Chenilles processionnaires : symptômes, piqûre, que faire ?
Très urticantes à cause de leurs poils, les chenilles processionnaires sont dangereuses pour l'Homme et les animaux. Comment reconnaître une piqûre ? Que faire ? En cas de nid ? Quels dangers ? Photos et conseils d'un médecin.
Au printemps, les chenilles processionnaires du pin se déplacent en procession vers le sol pour s'enfouir (c'est là que l'on peut entrer en contact avec elles et qu'il faut donc bien ouvrir l'oeil) alors que les chenilles processionnaires du chêne commencent à éclore. Il ne faut pas toucher ni même s'approcher des chenilles processionnaires car leurs poils urticants peuvent entrainer de graves réactions allergiques : boutons, démangeaisons, œdèmes et même des décollements de la rétine si les poils entrent en contact avec les yeux. On les redoute particulièrement chez les enfants et chez les animaux car elles sont à leur portée, sur l'herbe et à proximité des arbres en forêt. Les chenilles processionaires ont été classées comme "espèces nuisibles à la santé humaine" depuis avril 2022. Quels sont les dangers d'une piqûre de chenille processionnaire ? Que faire en cas de nid ? Avant une balade ? Quel traitement si on est piqué ?
Définition : c'est quoi une chenille processionnaire ?
La chenille processionnaire est la larve d'un papillon de nuit. On rencontre en France deux types de chenilles processionnaires qui ont chacune leur cycle biologique : la chenille processionnaire du pin qui est présente en automne et en hiver, et la chenille processionnaire du chêne qui est présente du printemps à l'été.
Quels sont les symptômes d'une piqûre de chenille processionnaire ?
Chaque chenille possède des poils microscopiques volatiles qui contiennent une protéine urticante, la "thaumétopoéine". Ces poils s'accrochent facilement à la peau et aux muqueuses et peuvent provoquer diverses réactions chez l'homme :
- Apparition dans les huit heures d'une éruption douloureuse avec de sévères démangeaisons. Les poils urticants se dispersent aisément par la sueur, le grattage et le frottement ou par l'intermédiaire des vêtements.
- Apparition de boutons,
- Développement après 1 à 4 heures d'une conjonctivite (yeux rouges, douloureux et larmoyants).
- Irritation des voies respiratoires. Cette irritation se manifeste par des éternuements, des maux de gorge, des difficultés à déglutir et éventuellement des difficultés respiratoires.
- maux de gorge.
Plus gravement, le contact avec les poils d'une chenille processionnaire peut entraîner un choc anaphylactique avec :
- urticaire,
- œdème dans la bouche et la gorge,
- difficultés à respirer,
- hypotension,
- perte de connaissance.
Que faire en cas de piqûre de chenille processionnaire ?
En cas de contact avec la peau :
- Retirer les vêtements avec des gants, les laver à fortes températures et les sécher au sèche-linge pour les débarrasser des poils.
- Laver la zone touchée avec de l'eau et du savon.
- "On peut éventuellement se servir de papier collant pour décrocher les poils urticants de la peau, un peu à la manière d'une épilation" indique l'Agence Régionale de Santé du Grand-Est.
- Brosser les cheveux.
- Consulter un médecin pour recevoir un traitement antihistaminique permettant de calmer les signes allergiques tels que les démangeaisons et l'éruption de boutons.
En cas de contact avec les yeux : rincer les yeux et consulter un ophtalmologue qui procédera à un examen minutieux pour décider des suites du traitement à administrer.
En cas de contact avec les voies respiratoires : consulter un médecin qui pourra prescrire les traitements indiqués en fonction des symptômes observés (antihistaminiques, corticoïdes).
En cas d'ingestion : boire un grand verre d'eau, consulter un médecin ou appeler directement le 15.
En cas de vomissements, de vertige et de fièvre, de difficultés respiratoires, d'œdème, consulter le service d'urgence le plus proche.
Photo et carte de la chenille processionnaire du pin
La chenille processionnaire du pin (hiver) (Thaumetopoea pityocampa) : le cycle de reproduction dure 1 an. Les premières chenilles éclosent dès le mois d'octobre. Elles quittent leur nid vers mars-avril et se déplacent en se tenant les unes aux autres, en procession, vers le sol pour s'enfouir à quelques centimètres de profondeur et se transformer en nymphe puis en papillon au cours de l'été. C'est là que l'on peut entrer en contact avec elles et qu'il faut donc bien ouvrir l'oeil !
Photo et carte de la chenille processionnaire du chêne
La chenille processionnaire du chêne (été) (Thaumetopoea processionea) : les œufs éclosent vers mars-avril. La chenille se déplace en fin de journée et la nuit en procession sur les feuilles pour se nourrir. Vers le mois de juin-juillet, les chenilles fabriquent leur nid au niveau du tronc et des branches les plus solides. Ce nid renfermera les chrysalides qui se métamorphoseront en papillon en août. Les papillons vont ensuite s'accoupler, pondre des œufs et donner naissance à de nouvelles chenilles urticantes.
Quels signes en cas d'allergie à une chenille processionnaire ?
Le contact avec les poils des chenilles processionnaires peut provoquer un urticaire physique dit "de contact" qui n'est pas lié à un mécanisme immunologique et n'est donc pas le signe d'une 'allergie" en tant que telle. Il peut toucher toutes personnes alors que la véritable allergie ne concerne que celles qui sont "sensibilisées". Seuls certains sujets présentent une véritable allergie aux poils urticants.
→ Les parties du corps les plus touchées sont les parties découvertes : poignets, avant-bras, dos des mains, espaces entre les doigts, visage, paupières, cou.
→ Les yeux peuvent être atteints : Les poils urticants pénètrent dans la cornée occasionnant une gêne oculaire, un larmoiement, une conjonctivite.
→ L'atteinte des voies respiratoires est un signe plus grave qui impose une consultation médicale : il peut s'agir d'une petite gêne respiratoire ou plus gravement d'une crise d'asthme.
Nid de chenilles processionnaires : que faire ?
Si un nid de chenilles processionnaires s'est installé dans votre jardin, sachez qu'il ne faut pas s'en approcher et encore moins les toucher.
- En présence d'un nid de chenilles processionnaires, ne cherchez pas à le détruire immédiatement et demandez conseil à des professionnels. Si vous avez un doute, ne secouez pas les branches de l'arbre et ne remuez pas le sol pour faire tomber l'éventuel nid. Ne consommez pas les fruits qui se trouveraient en-dessous.
- Ne pas se promener sous un arbre porteur d'un nid.
- Si vous habitez à côté d'un arbre infesté : ne pas sécher le linge dehors surtout s'il y a du vent, laver soigneusement les fruits et légumes du jardin, faire attention en tondant la pelouse.
- Ne pas laisser jouer les enfants à proximité d'un arbre infesté et à distance, les munir de vêtements protecteurs (voire chapeau et lunettes également).
- Laver soigneusement les fruits et légumes du jardin.
- Prendre garde en tondant la pelouse.
Conseils de prévention en cas de balades, promenades en forêt
- Porter des vêtements couvrants lors de balades en forêt (manches longues, pantalons longs)
- Eviter de se frotter les yeux en cas d'exposition mais aussi pendant et au retour d'une balade.
- En cas de doute quant à une exposition aux poils des chenilles, prendre une douche et changer de vêtements en rentrant.
Pièges pour détruire les chenilles processionnaires
Pour détruire les chenilles processionnaires, il y a plusieurs solutions :
- Soit en détruisant leur nid, en suivant les conseils d'un professionnel ou en faisant appel à un spécialiste qui détruira le nid à votre place.
- Soit en appliquant sur le nid un traitement adapté à base de Bacillus thuringiensis, un produit disponible dans les jardineries.
- Soit en introduisant ses prédateurs naturels, grâce à des nichoirs, comme le coucou ou la mésange qui se nourrissent des larves de chenilles processionnaire.
Quelle est la période et la saison de la chenille processionnaire ?
- La chenille processionnaire du pin est urticante d'octobre à mars.
- La chenille processionnaire du chêne est urticante d'avril à juin.
Sources :
"Progrès en dermato-allergologie" en 1999.
Chenilles urticantes, ARS Grand Est, juin 2020.
Merci au Dr Jérôme Langrand, Chef de service Centre antipoison de Paris CHU Lariboisière-Fernand Widal, pour sa relecture.