ces symptômes et envisager un autre traitement ou un changement de posologie". 

Un somnambulisme

"Le somnambulisme ou les terreurs nocturnes sont plutôt des agitations ponctuelles (une nuit de temps en temps) plutôt que récurrentes et sont plus fréquentes chez l'enfant que chez l'adulte. On estime que 30% des enfants auraient déjà eu un accès de somnambulisme. C'est ce qu'on appelle des éveils dissociés (la personne est mi-endormie, mi-réveillée). Cela survient plutôt en début de nuit, pendant le sommeil lent profond", explique le Dr Rey. Chez l'adulte, le somnambulisme est plus rare. "Quand il survient, il est souvent lié à une résurgence de l'enfance et cela est favorisé par un stress accru ou par le fait de faire des nuits blanches", poursuit-il. 

Un trouble du comportement en sommeil paradoxal

Le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) est une agitation nocturne qui se caractérise par la survenue de comportements moteurs pendant le sommeil paradoxal. Normalement, une perte de tonus musculaire se produit durant la phase de sommeil paradoxal. "Quand on rêve, on est paralysé, c'est-à-dire qu'on ne peut pas agir", illustre notre interlocuteur. En cas de TCSP, cette perte de tonus est incomplète ou absente, ce qui fait que la personne peut parler, crier, bouger pendant ses rêves, ce qui altère la qualité du sommeil. "Ce trouble affecte plutôt la personne de plus de 50 ans et se produit généralement de manière très occasionnelle", précise-t-il. 

Des apnées du sommeil

Les sujets atteints du syndrome d'apnées obstructives du sommeil ont généralement un sommeil agité. "Il s'agit plutôt d'une agitation respiratoire due à l'obstruction des conduits respiratoires de l'arrière gorge qui entraînent des ronflements, nuance notre spécialiste. C'est d'ailleurs plutôt le partenaire de lit qui se plaint d'un sommeil agité par rapport à l'apnéique qui lui, s'en rend moins compte". 

Quelles sont les solutions ?

La première chose à faire est d'en parler à son médecin généraliste de façon à ce qu'il puisse différencier l'agitation liée à des mauvais rêves de celle liée à des problèmes de jambes ou à des problèmes d'insomnies. Le diagnostic est notamment orienté grâce à l'interrogatoire du patient. D'autres examens (prise de sang, actimétrie…) peuvent compléter le diagnostic.

Le traitement du syndrome des jambes sans repos consiste à corriger la carence en fer en cas de déficit et éliminer les médicaments qui le favorisent. Des médicaments anti-épileptiques ou antiparkisoniens peuvent également être prescrits (à une posologie adaptée).

Le traitement des cauchemars récurrents ou des insomnies peuvent consister à suivre une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et/ou une thérapie de relaxation.

Le somnambulisme peut être atténué avec des techniques d'hypnose ou de relaxation. 

Les troubles du comportement en sommeil paradoxal peuvent être traités par des benzodiazépines (Clonazépam® par exemple) ou par certains antidépresseurs. 

Les apnées du sommeil peuvent être traitées par la mise en place d'une orthèse d'avancée mandibulaire (qui permet de pousser la mâchoire inférieur en avant et d'empêcher la langue de bloquer la voie aérienne), par ventilation nocturne (un appareil envoie de l'air pendant la nuit dans les voies respiratoires) ou par traitement chirurgical (en cas d'échecs d'autres traitements et dans des cas particuliers, liés à des anomalies anatomiques de la sphère ORL ou maxillofaciale).

Merci au Dr Marc Rey, neurologue et Président de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV).

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