Cancer hormonodépendant : liste, traitements, guérison

Un cancer est dit "hormono-dépendant" lorsque les hormones participent activement à la prolifération des cellules cancéreuses. Quels sont les principaux cancers hormonodépendants ? Comment les traiter ? Quel est leur pronostic ? Réponses avec le Dr Jean-Philippe Wagner, oncologue.

Cancer hormonodépendant : liste, traitements, guérison
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Définition : qu'est-ce qu'un cancer hormono-dépendant ?

Un cancer hormono-dépendant est un cancer dont la croissance est, au moins au début, "boostée" par les hormones qui constituent des messages qu'utilise le corps pour dire à des cellules de se multiplier ou de fonctionner dans un certain sens. "Par exemple, les cellules normales des canaux qui véhiculent le lait après l'accouchement sont "régulées" par les œstrogènes et la progestérone ; pendant la première moitié du cycle menstruel, la "clé" œstrogène va entrer dans "la serrure" œstrogène de la cellule et ce phénomène-signal va déclencher la multiplication des cellules qui sont ensuite freinées dans la deuxième moitié du cycle par la progestérone, illustre le Dr Jean-Philippe Wagner. Les cellules cancéreuses issues de ces mêmes cellules fabriquent beaucoup plus de "serrures" œstrogène, ce qui fait que les cellules accélèrent leur division et n'ont plus de frein."

Liste des cancers hormono-dépendants ? 

→ Chez la femme : le cancer du sein, le cancer de la thyroïde et les tumeurs gynécologiques (ovaires, utérus, endomètre mais pas le cancer du col). Selon l'Institut National du Cancer, 80% des cancers du sein sont hormonodépendants.

→ Chez l'homme : le cancer de la prostate, le cancer de la thyroïde et le cancer du testicule. 

Quels sont les traitements ?

Depuis longtemps, on sait que le fait de ne plus exposer les tumeurs au stimulus hormonal freine la croissance et permet souvent de réduire la taille de la tumeur voire de la faire disparaître complètement. Des manipulations "anti-hormonales" comme l'ablation des testicules ou des ovaires peuvent alors être proposées. "Mais cela ne se fait plus habituellement parce qu'il existe des médicaments" anti-hormones "qui bloquent la fabrication de ces hormones, les empêchent d'entrer dans la serrure ou diminuent le nombre de serrures… De nouveaux médicaments biothérapiques renforcent les traitements anti-hormonaux, ce qui fait que, en moyenne, les patients au stade IV de la maladie n'ont besoin de passer en chimiothérapie qu'au bout de 4 ans de traitement voire beaucoup plus", détaille l'oncologue.

Quelle alimentation en cas de cancer hormono-dépendant ? 

De nombreuses études ont mis en évidence l'influence de l'alimentation dans le risque de développer certains cancers et dans la prévention du risque de récidive. Dans sa fiche Nutrition et prévention des cancers publiée en décembre 2019, l'Institut National du Cancer explique que "plus de 40 % des cancers sont attribuables à des facteurs de risque évitables, avec 16 à 20 % dus à des facteurs nutritionnels englobant l'alimentation, l'activité physique, le statut pondéral et la consommation d'alcool." La société savante précise également qu'en France, "le nombre de nouveaux cas de cancer pouvant être prévenus par des actions de prévention nutritionnelle s'élève à plus de 70 000 par an." Autrement dit, il est primordial d'opter pour une alimentation saine, variée et équilibrée, en privilégiant les fruits et légumes, les légumes secs ainsi que les céréales complètes pour prévenir le cancer et favoriser ses chances de guérison. "Un régime équilibré en quantité et en qualité qui prévient l'obésité et le foie gras (stéatose) doit être préconisé", résume le Dr Jean-Philippe Wagner.

Quels aliments éviter ? 

"Rappelons une information peu connue du grand public : le sucre se transforme en graisse dans le foie et son excès fait augmenter les triglycérides, dont le risque de "foie gras", indique le spécialiste. A l'inverse, quand on pratique une activité physique adaptée d'intensité suffisante, on consomme d'abord les réserves de sucre qui sont très limitées dans le corps… puis les graisses ! Or les hormones sont, pour la plupart, des stéroïdes donc des graisses ; c'est pour cela que, même après la ménopause, les femmes développent encore des cancers hormono-dépendants parce que les estrogènes sont fabriqués dans la graisse une fois que les ovaires ne fonctionnent plus."

Le soja doit-il être évité parce qu'il contient des phyto-estrogènes ? 

"Vaste débat où les tenants du principe de précautions ont souvent le dernier mot. Il n'existe aucune preuve définitive pour dire oui ou non. Mais le bon sens me fait dire qu'il n'y a pas de risque parce que les doses de phytoestrogènes ingurgitées par les Français sont très faibles par rapport aux Asiatiques. Or, ces derniers ont beaucoup moins de cancers hormonodépendants que dans le reste du monde, à condition de continuer à manger de manière ancestrale et non américaine", rassure l'oncologue.

Quel est le pronostic ?

Le pronostic dépend du type de cancer et du stade de découverte de la maladie. 

  • Pour le cancer du testicule, qui est classé dans les cancers hormonopédants, les taux de guérisons sont excellents, même au stade métasatique de plus de 90% grâce à la chimiothérapie (on n'utilise pas de traitement hormonal). 
  • Le cancer de l'ovaire est classé dans les cancers de stade intermédiaire, notamment parce que sa découverte est souvent tardive. Le traitement anti-hormonal est utilisé à titre palliatif.
  • Le cancer de l'endomètre a un très haut de guérison grâce à la chirurgie associée à la radiothérapie. Le cancer de stade IV de l'endomètre est très rare, d'évolution lente et souvent indolente. 
  • Les cancers de la prostate et du sein hormonodépendants sont classés dans les cancers de bon pronostic car ils évoluent spontanément, sans traitement, de manière très lente et sont très sensibles au traitement anti-hormonal.

Merci au docteur Jean-Philippe Wagner, oncologue.

Sources :

Hormonothérapie, Institut National du Cancer

Alimentation, Réduire les risques de cancer, Institut National du Cancer