Syndrome de la queue de cheval : symptômes, quelles sont les causes ?
Rare mais grave, le syndrome de la queue de cheval est une condition médicale qui résulte de la compression des nerfs à la base de la colonne vertébrale.
Le syndrome de la queue de cheval tire son nom de la forme conique des nerfs spinaux à la base de la colonne vertébrale, qui ressemble à une queue de cheval. Cette compression peut entraîner une série de symptômes graves. Plusieurs options de traitements sont possibles dont la chirurgie. Des explications avec Romain Rodicq, kinésithérapeute.
Qu'est-ce que c'est ?
"Le syndrome de la queue de cheval (SQC) survient lorsque des racines nerveuses situées en-dessous du cône terminal de la moelle spinale au niveau de la colonne lombaire (entre L2 et le sacrum) sont comprimées", explique Romain Rodicq. "Ce syndrome est rare mais il est important de reconnaître la condition, car elle constitue une urgence médicale." En effet, sans traitement chirurgical rapide, les symptômes peuvent devenir permanents et entraîner des répercussions importantes sur la qualité de vie des patients. "La fonction motrice et sensitive du périnée, de la vessie, des intestins, ainsi que des membres inférieurs, peut être atteinte."
Quelles sont les causes ? Comment ça survient ?
"L'une des causes les plus fréquentes du syndrome de la queue de cheval est la hernie discale exclue, poursuit Romain Rodicq. C'est le cas lorsque le matériau gélatineux à l'intérieur d'un disque intervertébral sort de sa place et appuie sur les racines nerveuses de la queue de cheval."
► Les tumeurs de la colonne vertébrale. Les tumeurs osseuses ou les tumeurs du système nerveux comme le paragangliome peuvent se développer dans la colonne vertébrale et exercer une pression sur les nerfs de la queue de cheval.
► Certaines infections de la colonne vertébrale (comme les spondylodiscites) peuvent provoquer une inflammation et une compression des nerfs de la queue de cheval.
► Des blessures graves à la colonne vertébrale, telles que des fractures, peuvent endommager les nerfs de la queue de cheval et entraîner le syndrome.
Quels symptômes ?
"Les symptômes peuvent varier en fonction l'anatomie et de la gravité de la compression nerveuse", précise notre interlocuteur. L'un des principaux symptômes est la diminution ou la perte de sensibilité, notamment au niveau des jambes. "La compression des nerfs peut entraîner une faiblesse musculaire, en particulier dans les muscles des jambes et des pieds. Cela peut affecter la capacité à marcher." Selon la gravité du syndrome, le syndrome de la queue de cheval peut provoquer des troubles mictionnels et intestinaux (constipation). "Les symptômes sensitifs peuvent être une alerte. Mais les symptômes moteurs sont une urgence médicale. L'IRM viendra confirmer le diagnostic et exclura par exemple une sciatique (liée exclusivement à une hernie discale)."
Quelle invalidité ?
Le syndrome de la queue de cheval est une condition médicale grave qui peut avoir des conséquences importantes sur la fonctionnalité et la qualité de vie d'une personne. "L'ampleur de l'invalidité dépend de divers facteurs, comme la gravité de la compression nerveuse, la rapidité avec laquelle la condition est diagnostiquée et traitée, ainsi que la réponse individuelle au traitement" explique Romain Rodicq.
Des risques de séquelles permanentes.
En cas de compression sévère des nerfs de la queue de cheval et en l'absence d'une intervention médicale rapide, le risque d'invalidité peut augmenter. "Les symptômes tels que la perte de sensation, la faiblesse musculaire, les problèmes de contrôle de la vessie, ainsi que les difficultés sexuelles, peuvent entraîner une altération significative de la mobilité et de la capacité à effectuer les activités quotidiennes." L'intervention chirurgicale est souvent nécessaire pour soulager la compression nerveuse. "Cependant, même avec un traitement approprié, la récupération peut être variable, et certaines personnes peuvent présenter des séquelles permanentes."
Quels traitements pour guérir ?
Le traitement du syndrome de la queue de cheval dépend de la cause sous-jacente de la compression nerveuse (traumatisme, hernie discale, tumeurs, infections…) et de la gravité des symptômes. Le traitement vise à soulager la pression sur les nerfs de la queue de cheval et à prévenir de séquelles définitives. "Par exemple, dans le cas le plus fréquent de la hernie discale qui compresse les nerfs de la queue de cheval, une intervention chirurgicale est indispensable pour soulager la compression des nerfs, poursuit Romain Rodicq. Une exérèse chirurgicale est pratiquée afin de retirer la hernie discale. Le procédé est le même en cas de tumeur. Parfois, lorsque l'exérèse n'est pas possible, une arthrodèse (fixation de deux vertèbres) est pratiquée."
► Des médicaments peuvent être prescrits pour soulager la douleur et réduire l'inflammation. Les analgésiques ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être utilisés.
► Une antibiothérapie peut être prescrite en cas de cause infectieuse.
► Une radiothérapie ou chimiothérapie est nécessaire lorsque la tumeur à l'origine du syndrome de la queue de cheval est inaccessible chirurgicalement.
► La kinésithérapie peut jouer un rôle important dans la gestion des symptômes du syndrome de la queue de cheval. "Nous intervenons souvent en complément d'une chirurgie afin d'aider à restaurer la force musculaire du patient, à améliorer sa coordination et à faciliter sa récupération fonctionnelle. Grâce à des exercices, nous allons pouvoir lui redonner de la force dans les jambes, l'aider à améliorer la stabilité, à regagner de la sensibilité, ou à renforcer sa ceinture abdominale." Il est important que la kinésithérapie soit intégrée dans un plan de traitement global supervisé par une équipe médicale pluridisciplinaire (neurologue, chirurgien de la colonne vertébrale, ergothérapeute…).
Comment on récupère ?
"La récupération dépend notamment de la compression nerveuse, répond le kinésithérapeute. Plus la compression des nerfs a été prolongée, plus les dommages peuvent être importants, ce qui peut affecter la récupération." La gravité des symptômes au moment du diagnostic, tout comme la réussite de la chirurgie, peuvent également jouer un rôle dans la récupération. "La décompression réussie des nerfs est cruciale." La mise en place de programmes de rééducation peut influencer positivement la récupération fonctionnelle. "Juste après l'opération, le kiné va venir restimuler les membres inférieurs du patient. Une fois sorti, il pourra venir en cabinet, à raison de 2 à 3 fois par semaine, pour faire des exercices afin de retrouver force, mobilité et sensibilité."
Merci à Romain Rodicq, kinésithérapeute/ostéopathe à Noisy-le-Roi (78)