Huiles essentielles et cancer : contre-indications et précautions
Les huiles essentielles sont des actifs puissants. Même à toute petite dose, certaines sont contre-indiquées en cas de cancers. Lesquelles éviter absolument ? En cas de cancers hormono-dépendants par exemple ? Durant une chimiothérapie ? Le point avec Françoise Couic-Marinier, docteur en pharmacie, spécialiste en aromathérapie et phytothérapie.
Huiles essentielles à éviter en cas de cancer hormono-dépendant
Certaines huiles essentielles (HE) sont composées de molécules pouvant mimer l'action de différentes hormones de l'organisme. Elles ont un potentiel effet "oestrogen-like" ou "progesteron-like", capables d'imiter les hormones oestrogènes et progestérones. Pour cette raison elles ne doivent pas être utilisées en cas de pathologies dépendantes des hormones, dites "hormono-dépendantes", soit en cas de mastose, de cancer du sein, des ovaires, de l'endomètre (muqueuse de l'utérus), de la prostate, de la thyroïde, également en cas d'antécédent de cancer hormonaux-dépendant. Les HE à proscrire selon Françoise Couic-Marinier, docteur en pharmacie, spécialiste en aromathérapie et phytothérapie, sont (liste non exhaustive pouvant être étudiée au cas par cas) :
- Anis vert (Pimpinella anisum)
- Anis étoilé ou badiane de chine (Illicum verum)
- Camomille allemande (Matricaria recutita)
- Cèdre de Virginie (Juniperus virginiana)
- Cumin (Cumimum cyminum)
- Cyprès toujours vert (Cypressus sempervirens)
- Fenouil doux (Foeniculum vulgare)
- Myrte verte (Myrtus communis L. cineoliferum)
- Niaouli (Melaleuca quinquenervia)
- Patchouli (Pogostermon cablin)
- Santal alba (Santalum album)
- Sauge sclarée (Salvia sclarea), et sauge officinale (Salvia officinalis), toutes les sauges en règle générale.
Quelles huiles essentielles éviter pendant la chimiothérapie ?
- Citron : "L'essence de citron possède un potentiel drainant dans l'organisme. Son utilisation pendant la cure de chimiothérapie fera partir plus vite le traitement et aura donc tendance à réduire ses effets, indique Françoise Couic-Marinier. Cette essence sera néanmoins utile en fin de traitement, c'est-à-dire à la fin de toutes les cures ou pendant 1 semaine à partir du 10e jour suivant la cure de chimiothérapie et jamais avant, pour drainer."
- Toutes les HE stimulantes du foie, des fonctions hépatiques et biliaires, dites "détoxifiantes", drainantes et dépuratives sont à éviter. Il s'agit de : carotte, céleri, lédon du Groenland, livèche, mandarine, pamplemousse, romarin à verbénone. L'avis d'un expert est recommandé.
- Les HE stimulantes des reins sont également à éviter, comme le genévrier commun, durant toute la cure, et pas avant le 10e jour suivant la dernière séance de chimiothérapie.
Et en cas d'autres traitements contre le cancer ?
"Il s'agit des mêmes HE que celles à éviter pendant la chimiothérapie", indique l'experte.
Quelles sont les huiles essentielles contre-indiquées en cas de cancer actif ?
- Toutes les HE qui peuvent interférer avec les médicaments. Il est conseillé de prendre l'avis d'un médecin et d'un spécialiste chevronné en aromathérapie, avant tout usage.
- Toutes les HE irritantes pour la peau, qui pourraient fragiliser plus le derme en cas de traitement par radiothérapie par exemple. L'avis d'un médecin et d'un spécialiste chevronné en aromathérapie est également nécessaire avant tout usage.
- Certaines HE "détox", stimulante du foie.
- Les HE photosensibilisantes, contraignantes en cas de traitements par radiothérapie. Le conseil d'un expert chevronné est nécessaire.
- Menthe poivrée (Mentha x piperata) en cas de cancer métastatique cérébral.
- Pour toutes les autres HE, Françoise Couic-Marinier conseille d'utiliser les HE habituellement recommandées pour les femmes enceintes ou les enfants de moins de 3 ans.
Ne jamais utiliser les HE en application autour des yeux ou sur les yeux, ni dans les oreilles.
Quelles précautions d'usage pour les huiles essentielles autorisées ?
- Toutes les huiles essentielles, quel que soit l'usage, doivent être employées avec modération et précaution. Une seule goutte est déjà très puissante. Il est impératif de respecter les dosages indiqués, et / ou de prendre conseil auprès de personnes formées à l'aromathérapie.
- Les HE ne s'utilisent jamais pures sur la peau ou les muqueuses, sauf mention contraire (et en usage très localisé). Il est nécessaire de les diluer dans une huile végétale.
- Les HE ne sont pas solubles dans l'eau, elles flottent à la surface. Pour les utiliser dans un bain, il est nécessaire d'utiliser un "dispersant", afin d'éviter tout risque de brûlure sur la peau.
- Ne jamais utiliser les HE en application autour des yeux ou sur les yeux, ni dans les oreilles. En cas de contact accidentel avec les yeux, il faut rincer immédiatement et abondamment avec de l'huile végétale neutre puis avec de l'eau. Idem sur la peau, en cas de contact accidentel, l'application d'huile végétale atténue la brûlure. Consulter un médecin si nécessaire.
- Conserver les HE hors de la portée et de la vue des enfants. Et par sécurité pour vous-même, il est conseillé de ne jamais ôter les bouchons codigouttes des flacons qui dispensent une goutte bien dosée à son usage.
- En cas d'ingestion accidentelle, il faut rincer la bouche avec de l'huile végétale, contacter le centre antipoison et consulter un médecin dans les plus brefs délais. Il n'est pas recommandé d'essayer de se faire vomir, mais plutôt d'avaler une cuillère d'huile végétale pour diluer l'HE ingérée.
- Certaines HE sont sensibilisantes, photosensibilisantes (au soleil et aux UV) et / ou irritantes. Il est nécessaire de faire un test de tolérance cutanée dans le pli du coude au moins 48 heures avant une utilisation spécifique : soit une goutte d'HE pure si celle-ci n'est pas dermocaustique, ou diluée à 10% dans une huile végétale. Il faut également tester de la même manière toutes les préparations faites maison. En cas de rougeur, irritation, démangeaison ou tout autre réaction, il ne faut pas utiliser le produit.
- Les HE ne sont pas injectables.
- Pour une prise par voie orale, toutes les HE doivent être diluées dans une huile, du miel, du sucre ou dans un comprimé neutre, en suivant les conseils d'un aromathérapeute chevronné ou d'un professionnel de santé aguerri.
- Un avis médical est nécessaire pour prendre simultanément des huiles essentielles et un traitement médicamenteux.
- Pour un usage en cuisine, une règle s'impose : 1 à 2 gouttes maximum par kilogramme de préparation.
- La consultation d'un médecin ou plus spécifiquement d'un aromathérapeute s'impose pour éviter les mauvaises associations, et adapter le traitement à ses propres besoins et à son état de santé.
- Les HE ne doivent, d'une manière générale, jamais être utilisées par les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes épileptiques, les personnes hypersensibles, les sujets âgés fragiles et celles présentant un cancer hormono-dépendant, ou un problème grave de santé, sauf sur prescription médicale.
- La plupart des HE sont à éviter chez les enfants de moins de 6 ans, sauf avis médical contraire et certaines HE douces qui peuvent être ponctuellement utilisées à partir de 3 ans. Toutefois, les HE sont totalement proscrites par voie orale aux enfants de moins de 7 ans, et sous aucune forme ou dilution sur les bébés de moins de 3 mois.
- Les personnes asthmatiques ou allergiques respiratoires doivent être prudentes sur l'usage des HE par voie olfactive ou en diffusion atmosphérique. Toutefois, les HE contenant du 1,8-cinéole leur sont formellement déconseillées.
- Un avis médical éclairé est nécessaire pour utiliser les HE par voie orale lorsque la personne n'a plus de vésicule biliaire, ou a des problèmes rénaux ou hépatiques avérés.
- Toujours lire les précautions d'usage spécifiées pour chaque huile essentielle, et s'y conformer.
- Et "toujours se laver les mains après avoir manipulé les HE", souligne l'experte.
Merci à Françoise Couic-Marinier, docteur en Pharmacie, spécialiste en aromathérapie et phytothérapie, formatrice aux huiles essentielles et auteure de nombreux ouvrages aux Editions "Terre Vivante" et "Solar".