Rythme nycthéméral : définition, sommeil, exemple, inversion

Le rythme nycthéméral est un cycle environnemental de 24 heures déterminé par l'alternance jour/nuit, le passage de la lumière naturelle du soleil à l'obscurité de la nuit. Il synchronise notre horloge biologique interne mais peut être bouleversé.

Rythme nycthéméral : définition, sommeil, exemple, inversion
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Définition : c'est quoi le rythme nycthéméral ?

Le rythme nycthéméral est un cycle environnemental qui correspond un espace de temps comprenant le jour et la nuit, qui a une durée approximative de 24 heures, et au sein duquel une alternance entre la lumière et l'obscurité a lieu. "La durée du rythme nycthéméral reste constante mais la répartition entre la lumière et l'obscurité varie durant l'année : le maximum de lumière correspond au solstice d'été et le maximum d'obscurité au solstice d'hiver. Il existe donc de petites variations au moment des années bissextiles", précise le Dr Didier Cugy, somnologue. Tout au long de l'année, nous percevons les variations de cette répartition : croissance et décroissance de la période diurne et/ou de la période nocturne. 

Quelle différence avec le rythme circadien ?

Le rythme circadien est un rythme biologique intrinsèque : "il est en quelque sorte celui de l'horloge interne d'un être vivant". Il prend la forme d'un cycle équivalent à une journée, un peu plus de 24 heures, qui sera recalé quotidiennement par le rythme nycthéméral. Il va permettre de s'adapter à l'environnement et de régir certains processus physiologiques comme le sommeil et l'alimentation, par exemple. La durée propre du rythme circadien va dépendre de la génétique de la personne : "une mécanique au sein de notre organisme va définir une périodicité, propre à chacun. En plus du rythme circadien qui est d'environ 24 heures, il existe des rythmes avec des périodes supérieures à 24 heures (rythme infradien) et d'autres inférieures à 24 heures (rythme ultradien)". Cette périodicité aura un lien avec certaines typologies, comme la matinalité ("être du matin") ou la vespéralité ("être du soir").

Qui a un rythme nycthéméral ? 

L'être humain n'a pas un rythme nycthéméral, il a un rythme circadien qui se synchronise sur l'alternance entre la lumière naturelle du soleil (le jour) et l'obscurité (la nuit). Le rythme nycthéméral est donc un rythme environnemental imposé aux êtres vivants. Dans la nature, c'est ce rythme qui contrôle les périodes de reproduction des petits mammifères ou encore les périodes de migrations des oiseaux. "Le rythme nycthéméral a un impact sur la ponte des poules. Puisqu'il leur faut plus de 10 heures de luminosité pour pondre. Il va aussi donner le signal aux ours pour débuter l'hibernation", donne-t-il en exemples. L'être humain a la possibilité de contrôler et/ou de modifier son environnement : d'adapter son rythme circadien sur ce rythme. "Les personnes ayant des rythmes intrinsèques (< 24 heures) sont souvent sujets au développement de pathologies liées aux troubles de l'humeur comme la bipolarité", note Didier Cugy.

Comment évolue la température du corps vis-à-vis du rythme nycthéméral ?

Beaucoup de fonctions organiques suivent un rythme journalier qui pourrait être rapproché de l'alternance jour et nuit, et ainsi au rythme nycthéméral. La température du corps va suivre le rythme circadien (de 24 heures) propre à chacun : elle est a minima en fin de nuit vers 4-5 h du matin et a maxima, 12 heures avant, vers 16 h-17 h. La température corporelle évolue également au fur et à mesure de l'avancée en âge. En vieillissement, le rythme circadien est souvent bouleversé notamment avec des heures de lever et de couché plus précoces.

Comment est le rythme éveil/sommeil vis-à-vis du rythme nycthéméral ? 

Le rythme éveil/sommeil est bien intrinsèquement lié au rythme nycthéméral. Notre organisme ajuste son rythme sur celui de l'environnement : "c'est ce qui fait que l'on dort la nuit et que l'on est éveillé le jour". Dès que le jour faiblit, les êtres vivants produisent de la mélatonine dont le rôle est de gérer les rythmes d'éveil et de sommeil. Cette hormone est surtout synthétisée la nuit. L'horloge interne dispose de séquences qui fonctionnent ainsi en fonction de ce rythme jour/nuit. Un véritable "circuit hormonal" : au réveil, il y a un pic de cortisol (hormone anti-stress) et au coucher, un nouveau pic de TRH (qui régule la thyroïde), l'hormone de croissance et de de prolactine. L'organisation du sommeil des tout-petits n'est pas le même que celui des adultes. Ils ont des rythmes qui ne sont pas fixés sur 24 heures et principalement déterminés par leurs repas. Vers l'âge de 4-6 mois, le nourrisson commence à faire ses nuits : des périodes se structurent et les périodes de sommeil s'allongent (supérieures à 3 heures d'affilée). Le sommeil commence à être significatif et se caler la nuit. Il restera pendant la journée une période de sieste, période lors desquelles l'enfant aura besoin de dormir. À partir de 6-7 ans, la sieste disparaît habituellement sur nos latitudes. "Il faut préserver la possibilité aux enfants de faire des siestes quand ils ont envie de dormir", insiste-t-il.

Perturbations du rythme nycthéméral : quelles conséquences ? Comment faire ? 

Le travail de nuit soumet à des conditions environnementales qui ne sont pas naturelles. Les processus d'éveil, d'attention et d'efficacité sont mobilisés à travers des stimulis (activité, bruit et lumière) en pleine nuit. "L'horloge interne va devoir se caler, de manière à travailler comme si c'était le jour, à 0 h comme s'il était 8 h du matin". Dans ce contexte, l'organisme et les sécrétions d'hormones propres au rythme circadien sont bouleversés. Certains problèmes de santé peuvent alors apparaître : perte de régulation des graisses (syndrome métabolique), augmentation du poids, des troubles de l'humeur et une augmentation des cancers (sein et colorectal). "Certaines personnes auront une plus grande adaptabilité que d'autres à travailler de nuit ou en horaires décalés. C'est une caractéristique génétique, c'est le corps qui dicte". Il existe des méthodes pour s'adapter à un rythme d'activités de nuit : le rythme alimentaire (moduler les repas), l'équilibre alimentaire (riche en protéines pour l'éveil et en glucides pour l'énergie), les horaires des repas. "Dans tous les cas, il faut éviter la consommation d'alcool", note-t-il. Les sportifs de haut niveau sont parfois eux aussi contraints de s'adapter du fait de compétitions sous d'autres méridiens. Un exemple pratique : lors de la coupe d'Europe de 2015, les Girondins de Bordeaux devaient jouer leur match retour au Kazakhstan, 4 jours après avoir joué à Lille. L'écart de latitudes entre Lille et Almaty (capitale du Kazakhstan) était de 76° (5 heures au soleil). Ce décalage, en plus de l'horaire de programmation habituelle des matchs, était au final de 9 heures et le délai séparant les deux matchs de moins de 96 heures. "Nous avons proposé aux joueurs de se synchroniser sur les horaires du Kazakhstan et d'adapter les horaires de coucher/lever, des séances d'entraînement et de leurs repas, afin d'adapter leur rythme circadien sur le rythme nycthéméral du Kazakstan", explique Didier Cugy. Au final, les Girondins de Bordeaux ont fait match nul. Une bonne illustration de l'application de l'adaptabilité de notre rythme circadien à l'environnement.

Merci au Dr Didier Cugy, somnologue à Bordeaux.

Source : L'Anses confirme les risques pour la santé liés au travail de nuit, 22/06/2016, ANSES

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