Hormones (médicament) : croissance, femme, cancer, risques
Les hormones sont des molécules naturellement produites par notre organisme mais qui peuvent également être apportée, dans certains cas pathologiques, par le biais de médicaments : c'est ce qu'on appelle l'hormonothérapie.
Les hormones sont des molécules naturellement produites par notre organisme, qui servent à réguler nos fonctions vitales (métabolisme, croissance, sommeil, humeur, fonctionnement des organes, etc.). Ce sont des substances essentielles, qui peuvent également être apportée, dans certains cas pathologiques, par le biais de médicaments : c'est ce qu'on appelle l'hormonothérapie. Qu'est-ce qu'un traitement hormonal ? Quels sont les médicaments à base d'hormones de croissance ? D'hormones thyroïdiennes ? Quels sont les traitements hormonaux substitutifs ? Et ceux du cancer ? Quand prendre les hormones du sommeil et du bonheur ? Quels sont leurs effets indésirables et leurs dangers ? Toutes les réponses dans cet article.
C'est quoi un traitement hormonal ?
Un traitement hormonal est une thérapie médicamenteuse à base d'hormones, qui vise à remplacer, compenser ou modifier la sécrétion hormonale normale de l'organisme et à lutter contre certaines pathologies hormono-dépendantes. Les hormones sont des substances permettant de réguler le fonctionnement de l'organisme à différents niveaux : le sommeil, la croissance, le métabolisme, le fonctionnement de la thyroïde, l'humeur, le système reproducteur, etc. L'hormonothérapie est utilisée dans le cas de pathologies particulières ou après une chirurgie (exemple : ablation) d'un organe impliqué dans la sécrétion d'une hormone. Le corps, du fait de la maladie ou de l'acte chirurgical, n'est plus capable de sécréter certaines hormones naturelles et leur apport doit alors se faire de manière externe par le biais de médicaments, afin de ne pas perturber ou de corriger l'équilibre hormonal de l'organisme. Les traitements hormonaux peuvent également intervenir dans le traitement de certains cancers, dits hormonaux-dépendants.
Quels sont les traitements par l'hormone de croissance ?
Chez l'Homme, l'hormone de croissance (GH pour growth hormone) est une hormone permettant la croissance et la reproduction des cellules. Cette hormone appelée aussi somatropine (ou somatotrophine ou encore somatotropine) est produite par les cellules somatotropes situées sur la partie antérieure de l'hypophyse. En raison d'une pathologie particulière ou d'une atteinte de l'hypophyse, l'hormone de croissance peut être insuffisamment sécrétée par l'organisme (exemple : nanisme) ou être au contraire trop sécrétée (exemple : gigantisme, acromégalie). Parfois, la quantité d'hormone de croissance est normale mais l'organisme n'y est pas ou peu sensible, ce qui peut également avoir des conséquences sur la croissance (nanisme). L'administration de l'hormone de croissance permet notamment de pallier aux troubles de la croissance chez les enfants. Les médicaments hormonaux indiqués dans les troubles de la croissance sont ceux à base de d'hormones hypophysaires ou hypothalamiques et de leurs analogues, à savoir :
- La somatropine (Genotonorm®, Génotonorm miniquick®, Norditropine Flexpro®, Nutropinaq®, Omnitrope® et Saizen®), hormone de croissance de référence
- La mécasermine (Increlex®), hormone régulée par l'hormone de croissance
- Le somatrogon (Ngenla®), hormone de croissance recombinante d'action prolongée
- L'octréotide (Siroctid®, Sandostatine®), analogue de la somatostatine, hormone régulant la libération de l'hormone de croissance
- Le lanréotide (Somatuline®, Myrelez®), analogue de la somatostatine, hormone régulant la libération de l'hormone de croissance
- Le pasiréotide (Signifor®), analogue de la somatostatine, hormone régulant libération de l'hormone de croissance
- Le pegvisomant (Somavert®), analogue de l'hormone de croissance, antagoniste du récepteur de l'hormone de la somatropine
Ces médicaments ont pour but de contrôler les taux de l'hormone de croissance et sont indiqués dans les troubles de la croissance ou dans l'acromégalie, selon les médicaments.
Quels sont les traitements hormonaux de substitution ?
On appelle dans le langage courant "traitement hormonal de substitution" le traitement des troubles liés à la ménopause, lorsque ces troubles sont sévères. Cette hormonothérapie doit être annuellement réévaluée en raison de ses effets indésirables potentiels à long terme (exemples : certains cancers). La durée du traitement et la posologie doivent être les plus courtes possibles et sont définies en fonction des signes de tolérance (sous ou surdosage). L'hormonothérapie de substitution repose sur les traitements à base d'œstrogènes (par voie générale orale ou cutanée, mais aussi par voie locale vaginale) et de progestérone ou de ses dérivés. La progestérone a pour but de limiter les effets néfastes (et notamment le cancer de l'endomètre) lié aux œstrogènes. Les médicaments à base d'œstrogènes par voie orale sont les suivants :
- Estrofem®
- Oromone®
- Physiogine comprimés® et Provames®
Les oestrogènes par voie cutanée sont :
- Délidose®,
- Dermestril®,
- Dermestril Septem®,
- Estrapatch®,
- Estreva gel®,
- Femsept®,
- Femseptevo®,
- Oesclim®,
- Oestrodose®,
- Thaïs®,
- Thaïs sept®.
Les médicaments hormonaux à base de progestérone ou ses dérivés sont Chlormadinone Mylan, Sandoz et Teva, Colprone®, Duphaston®, Estima®, Lutényl® et ses génériques (nomégestrol), Progestan®, Utrogestan® et leurs génériques (progestérone).
Il existe également des spécialités contenant une association d'un estrogène et d'un progestatif. Elles permettent ainsi de délivrer les deux hormones en une seule prise et se présentent sous forme de comprimés ou de dispositifs transdermiques :
- Activelle®,
- Climaston®,
- Climène®,
- Femseptevo®,
- Divina®,
- Duova®,
- Kliogest®,
- Novofemme®,
- Femseptcombi®
- Trisequens®.
Des estrogènes par voie vaginale (crème, ovules ou anneaux) peuvent également être prescrits en cas de sécheresse vaginale due à la carence en estrogènes lors de la ménopause : Blissel®, Colpotrophine®, Estring®, Florgynal®, Gydrelle®, Physiogine® ovule et crème, Trophicrème® et Trophigil®.
D'autres médicament hormonaux synthétiques à activité de type progestérone et œstrogènes comme la tibolone (Livial®, Tibolone CCD® et Tibolone Mylan®) ou encore à activité œstrogéneique et androgénique (testostérone) comme la prastérone (Intrarosa®) peuvent être prescrits dans certaines situations médicales, dans le cadre d'une hormonothérapie de la ménopause. Enfin, il existe des traitements hormonaux substitutifs destinés aux hommes atteints d'hypogonadisme en cas de déficit en testostérone, notamment par l'administration de testostérone (Androtardyl®, Fortigel®, Nebido® et Androgel®) ou encore d'androstanolone (Andractim®).
Quels sont les médicaments aux hormones thyroïdiennes ?
La thyroïde est une glande située à la base du cou et qui sécrète les hormones tri-iodothyronine (T3) et thyroxine (T4). Ces hormones jouent un rôle essentiel dans la croissance des os, dans le développement intellectuel et mental ou encore dans le métabolisme des graisses et des sucres de l'organisme. La production d'hormones thyroïdiennes est régulée par une hormone stimulante, la thyréostimuline (TSH) sécrétée par l'hypophyse. En cas d'hypothyroïdie, l'administration d'hormone thyroïdienne T4 est requise. Dans certains cas très particuliers, le médecin peut décider de prescrire de la T3, associée ou non avec la T4. Les médicaments à base de T4 (lévothyroxine, L-T4) sont le Levothyrox®, la L-Thyroxin Henning®, la L-Thyroxine Serb®, le Tcaps®, le Thyrofix® et le Tsoludose®. Le médicament à base de T3 (liothyronine, L-T3) est le Cynomel®. L'Euthyral® est une spécialité associant la lévothyroxine et la liothyronine.
Quand prendre des hormones du sommeil ?
La mélatonine est l'hormone du sommeil de référence. Cette hormone est sécrétée naturellement par l'organisme, au niveau de la glande pinéale située à la base du cerveau. Sa production est déclenchée lorsque la luminosité baisse, en fin de journée. La mélatonine contribue à la qualité du sommeil et a pour rôle de réguler le rythme veille-sommeil, en plus de réguler d'autres fonctions de l'organisme par le biais de diverses autres hormones. Elle existe sous forme de médicaments ou sous forme de compléments alimentaires disponibles en libre accès. Les médicaments à base de mélatonine sont dosés à 1mg, 2mg et 5mg sous forme de comprimés à libération prolongée et ne sont disponibles que sur ordonnance, dans des situations médicales bien précises. Le Circadin® (ou son générique mélatonine) est indiqué pour le traitement à court terme de l'insomnie chez les patients de 55 ans et plus. Le Slenyto® est indiqué pour le traitement de l'insomnie chez les enfants et les adolescents de 2 à 18 ans présentant un trouble du spectre de l'autisme et/ou un syndrome de Smith-Magenis lorsque les mesures d'hygiène du sommeil sont insuffisantes. Pour ces indications, la mélatonine est à prendre environ 1 à 2 heures avant le coucher. Les médicaments à base de mélatonine ne sont pas indiqués dans les autres situations d'insomnie.
Quand prendre des hormones du bonheur ?
Dans le langage courant, la sérotonine, la dopamine, l'endorphine et l'ocytocine sont les 4 hormones du bonheur. De nombreux médicaments contribuent à augmenter les taux de sérotonine et de dopamine dans l'organisme (exemple : les antidépresseurs). Toutefois, il n'existe pas de médicament à base de sérotonine, de dopamine ni même d'endorphine. En revanche, il est possible d'avoir recours à des médicaments hormonaux à base d'ocytocine. L'ocytocine est l'hormone sécrétée naturellement lors de contacts affectueux, d'attentions positives, pendant l'orgasme, au cours de la lactation au moment de l'allaitement mais aussi lors de l'accouchement. Les traitements hormonaux à base d'ocytocine sont le Syntocinon® (solution injectable en ampoule) et ses génériques Ocytocine Panpharma, Medisol et Ever Pharma. Ces médicaments sont indiqués lors du travail de l'accouchement en cas de contractions utérines insuffisantes, lors d'actes chirurgicaux obstétricaux (césarienne, interruption de grossesse, etc.) ou encore lors de certains troubles utérins suite à une hémorragie de la délivrance.
Quels sont les traitements d'hormonothérapie pour le cancer ?
Dans le traitement de certains cancers (les cancers de la thyroïde, les leucémies, les lymphomes, les myélomes multiples, les tumeurs neuro-endocrines, les cancers du sein, les cancers de l'endomètre ou encore les cancers de la prostate), l'hormonothérapie vise à supprimer ou ajouter des hormones dans le but de ralentir voire de stopper la croissance des cellules cancéreuses hormono-dépendantes. En effet, un milieu hormonal donné peut favoriser la multiplication de certaines cellules cancéreuses, dépendamment du type de cancer concerné. Ces cellules tumorales présentent à leur surface des récepteurs à certaines hormones qui, en se fixant dessus, donnent des indications à la cellule lui permettant de se développer. En modifiant les conditions de l'environnement de ces cellules cancéreuses hormono-dépendantes, et notamment en agissant sur les taux hormonaux de leur milieu, cela peut contribuer à empêcher leur développement. Généralement, l'hormonothérapie est associée à d'autres traitements, tels qu'une chimiothérapie, une chirurgie ou une radiothérapie. Pour le traitement des cancers de la thyroïde, l'hormonothérapie utilisée sera celle à base d'hormones thyroïdiennes : la lévothyroxine (Lévothyrox®, L-Thyroxin Henning®, L-Thyroxine Serb®, Tcaps®, Thyrofix®, Tsoludose®). Pour les leucémies, les lymphomes et les myélomes multiples, ce sont les corticoïdes (hormones naturelles synthétisées par les corticosurrénales) qui constitue le traitement hormonal de ces cancers : principalement la prednisolone (Solupred®), la prednisone (Cortancyl®) et la méthylprednisolone (Solumédrol®). Pour traiter les tumeurs neuro-endocrines comme le syndrome carcinoïde, seront utilisés les analogues de la somatostatine : l'octréotide (Sandostatine® et génériques, Siroctid®) et le lanréotide (Myrelez®, Somatuline®). Pour traiter les cancers de la prostate, peuvent être utilisés les anti-androgènes (l'abiratérone : Zytiga® et ses génériques, la cyprotérone : Androcur® et ses génériques, le bicalutamide : Casodex® et ses génériques, l'apalutamide : Erléada®, le darolutamide : Nubeqa®, l'enzalutamide : Xtandi® et le nilutamide : Anandron®), les analogues de l'hormone de libération de la gonadotrophine (la triptoréline : Gonapeptyl® et Decapeptyl®, la leuproréline : Eligard®, Enantone® et Leptoprol® et la goséréline : Zoladex®), des antagonistes de l'hormone de libération de la gonadotrophine (dégarélix : Firmagon®). Pour traiter les cancers du sein, peuvent être utilisés la progestérone (la médroxyprogestérone : Dépo-prodasone® et le mégestrol : Mégace®), les anti-oestrogènes (le torémifène : Fareston®, le fulvestrant : Faslodex® et ses génériques et le tamoxifène : Nolvadex®), les inhibiteurs de l'aromatase (l'anastrozole : Arimidex®, l'exemestane : Aromasine® et le létrozole : Femara®) et les analogues de l'hormone de libération de la gonadotrophine (goséréline : Zoladex®) Pour traiter les cancers de l'endomètre, peut être utilisée la progestérone (la médroxyprogestérone : Dépo-prodasone®)
Une utilisation inappropriée de traitement hormonaux peut aggraver la pathologie existante
Quels sont les effets secondaires et dangers des traitements hormonaux ?
Les effets secondaires des traitements hormonaux sont directement liés à leur mode d'action respectifs, c'est-à-dire qu'ils dépendent de l'hormone concernée et de son rôle et de ses effets sur l'organisme. Ils peuvent également dépendre de la posologie et de la durée du traitement. Ces effets peuvent survenir à tout moment, et certains effets indésirables se manifestent plusieurs années après l'hormonothérapie. Ils sont réversibles à l'arrêt du traitement ou au contraire peuvent persister dans le temps et devenir permanents. Parmi les effets indésirables les plus fréquents pendant une hormonothérapie, et en fonction de l'hormone administrée, il peut être constaté une fatigue, des nausées et des vomissements, des diarrhées ou de la constipation, des palpitations, une augmentation du rythme cardiaque, des tremblements, une prise ou une perte de poids, des maux de tête, des modifications de la libido, des dysfonctionnements érectiles, une sécheresse vaginale, des troubles de l'humeur, des insomnies, des symptômes évoquant ceux de la ménopause (voire une ménopause), des bouffées de chaleur, une sensibilité des seins, des troubles de la fertilité, des réactions de flambée tumorale, des douleurs musculaires et articulaires, des caillots sanguins (pouvant causer des thromboses veineuses, des phlébites ou des embolies pulmonaires) ou encore de l'ostéoporose. Certains traitements hormonaux comme les hormones de croissance ou les traitements substitutifs de la ménopause peuvent favoriser l'apparition de tumeurs dont certains cancers (exemples : cancers du sein, de l'endomètre, méningiomes, etc.). Outre les risques de cancers, les autres dangers des médicaments hormonaux sont surtout les risques d'accidents cardiovasculaires ou cérébraux liés à la formation de caillots dans le sang.
Quelles sont les contre-indications des traitements hormonaux ?
Les traitements hormonaux ne doivent pas être pris en dehors de leurs indications médicales respectives. Leur utilisation doit se faire dans le strict respect des recommandations du médecin, tant en ce qui concerne la pathologie à traiter que de la dose et de la durée du traitement. Un usage non adéquat de ces médicaments à base d'hormones peut dérégler le fonctionnement de l'organisme et conduire à des conséquences potentiellement graves. De même, une utilisation inappropriée de traitement hormonaux peut aggraver la pathologie existante voire même déclencher une autre maladie. Des dosages sanguins sont parfois requis au cours de l'hormonothérapie et une diminution des posologies ou un arrêt du traitement peut s'avérer nécessaire en cas de mauvaise tolérance. Certains traitements hormonaux sont contre-indiqués en cas d'antécédents cardiovasculaires ou de certains cancers. Les autres contre-indications des médicaments hormonaux sont propres à chaque hormone.