Maladie cardiovasculaire : définition, liste, chez la femme, mortalité

Deuxième cause de mortalité en France après les cancers, les maladies cardiovasculaires affectent le cœur et les vaisseaux sanguins. Quelles sont les plus fréquentes chez la femme ? Chez l'homme ? Quelle mortalité ? Définition, symptômes et liste avec le Pr Claire Mounier-Véhier, médecin vasculaire et cardiologue et co-fondatrice d'Agir pour le Cœur des Femmes.

Maladie cardiovasculaire : définition, liste, chez la femme, mortalité
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Définition : c'est quoi une maladie cardiovasculaire ?

Les maladies cardiovasculaires désignent l'ensemble des pathologies relatives aux vaisseaux sanguins (veines et artères) et au muscle cardiaque (myocarde). Il existe de très nombreuses maladies sous cette dénomination : 

  • angine de poitrine
  • infarctus,
  • troubles du rythme cardiaque, 
  • hypertension artérielle
  • anévrisme
  • péricardite

Ces maladies sont favorisées par d'autres troubles (diabète, obésité, tabagisme ou hypercholestérolémie notamment) sur lesquels des actions peuvent être menées, ainsi que des facteurs génétiques.

Quelle est la liste des principales maladies cardiovasculaires ?

Une cardiomyopathie hypertrophique dilatée qui peut mener à l'insuffisance cardiaque puisque le cœur (composé de 4 cavités : deux oreillettes et deux ventricules) ne peut plus pomper le sang correctement. C'est le stade ultime de la maladie du cœur.

Les maladies des valves du cœur (petites portes entre les cavités du cœur) qui peuvent se rétrécir (rétrécissement aortique par exemple) ou fuir (insuffisance mitrale par exemple).

Les dysfonctionnements du circuit électrique du cœur (celui-ci assure sa fonction de pompe cardiaque grâce à une commande électrique) avec :

  • Des troubles de la conduction conduisant à des syncopes, ou des malaises lipothymiques nécessitant parfois la pose d'un pacemaker.
  • Des troubles de l'excitation des oreillettes ou des ventricules du rythme avec par exemple des extrasystoles, mais aussi de la fibrillation auriculaire qui peut se compliquer de caillots cérébraux avec accident vasculaire cérébral, et parfois des troubles du rythme ventriculaires graves pouvant conduire à la mort subite : tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire.

L'endocardite, qui correspond à une infection bactérienne des valves du cœur, maladie grave qui nécessite une antibiothérapie prolongée, souvent suivie d'une réparation chirurgicale.

► La péricardite qui est une inflammation du péricarde, le sac dans lequel se trouve le cœur. Le plus souvent, elle est d'origine virale mais parfois bactérienne ou néoplasique.

L'infarctus du myocarde : les artères coronaires se bouchent suite à une rupture de plaque de cholestérol, se spasment ou se déchirent, entraînant la destruction du muscle du cœur qui n'est plus suffisamment approvisionné en oxygène si une revascularisation n'est pas proposée dans les 2 heures.

Les maladies de l'aorte, plus grosse artère du corps humain qui part du cœur et qui nourrit toutes les artères de l'organisme. Celle-ci peut se déchirer (dissection aortique) ou se dilater et se rompre (rupture d'anévrisme).

► Les maladies cérébro-vasculaires qui touchent les artères du cerveau (artères carotides, artères vertébrales, artères cérébrales) susceptibles de provoquer un accident vasculaire cérébral.

La maladie, athéromateuse, le plus souvent, des artères des jambes, l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs, communément appelée "artérite". La maladie athéromateuse des artères digestives qui lorsqu'elles se rétrécissent trop et se bouchent, entraînent un infarctus mésentérique, souvent précédé de douleurs à la digestion, rythmées par les repas, qui sont  de plus en plus fréquentes et importantes,. L'infarctus mésentérique tue ! et on ne pense pas assez à ce diagnostic.

Toutes ces maladies constituent des urgences vitales. Appelez le 15.

Quelles sont les maladies cardiovasculaires les plus fréquentes chez la femme ?

Le Syndrome de Tako Tsubo, aussi appelé syndrome du cœur brisé, qui survient suite à un stress mental ou physique majeur. "Il y a une sidération du muscle cardiaque par les hormones de stress libérées de façon massive : le cœur est paralysé et c'est une forme d'insuffisance cardiaque réversible avec le traitement. Cette pathologie touche plus fréquemment les femmes que les hommes (environ 8 femmes pour 2 hommes). Elle survient surtout chez la femme ménopausée, et se manifeste par des douleurs thoraciques intenses, prolongées et violentes, avec difficultés à respirer et palpitations. C'est une urgence vitale, appelez le 15, ne pas attendre", indique le Pr Claire Mounier-Véhier.

La cardiopathie du péri-partum (CMP-PP) survient chez les femmes enceintes ou quelques semaines après l'accouchement. "Ses causes restent mal connues mais cela nécessite une prise en charge rapide et adaptée. En fonction de la récupération après l'épisode sous traitement, cela conditionnera ou non la possibilité d'une nouvelle grossesse", prévient la cardiologue.

L'hypertension : "certaines formes d'hypertension sont plus fréquentes chez la femme, notamment pendant la grossesse en cas de défaut de fabrication du placenta qui est un organe vasculaire. La contraception à base d'œstrogènes entraîne quant à elle une hypertension médicamenteuse. La dysplasie fibromusculaire artérielle dans laquelle les artères qui irriguent le rein droit ou gauche peuvent être à l'origine de ces hypertensions de la femme jeune", informe le Pr Claire Mounier-Véhier.

Des formes d'AVC particulières chez la femme qui sont liées à la grossesse, notamment la thrombose veineuse cérébrale.

► La fibrillation auriculaire : "les femmes présentent plus fréquemment des complications de la fibrillation auriculaire que les hommes parce qu'à partir de 40 ans, elles développent plus facilement des caillots sanguins qui, une fois dans le cerveau, provoquent un AVC ischémique", observe-t-elle.

Les dissections cervicales : les femmes sont également plus sujettes aux dissections cervicales des artères carotides et des artères vertébrales que les hommes. Elles se manifestent généralement par des douleurs cervicales et des céphalées.

Les migraines, qui résultent d'un spasme artériel dans l'artère cérébrale qui se dilate ensuite, sont plus fréquentes chez la femme et peuvent être liées aux variations hormonales des cycles menstruels. "La migraine avec aura constitue d'ailleurs une contre-indication aux œstrogènes de synthèse parce que l'association de ces deux facteurs de risque multiplie par 30 le risque d'AVC et par 64 en cas de tabagisme", prévient la spécialiste. 

La proportion de femmes jeunes qui font des infarctus augmente de 5% par an

L'infarctus du myocarde représente la première cause de mortalité chez la femme. "Les femmes font des formes particulières d'infarctus (3 fois moins que chez les hommes mais la proportion de femmes jeunes qui font des infarctus augmente de 5% par an, selon les chiffres publiés par Santé Publique France en 2016). Les trois formes d'infarctus les plus fréquentes chez la femme sont : la dissection des coronaires qui peut survenir notamment après l'accouchement, le spasme coronaire et les plaques d'athérome, sachant que les artères des femmes sont plus fines et que les lésions sont souvent plus diffuses avec des artères plus grêles, ce qui entraîne davantage de complications et de troubles du rythme graves", développe le Pr Claire Mounier-Vehier. Les symptômes de l'infarctus chez la femme sont :

  • un étourdissement soudain,
  • une sensation de brûlures d'estomac,
  • des nausées ou vomissements,
  • des sueurs froides,
  • une fatigue inhabituelle,
  • la douleur thoracique classique constrictive en étau concerne quand même une femme sur deux.

Quelles sont les maladies cardiovasculaires les plus fréquentes chez l'homme ?

"L'infarctus du myocarde est plus fréquent chez l'homme que chez la femme. Les hommes sont également plus sujets aux anévrismes aortiques (dilatation du tuyau qui part du cœur), et à l'artérite des membres inférieurs qui se caractérise par une obstruction totale ou partielle des artères membres inférieurs", détaille notre interlocutrice.

Elles sont à l'origine de 76 000 décès de femmes par an et touchent les femmes de plus en plus jeunes, dès 45 ans.

Quelle est la mortalité des maladies cardiovasculaires en France ?

En France, les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité chez la femme (une femme sur 3) et la deuxième cause de mortalité chez l'homme. Elles sont à l'origine de 76 000 décès de femmes par an et touchent les femmes de plus en plus jeunes, dès 45 ans. Les maladies cardiovasculaires tuent 6 fois plus de femmes que le cancer du sein*.

Quelle prévention pour limiter les maladies cardiovasculaires ?

Exceptés l'hérédité, le sexe, l'âge, la ménopause, la plupart des facteurs de risque cardiovasculaires peuvent être corrigés ou prévenus. Il s'agit du tabagisme, de l'hypertension artérielle, du diabète, de l'obésité, de l'hypercholestérolémie, d'une mauvaise alimentation et de la sédentarité. L'association d'un ou plusieurs de ces facteurs augmente considérablement le risque de développer une maladie cardiovasculaire. Les maladies cardiovasculaires sont en grande partie liées à l'environnement. "La sédentarité, qui a largement augmenté avec la démocratisation du télétravail, est un véritable catalyseur de maladies cardiovasculaires, tout comme le stress. Or, dans 8 cas sur 10, la maladie pourrait être évitée par un repérage efficace. Pratiquer au moins 30 minutes d'activité physique par jour permet de réduire de 25 à 30% les risques de mortalité cardiovasculaire", insiste la cardiologue.

Sources :

- Merci au Dr Claire Mounier-Vehier, médecin vasculaire et cardiologue au CHU de Lille et co-fondatrice du fonds de dotation Agir pour le Cœur des femmes : Prévenir plus tôt que subir : Alerter, Anticiper et Agir, telles sont les missions du fonds de dotation Agir pour le Cœur des femmes créé par le Pr Claire Mounier-Véhier et Thierry Drilhon, chef d'entreprise, afin de sauver la vie d'au moins  10000 femmes à 5 ans. Concrètement, un bus du cœur des femmes ira à la rencontre des femmes dès le 9 mars pour les informer et repérer leurs facteurs de risque afin de proposer ensuite des parcours de prévention  cardiovasculaires et gynécologiques.

- *Sante Publique France BEH 2012, 2014, 2016 ; CEPIC Inserm 2015

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