Infection urinaire simple et compliquée : définition, différences, traitements
En France, une infection urinaire est le 2ème motif de consultation et de prescription des antibiotiques. Cette maladie touche plus souvent les femmes. Quelle est la différence entre une infection urinaire simple et compliqué ? Quels symptômes ? Et quel traitement ? Un point avec le Pr Alexandre De la Taille, urologue au CHU de Mondor à Créteil.
Définition : qu'est-ce qu'une infection urinaire simple ?
"Une infection urinaire est dite simple lorsqu'elle ne comporte pas de facteurs de risques de complications et qu'elle survient chez la femme jeune, en bonne santé, hors période de grossesse et en dehors d'un accès de fièvre qui signe une infection rénale (pyelonéphrite)", explique le Pr Alexandre De la Taille, urologue. Dans ces infections urinaires, on distingue : les cystites aigues, les cystites aigues récidivantes et les pyélonéphrite aigue simple.
Qu'est-ce qu'une infection urinaire compliquée ?
Toute autre infection urinaire est considérée comme "compliquée". C'est le cas par exemple lorsque l'infection survient dans un contexte d'immunosuppression, de malformation des voies urinaires, de fièvre, de présence de corps étranger ou de calcul. On distingue : la cystite compliquée, la pyélonéphrite aigue compliquée et la prostatite aigue.
Quels sont les symptômes d'une infection urinaire simple ?
Les symptômes d'une infection urinaire simple sont :
- les brûlures et douleurs lors de la miction
- une envie fréquente d'uriner
- une augmentation de la fréquence des mictions
Quels sont les symptômes d'une infection urinaire compliquée ?
Ces infections surviennent sur un terrain particulier comme le diabète, l'immunosuppression, la grossesse… "En cas d'atteinte rénale, aux symptômes cités précédemment, peuvent s'ajouter de la fièvre, des vomissements et diarrhée ainsi que des douleurs de la fosse lombaire à irradiation descendante vers les organes génitaux", précise le Pr. de la Taille. "En cas de prostatite aigue, à ces symptômes, s'ajoute la rétention d'urine, des douleurs pelviennes indépendantes de la miction et de la fièvre".
Comment pose-t-on le diagnostic d'une infection urinaire simple et compliquée ?
Pour une infection urinaire simple, le test par bandelette urinaire suffit. En revanche, dès qu'elle survient par trop souvent (plus de 4 épisodes dans l'année) un ECBU (examen cyto-bactériologique des urines) est nécessaire. Il consiste à analyser un prélèvement d'urine en laboratoire afin de déterminer la bactérie en cause. "En cas de pyélonéphrite aiguë simple, une échographie rénale et vésicale est ajoutée pour confirmer le diagnostic et vérifier l'atteinte des reins, mais surtout l'absence de dilatation des cavités rénales signant une obstruction ce qui nécessite une prise en charge en urgence", précise l'urologue. En cas de cystite compliquée, un test par bandelette, un ECBU avec antibiogramme et une échographie des voies urinaires seront prescrits pour identifier une pyélonéphrite aigue compliquée. "En cas de prostatite, un test par bandelette urinaire, un ECBU, une échographie des voies urinaires par voie sus-pubienne et un examen clinique complet avec toucher rectal systématique est à effectuer", indique l'expert.
Quel est le traitement d'une infection urinaire simple et compliquée ?
Un traitement par antibiotiques est nécessaire mais varie selon la situation. Dans le cas d'une infection urinaire simple :
►Cystite simple ou récidivante : En 1ère intention : un sachet de fosfomycine (prise unique) et en 2ème intention, un traitement antibiotique sur une durée plus prolongée : nitrofurantoïne durant 5 jours ou fluoroquinolone, en dose unique ou pendant 3 jours.
► Pyélonéphrite aigue simple : Amoxicilline durant 10 à 14 jours. Fluroquinolone (ciproflaxine, lévofloxacine ou ofloxacine) durant 7 jours. Sulfaméthoxazole-triméthoprime durant 10 à 14 jours
Dans le cas d'infection urinaire compliquée :
► Cystite aigue compliquée : En 1ère intention : nitrofurantoïne durant 7 jours et en 2ème intention : Céfixine ou fluoroquinolone durant 5 jours
►Pyélonéphrite aigue compliquée : Même traitement que pour la PNA simple. Hospitalisation si forme grave (sepsis grave, choc septique,... ) et dérivation urinaire chirurgicale si obstacle.
►Prostatique aigue : Même traitement que pour la PNA simple sur une durée de 14 jours à au moins 3 semaines, selon le contexte.
Dérivation urinaire par sonde ou cathéter sus-pubien si rétention vésicale.
Merci au Pr Alexandre De la Taille, urologue au CHU de Mondor à Créteil.