Traitements naturels de l'incontinence urinaire : quels remèdes ?

L'incontinence urinaire caractérisée par des"fuites" peut altérer profondément la qualité de vie à tout âge. Plantes, huiles essentielles, rééducation du périnée, boules de Geisha... Liste des méthodes et remèdes à essayer, même en complément des traitements allopathiques de votre médecin.

Traitements naturels de l'incontinence urinaire : quels remèdes ?
©  belchonock - 123RF

L'incontinence urinaire (IU) désigne toute perte involontaire d'urine dont se plaint le patient et qui peut avoir différentes intensités. En France, "elle touche au moins 3 millions de personnes de tous âges mais il s'agit d'une évaluation car la maladie est taboue", indique le Pr Véronique Phé, urologue à l'hôpital parisien La Pitié-Salpêtrière. Pourtant "ce n'est pas une fatalité et la solution n'est pas de porter des couches" rassure notre interlocutrice. Le plus important est de comprendre le mécanisme et les facteurs de risque de cette maladie pour apprendre à se soigner. Et ne pas hésiter à consulter dès les premiers signes pour se faire aider. Les méthodes et "remèdes" naturels proposés ici peuvent tout à fait être combinés et complémentaires à l'approche allopathique de votre médecin.

Quelles plantes pour soulager de l'incontinence urinaire ?

La noix de cyprès (Cupressus sempervirens) est la meilleure alliée de la phytothérapie pour soulager les patients souffrant de fuites urinaires. Astringent et vasoconstricteur veineux, le cyprès dans sa forme semi-solide (extrait mou, en pharmacie) ou en décoction peut-être pris chaque jour avant chaque repas. La décoction peut être préparée avec 15 à 25 grammes de noix de cyprès pour un litre d'eau froide. Faire bouillir un quart d'heure, laisser infuser 10 minutes. A boire avant chaque repas.

La graine de courge : son effet est relatif mais elle peut être inclus dans l'alimentation à raison de 2 cuillères à soupe par jour, ou consommée sous forme d'huile (dans les salades, car il ne faut pas la faire chauffer). 

Des huiles essentielles contre les fuites urinaires ?

"Non, il n'existe pas de solution en aromathérapie", déplore Françoise Couic-Marinier, docteure en pharmacie et aromathérapeute. Seule l'huile essentielle de cyprès toujours vert (Cupressus sempervirens) permet d'obtenir quelques résultats chez l'enfant. Mais elle ne doit pas être utilisée avant l'âge de 6 ans. Il faut la diluer dans 2% dans une huile végétale de support (huile d'amande douce par exemple). "Elle est déconseillée aux personnes ayant des antécédents familiaux de cancer œstrogénodépendant", prévient l'aromathérapeute. Et est interdite aux femmes enceintes ou allaitantes.

Rééducation, thérapie, boules de geisha : quelles autres méthodes ?

  • La rééducation périnéale par un kinésithérapeute ou une sage-femme. Elle permet de renforcer le périnée en agissant sur le tonus des muscles pelviens. Elle peut être prescrite en cas d'incontinence urinaire d'effort ou d'incontinence mixte (à l'effort et par urgenturie).
  • Les boules de rééducation du périnée ou "boules de geisha" : introduites dans le vagin, les boules de geisha permettent de tonifier le périnée lors de mouvements, comme la marche. Une efficacité en douceur que nous recommande notre aromathérapeute, en cas de fuites urinaires à l'effort. Elles peuvent être utilisées chaque jour, de 15 à 20 minutes. 
  • La thérapie comportementale consiste à reprogrammer le rythme mictionnel en espaçant progressivement les mictions afin d'apprendre au patient souffrant d'impériosité à résister aux urgences. 
  • La psychothérapie peut être conseillée, en complément d'autres approches, lorsque l'incontinence manifeste des difficultés d'ordre psycho-affectif.

Une perte de poids de 10% chez une patiente obèse réduit de 50% la fréquence des fuites urinaires.

Comment agir sur les facteurs de risque de l'incontinence urinaire ?

Il existe plusieurs facteurs de risque à connaitre sur lesquels il va être possible d'agir :

  • Lutter contre l'obésité et le surpoids qui sont des facteurs de risque importants dans l'incontinence. Un patient obèse majeure (à savoir avec un IMC supérieur à 40) a 5 fois plus de risque de souffrir d'incontinence urinaire, qu'une personne de poids normal. Une perte de poids de 10% chez une patiente obèse réduit de 50% la fréquence des fuites urinaires.
  • Freiner le relâchement des tissus au niveau pelvien, en renforçant les muscles du périnée qui jouent un rôle important dans la continence urinaire. Ils peuvent être travaillés par le choix d'activités, comme l'aquagym ou le vélo. Le phénomène de relâchement devient plus important à partir de la ménopause chez la femme.
  • Eviter le port de charge lourde, la station debout prolongée.
  • Arrêter de fumer.
  • Eviter les boissons et aliments irritants, comme le café, l'alcool, les mets acides ou piquants.
  • En cas d'apparition de troubles de la miction, ne pas attendre pour se prendre en charge et consulter un médecin généraliste ou un urologue. Les troubles mictionnels précèdent parfois l'incontinence urinaire. Un traitement précoce contribue à améliorer la continence urinaire et la qualité de vie sur le long terme.

Merci au Pr Véronique Phé, chirurgien-urologue à l'hôpital la Pitié Salpêtrière Paris, responsable du service neuro-urologie au sein de l'AFU Association française d'urologie, et à Françoise Couic-Marinier, docteure en pharmacie et aromathérapeute.

Autour du même sujet