Dénutrition : définition, signes, chez la personne âgée ?
La dénutrition touche près de 3 millions de Français dont au moins un tiers a plus de 70 ans. Chez la personne dénutrie, le risque de mortalité est ainsi multiplié par 4. Symptômes, causes, diagnostic, IMC, signes de sévérité, traitements : conseils.
La dénutrition touche près de 3 millions de Français dont au moins un tiers a plus de 70 ans. Chez la personne dénutrie, le risque de mortalité est ainsi multiplié par 4. En novembre 2021, la Haute Autorité de Santé a actualisé ses recommandations sur la dénutrition chez les plus de 70 ans. Définition, signes de dénutrition, diagnostic, conseils pour l'éviter ou la prendre en charge rapidement : tout savoir.
Quelle est la définition de la dénutrition ?
La dénutrition est le résultat d'un apport nutritionnel trop faible par rapport aux besoins de l'organisme.
Quels sont les signes ?
Le symptôme le plus flagrant est la perte de poids, même chez les personnes en surcharge pondérale. Une perte de poids de 5% en un mois ou 10% en six mois doit être un signe d'alerte tout comme la maigreur avec un indice de masse corporelle (IMC) inférieur aux normes.
Dénutrition de la personne âgée
La dénutrition touche plus près de 3 millions de Français, parmi lesquels au moins un tiers a plus de 70 ans. Cette situation est particulièrement préoccupante dans la mesure où la dénutrition s'accompagne d'un accroissement de la morbidité (chutes, fractures, hospitalisations, infections nosocomiales), de la perte d'autonomie et de la mortalité, quelle que soit la cause de la dénutrition. La définition de la dénutrition chez les personnes âgées est la même que chez les adultes plus jeunes, il s'agit de l'état d'un organisme en déséquilibre nutritionnel. Cependant certaines spécificités sont propres aux personnes de 70 ans et plus. Le diagnostic de la dénutrition dans cette population intègre ainsi des critères telle que la sarcopénie (perte de force musculaire associée à une diminution de la masse musculaire et dégradation des performances physiques, susceptibles d'entrainer une perte d'autonomie et une dépendance). Le diagnostic de la dénutrition chez une personne âgée de 70 ans et plus repose sur l'examen clinique qui doit rechercher au moins deux critères : il faut au minimum 1 critère phénotypique, relatif à l'état physique de la personne, et au minimum 1 critère étiologique, c'est-à-dire lié à une cause possible de la dénutrition. C'est seulement lorsque les deux critères sont améliorés que l'état de dénutrition est résolu.
Les critères phénotypiques sont les suivants (1 seul critère suffit) :
- Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois ou ≥ 10% en 6 mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ;
- IMC (indice de masse corporelle) < 22 kg/m ² ;
- Sarcopénie confirmée par l'association d'une réduction de la force et de la masse musculaire, conformément au Consensus Européen (EWGSOP 2019).
Les critères étiologiques sont les suivants (1 seul critère suffit) :
- Réduction de la prise alimentaire ≥ 50% pendant plus d'une semaine ou toute réduction des apports pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation habituelle ou aux besoins protéino-énergétiques.
- Absorption réduite (malabsorption/maldigestion).
- Situation d'agression (avec ou sans syndrome inflammatoire) : pathologie aiguë ou pathologie chronique évolutive ou pathologie maligne évolutive.
- Un IMC inférieur à 20 kg/m2;
- Une perte de poids supérieure ou égale à 10% en 1 mois, supérieure ou égale à 15% en 6 mois ou par rapport au poids habituel avant le début d'une maladie ;
- Un dosage pondéral de l'albuminémie avec un résultat inférieur à 30 g/L, mesuré soit par immunonéphélémétrie soit par immunoturbidimétrie qui sont les seules méthodes fiables.
Causes et facteurs de risque
Il existe de nombreux facteurs de risque de dénutrition, médicaux ou non : régimes alimentaires déséquilibrés, manque de ressources, isolement, dépression, difficultés pour déglutir et s'alimenter. Certaines maladies chroniques et interventions chirurgicales sont également susceptibles de réduire l'appétit et de causer des troubles digestifs à l'origine de carences. La dénutrition peut survenir à tout âge (enfants, adolescents, adultes), mais son incidence est plus importante chez les personnes âgées. "Les populations les à risque sont les personnes âgées, les personnes atteintes de cancer, les personnes souffrant d'insuffisance respiratoire chronique, d'insuffisance rénale, d'insuffisance cardiaque. Pour ces dernières maladies, il y a une corrélation très forte entre dénutrition et mortalité" éclaire le Dr Bertin. Dans sa forme aiguë, la dénutrition survient plus fréquemment à l'hôpital chez les patients qui ne consomment pas suffisamment leurs repas. D'après le Collectif de Lutte contre la Dénutrition, 50 % des personnes âgées hospitalisées sont dénutries, 2 millions de patients le sont, 10% des enfants hospitalisés.
Un Indice de masse corporelle (IMC) normal ou élevé n'exclut pas la possibilité d'une dénutrition.
Comment se fait le diagnostic ?
Le diagnostic de dénutrition est exclusivement clinique, explique la Haute Autorité de Santé. Il repose sur l'association d'un critère phénotypique et d'un critère étiologique chez l'adulte et l'enfant. Le diagnostic de la dénutrition chez une personne âgée de 70 ans et plus repose sur l'examen clinique qui doit rechercher au moins deux critères : il faut au minimum 1 critère phénotypique, relatif à l'état physique de la personne, et au minimum 1 critère étiologique, c'est-à-dire lié à une cause possible de la dénutrition.
Les critères phénotypiques sont les suivants (1 seul critère suffit chez les plus de 70 ans) :
- Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois ou ≥ 10% en 6 mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ;
- IMC (indice de masse corporelle) < 22 kg/m ² ;
- Sarcopénie confirmée par l'association d'une réduction de la force et de la masse musculaire, conformément au Consensus Européen (EWGSOP 2019).
Les critères étiologiques sont les suivants (1 seul critère suffit chez les plus de 70 ans) :
- Réduction de la prise alimentaire ≥ 50% pendant plus d'une semaine ou toute réduction des apports pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation habituelle ou aux besoins protéino-énergétiques.
- Absorption réduite (malabsorption/maldigestion).
- Situation d'agression (avec ou sans syndrome inflammatoire) : pathologie aiguë ou pathologie chronique évolutive ou pathologie maligne évolutive.
Quelles conséquences ?
La dénutrition entraîne de nombreuses complications :
- d'importantes carences dont les symptômes sont l'asthénie (fatigue intense et prolongée), défenses immunitaires affaiblies, risque d'infection, fonte de la masse musculaire, retard de cicatrisation, atteintes neurologiques, perte d'autonomie.
- en cas de maladie, elle complique les actes médicaux et chirurgicaux, "entraine des complications post-opératoires, des problèmes de cicatrisation, d'infection des sites opératoires. Les personnes dénutries en milieu hospitalier ont 5 fois plus de risques de faire une infection nosocomiale et 3,5 fois plus de risques de faire des escarres" liste de Dr Bertin, médecin nutritionniste.
- la dénutrition diminue par ailleurs l'espérance de vie, ralentit la guérison. Chez les personnes âgées, elle accroît le risque de chutes et de décès.
Que faire en cas de dénutrition ?
"Les personnes considèrent comme normal de ne pas avoir d'appétit quand on est malade, de perdre du poids, mais il faut les informer. Ils doivent connaitre les risques liés à la dénutrition" insiste le Dr Eric Bertin. Le traitement de la dénutrition dépend de sa cause, de l'état de santé et de l'âge du patient. Il peut associer une prise en charge de la cause (maladie associée, régime alimentaire inadapté) et une prise en charge diététique pour rétablir les apports nutritionnels. "La prise en charge contient plusieurs axes : cela peut être des conseils diététiques pour ne pas arrêter l'alimentation, une prescription de compléments nutritionnels oraux comme des boissons lactées ou des boissons enrichies pour augmenter l'apport énergétique et protidique. La prise en charge peut aller jusqu'à la prescription de nutrition parentérale ou entérale quand l'alimentation ne peut plus se faire par voie orale."
Comment prévenir la dénutrition ?
La prévention de la dénutrition passe par le repérage des individus à risque. Chez les personnes âgées, il existe des mesures spécifiques à appliquer au quotidien pour maintenir des apports conformes aux besoins de l'organisme : stimulation de l'appétit, enrichissement de l'alimentation, surveillance du poids, etc. Elles peuvent être proposées en prévention, ou en parallèle d'un traitement dans les cas de dénutrition sévère.
Peut-on être obèse et dénutri ?
Oui l'obésité et la dénutrition ne sont pas incompatibles et peuvent coexister chez une même personne. Pour faire le diagnostic, il est recommandé de rechercher une perte de poids (≥ 5 % en 1 mois, ou ≥ 10% en 6 mois, ou ≥ 10% par rapport au poids habituel avant le début de la maladie) et une sarcopénie confirmée. Lorsque le diagnostic de dénutrition est établi, il est recommandé de déterminer la présence de critères de sévérité. La présence d'un seul établit une dénutrition sévère : une perte de poids plus importante (≥ 10 % en 1 mois ou ≥ 15% en 6 mois ou ≥ 15% par rapport au poids habituel avant le début de la maladie) ainsi qu'une albuminémie < 30 g/L. La surveillance de l'état nutritionnel des personnes âgées doit être régulière, qu'elles souffrent ou non d'obésité.
Sources :
Diagnostiquer plus précocement la dénutrition chez la personne âgée de 70 ans et plus. HAS. 10 novembre 2021.
Diagnostic de la dénutrition de l'enfant et de l'adulte. HAS. 22 novembre 2019
Merci au Dr Eric Bertin, médecin nutritionniste, professeur de nutrition à l'Université de Reims, Vice-Président de la Société Française des Nutritionnistes.